Davy Mourier, auteur, entre autre, de
la petite Mort, signe avec
l’Âge de Pierre un récit intimiste drôle et touchant mettant en scène un trentenaire qui ne parvient pas à quitter les rivages de l’enfance…
Pierre n’est pas vraiment décidé à grandir et encore moins à devenir adulte… Préférant le début des histoires d’amour aux fins, il les précipite, refusant de s’engager dans une relation durable…
Alors qu’il se décide à quitter ses parents et son Ardèche natale pour gagner la capitale afin d’y travailler comme dessinateur de BD, il rencontre Manon… Sans grande conviction, il commence une nième relation… Pour satisfaire son éditeur, il surjoue l’amour et accepte de vivre avec elle pour trouver matière à son premier album…
C’est alors que son père, avec qui il a toujours entretenu une relation houleuse meurt brutalement…
Avant de vous lancer dans la lecture de cet album tendre et touchant, nous vous conseillons vivement de visionner le court métrage éponyme dont on aurait envie qu’il devienne un film tant les acteurs incarnant Manon et Pierre (le scénariste lui-même !) s’avèrent attachants… Il esquisse de façon saisissante l’ambiance qui baigne l’album…
Qu’il s’inspire ou non du vécu du scénariste, force est de reconnaître que les personnages de l’histoire son confondants de justesse, à commencer par Pierre… Le scénario concocté par Davy Mourrier s’avère particulièrement prenant et joliment construit, avec cette délicieuse (double) mise en abîme où l’on voit un auteur de BD mettre en scène un personnage, lui-même auteur de BD, souffrant du syndrome de Peter Pan et travaillant sur un album racontant sa vie amoureuse… Vertigineux et délicieusement ludique…
La relation entre Pierre et Manon qui charpente le récit y est décrite avec finesse et subtilités, esquissant le portrait tendre et complexe d’un adulescent refusant d’entrer dans l’âge adulte et de faire, d’une certaine façon, le deuil de son enfance que la disparition de son père va faire ressurgir par bribes…
Le récit est d’autant plus prenant qu’il est mis en image par le trait délicat et faussement naïf d’Héloïse Solt. Signant son premier album, la dessinatrice fait la part belle aux émotions et aux ressentis des différents protagonistes, les rendant par la même profondément attachants.
Avec une délicieuse mise en abîme, Davy Mourier nous raconte la vie d’un dessinateur de BD souffrant du syndrôme de Peter Pan et refusant de s’engager… Avec humour, tendresse et lucidité, le scénariste signe un récit autobiographique intimiste tout à la fois drôle et poignant… Joliment mis en scène par le trait faussement naïf d’Héloïse Solt qui retranscrit avec une rare justesse les émotions de chacun des personnages, le récit fera écho aux trentenaires (et quarentenaires !) refusant d’oublier l’enfant qu’ils ont été…
L’Âge de Pierre est un album drôle et émouvant dans lequel le scénariste continue à s’interroger sur la fin de l’enfance et le début de l’âge adulte, dans un récit moins pessimiste que 41 euros pour une poignée de psychotropes et 50 francs pour tout…
J’aime les débuts. J’aime le début des films où on est excité car tout scénario est possible. Le début des repas où tu as tellement hâte de ne plus avoir faim. Le début d’un rapport sexuel parce que c’est inconnu… et après c’est quand même un peu toujours pareil.Pierre