L’issue de la cavale de Pierrot le fou et du Gang des Tractions Avant ne pouvait qu’être tragique...

Dans la France d’après-guerre, les braquages du gang des Tractions Avant ont propulsé Pierrot le Fou au rang d’ennemi public numéro 1… Pierre Loutrel, de son vrai nom, a flirté avec la Milice et la Gestapo avant de rejoindre la Résistance lorsqu’il a senti le vent tourner et de se lancer dans le grand banditisme…

Après des coups d’éclats, retentissant qui lui ont valu les unes des journaux, la chance semble avoir tourné et l’étau se resserre autour de la bande de Loutrel qui devient irascible taquine la bouteille… Les proches du gangster tombent un à un mais Loutrel reste introuvable… et pour cause…

Avec cette trilogie, Rodolphe rend hommage aux polars noirs dont il retranscrit l’ambiance avec une redoutable efficacité. Son récit s’avère remarquablement charpenté, avec cette fin à la fois bête et tragique de Loutrel qui ouvre le premier tome et qui reprend dans celui-ci, montrant comment, après un braquage foireux chez un bijoutier de la rue Boisserie, Loutrel se tire lamentablement une balle dans le bide en rengainant son flingue avant de crever et d’être enterré par ses hommes… Mais même mort, Loutrel continuait de frapper et quelques bracos lui furent attribués alors que la police ignorait qu’elle courait après un fantôme…

Si le récit de Rodolphe s’avère aussi efficace, c’est qu’il est mis en image par le talentueux Gaël Séjourné dont le trait réaliste est superbement mis en valeur par Jean Varney… Le découpage lorgne clairement du côté du neuvième art, posant une délicieuse ambiance de film noir, renforcées par les couvertures de la série qui évoquent par leur composition les affiches de polars d’après-guerre… D’autant les trognes de certains protagonistes ne sont pas sans évoquer celles d’acteurs en vogue à l’époque…

Avec A la vie à la mort, Rodolphe et Gaël Séjourné rendent hommage au polar en nous contant la vie violente et romanesque de l’une des figures du banditisme qui a prospéré sur le terreau des années noires…

Adaptant son roman La Légende de Pierrot le Fou, le scénariste investit les zones d’ombre de l’histoire de Loutrel et Attal pour tisser un récit captivant et solidement charpenté que Gaël Séjourné met en image avec efficacité avec son trait réaliste rehaussé par une mise en couleur impeccable Jean Varney…

Les quelques notes en fin d’album sur le destin des principaux associés de Loutrel en disent long sur les zones d’ombre de la Cinquième République…

Non, je ne cuve pas! Merde! Vous allez me lâcher! Je réfléchis! Je gamberge!! Mais ça, ça vous dépasse ça!Pierrot le fou