Oscillant entre biographie et documentaire,
Redbone, l’histoire vraie d’un groupe de rock indien revient sur l’histoire de ce groupe de rock qui marqua de son empreinte son époque et l’histoire de la musique…
Un père et sa fille discute de sa folle jeunesse, alors qu’il était musicien au sein des Rebone, groupe qu’il avait fondé avec son frère au crépuscule des années 60 et qui fut le premier groupe de rock amérindien à connaître le succès…
Engagé aux côté de l’A.I.M. (American Indian Movement), ce groupe originaire de Los Angeles connaît la notoriété avec des titres tels que Maggie ou the Witch Queen of New-Orleans… Mais c’est surtout leurs chansons engagées pour la cause amérindienne qui leur valu le succès sur le vieux continent … et d’être blacklisté aux Etats-Unis…
Si les aficionados de l’histoire du rock connaissent ce groupe emblématique des années 70 qui mélangeait avec audace musique traditionnelles indiennes, rock, jazz et funk, les Redbone seraient aujourd’hui injustement méconnus du grand public si leur titre
Come and get your love n’avait pas fait partie de la BO des déjantés
Gardiens de la Galaxie avant d’être vampirisée par la pub…
Cet album est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir les Redbone (dont leur nom leur fut dit-on soufflé par Jimi Hendrix) et de nous donner une furieuse envie d’écouter leur musique à la frontière des cultures… Mais en retraçant l’histoire de ce groupe, de sa naissance à son apogée puis à sa séparation, les auteurs reviennent aussi sur un pan sombre et méconnu de l’histoire américaine…
Car si le sort des indiens d’Amérique appartient pour beaucoup à l’histoire ancienne, l’ethnocide amérindien visant à coupe les plus jeunes de leurs racines et de leur culture reste peu connu du grand public, avec comme point culminant l'occupation de Wounded Knee visant à protester contre la corruption du président du conseil tribal de la réserve de réserve indienne de Pine Ridge… et à qui les Redbone rendront hommage avec leur célèbre et engagé
We Were All Wounded at Wounded Knee sorti en 1973.
Et si du chemin a été parcouru depuis la formation du groupe, l’attitude inqualifiable de jeunes adolescents américains pro-Trump envers les amérindiens le 18 janvier dernier lors de la Marche des peuples autochtones montre que la route est encore longue avant ce changement des mentalités porté et chanté par Redbone…
Thibault Balahy signe un album très convaincant, ancrant son récit et donc l’histoire des Redbone dans celle de l’Amérique avec ces fausses couvertures de comics qui rythment les différentes période de l’histoire du groupe, retranscrivant de façon subtile et brillante le climat de l’époque et associant l’histoire des Redbone à la lutte de amérindiens pour leur droit.
Le dessin épuré de Thibault Balahy renforce l’aspect documentaire de cet album qui retrace la carrière des Redbone, de leur formation à leur apogée jusqu’à leur séparation…
Narré sur le ton de la confidence de Pat Vegas à sa fille, les auteurs reviennent sur l’engagement politique de ce groupe qui mêlait avec audace jazz, funk, rock et musiques traditionnels dans des compositions saisissantes dont certaines, très engagées politiquement, leur valu d’être backlisté dans leur propre pays. Redbone, l’histoire vraie d’un groupe de rock indien est d’autant plus passionnant qu’il met en lumière un pan méconnu et peu reluisant de celle des Etats-Unis : l’éthnocide amérindien…
L’album donnera l’envie aux lecteurs de découvrir ou de redécouvrir leur son si particulier… Que beaucoup connaissent sans nécessairement même savoir qui sont les Redbone !