Après avoir signé plusieurs albums en tandem avec Roger Seiter, Isabelle Mercier nous propose un polar entraînant mis en scène avec virtuosité par le jeune Riccardo Colosimo qui signe un premier album de toute beauté…

Etats-Unis, années 70… Ava Granger a décidé de reprendre seule l’agence de détective privé de son défunt mari.

Alors qu’elle enquête sur le traitement de déchets toxiques pour le compte d’une association écologique, l’arrivée d’un clochard sortit de l’épave d’une voiture attire sur elle l’attention des mafieux en train d’enfouir des bidons dans une décharge qu’elle surveillait … Alors qu’elle pensait sa dernière heure venue, l’homme se débarrasse en deux temps trois mouvements des quatre mafieux avant de nettoyer proprement la scène de crime… Les flics concluront à un règlement de compte mais le clan Agnese n’en restera pas là… Et Lennon, ancien vétéran du Vietnam ne le sait que trop bien…

Commence alors une traque sanglante d’autant plus dangereuse que l’homme semble ne pas vouloir frayer avec la police…

Le dessin stylisé de Riccardo Colosimo est de ceux qui accroche d’emblée le regard. Difficile en effet de passer à côté de l’album et de sa superbe couverture sans être pris de la furieuse envie de s’y plonger… Le fait est que le talent de l’artiste italien est tout juste bluffant…
Et si on est d’abord séduit par son trait souple et dynamique, c’est sa mise en couleur audacieuse et atypique qui fascine le lecteur, avec des jeux de lumières saisissants qui soulignent de façon subtile l’atmosphère de chaque scène comme pourrait le faire la musique d’un film… Mais, c’est surtout son sens du mouvement qui force l’admiration et dynamise ses cadrages percutants d’inspiration cinématographique… Si ce n’était que pour le graphisme, l’album vaudrait déjà plus qu’un détour!

Mais le scénario concocté par Isabelle Mercier n’est pas en reste! Solidement charpenté et joliment troussé, son récit mettant en scène une héroïne intrépide, sûre d’elle et indéniablement attachante s’avère particulièrement rythmé et dynamique. Sans laisser ni au lecteur ni à Ava Granger le temps de reprendre son souffle, l’album est mené tambour battant alors que le récit prends soudainement un tournant plus intimiste lorsque le passé du défunt mari d’Ava refait surface…

Si ce premier tome d’Ava Granger marque le retour d’Isabelle Mercier (Dies Irae, Dark…) dans le neuvième art, il révèle le saisissant talent d’un dessinateur italien dont on entendra immanquablement parler dans les années à venir…

Le trait souple et stylisé de Riccardo Colosimo, ses couleurs lumineuses et son sens du mouvement sont d’autant plus bluffant qu’il signe là son premier album! Mais si son travail est si percutant c’est qu’il met son art au service de l’histoire rythmé, dynamique et rafraîchissante concoctée par la scénariste qui nous plonge avec délice dans les seventies dans le sillage d’une héroïne particulièrement attachante.

Difficile de ne pas être frustré en refermant ce premier tome tant nous avons été enthousiasmé par cette histoire joliment troussée et superbement mise en image…