Créé par Robert E. Howard, père de l’Heroic fantasy, le personnage Conan le Cimérien, archétype du barbare, a été mainte fois repris et remanié, tant en roman qu’au cinéma ou en bande-dessinée… Glénat propose à des auteurs et scénariste de mettre en scène et en image ce personnage emblématique…
Succédant aux duos Morvan/ Alary, Brugeas / Toulhoat, Gabella / Anthony, Robin Recht adapte la courte nouvelle de
La Fille du Géant du Gel, un récit se situant à la frontière du rêve et de l’imaginaire…
Aesirs et les Vanirs s’affrontent une nouvelle fois sur le lac gelé d’une contrée nordique… La fille du Géant de Gel, femme à la troublante beauté, choisira parmi ces valeureux guerriers celui qu’elle présentera à son père…
Seul survivant du sanglant affrontement, Conan aperçoit cette femme qui l’observe et fait naître en lui un irrépressible désir… S’engage alors une course poursuite dans les territoires enneigés… Le cimérien ne se doutait pas que cette frêle jeune femme l’entraînait dans un piège mortel…
S’abreuvant aux mythes celtique (la guerre mythique que se livrèrent les Ases et les Vanirs, la figure d’Ymir / Aurgelmir, les filles du Gel ou la figure de la Valkyrie), cette courte nouvelle de Robert E. Howard tranche avec le reste des récits mettant en scène le célèbre barbare en cela qu’elle n’est pas tournée vers l’aventure ou l’action… La nouvelle se décompose en deux mouvements : le premier sensuel et érotique où la fille du Géant de Gel fait naître chez le barbare un désir violent et irrépressible qui laisse place au second mouvement, un combat à mort entre le valeureux guerrier et la fille du dieu, évoquant l’eau et le feu qui se mêlent dans un ballet macabre inquiétante et sublime…
Superbement composée et somptueusement réalisée, la couverture de
la Fille du Géant de Gel est de celles qui attire d’emblée l’œil du chaland, captivant son attention et le poussant irrésistiblement à feuilleter l’album… Et le formidable travail graphique de Robin Recht aidant, il est impossible de le reposer qu’on soit ou non fan de l’œuvre de Robert E. Howard que beaucoup ne connaissent que par le biais des films réalisés par John Milius ou Richard Fleischer…
Sublimé par une mise en couleur épatante, les planches de l’album s’avèrent être de toute beauté. Le trait puissant et impressionniste de l’auteur parvenant à retranscrivant avec finesse la violence et la sensualité de la nouvelle originale. Oscillant entre rêves et réalité, le récit se lirait rapidement si le lecteur ne se perdait pas dans la contemplation de chacune des cases de l’album au découpage soigné et à la réalisation impeccable.
Robin Recht signe une formidable adaptation du plus atypique des récits mettant en scène le barbare né sous la plume de Robert E. Howard., l’écrivain qui donna naissance à un genre nouveau : l’heroic-fantasy…
Ce conte tout à la fois violent et contemplatif, érotique et cruel, est formidablement mis en scène par un dessinateur très inspiré qui signe des planches de toute beauté servie par des cadrages très travaillés et des couleurs éblouissantes.
Son trait puissant et sensuel dépeint une contrée sublimement dangereuse qui sert de cadre à une aventure où s’alternent séduction et combats épiques… On sent le froid nous mordre la chair, le désir qui consume Conan devant les charmes divin de la fille du Géant de Gel, et la colère sourde et implacable qui est sienne lorsqu’il comprend qu’il a été le jouet d’une sinistre machination…
La Fille du Géant de Gel est un album violent et poétique étrangement très contemplatif et qui donnera aux béotiens l’envie irrépressible de se plonger dans la nouvelle qui l’a inspiré…