Pour les rôlistes, les peaux vertes (Orcs, Gobelins, Trolls…) sont bien souvent des monstres dangereux et malfaisant qu’il convient d’occire…
Orcs & Gobelins nous montre toute la richesse et la complexité de ces personnages qui ne sont au final pas si différents des hommes, elfes et autres nains qu’incarnent volontiers les joueurs de JdR…
Membre de la compagnie du Croc de Fer, Ayraak est chargé par son Khan d’une dangereuse mission pour le compte des gobelins de Dumn. Avec sept de ses compagnons d’armes, il devra se rendre dans les îles de Céliandes pour y délivrer le fils du roi des gobelins de Dumns, capturé après avec un affrontement meutrier par les elfes qui le garde depuis en otage pour tenir les guerriers gobelins à distance…
Les mercenaires font voile vers ces îles qui seront pour beaucoup leur tombeau…
Nicolas Jarry est l’un des plus éminant conteur des Terres d’Arran et le montre une fois encore avec ce scénario entraînant qui fait la part belle aux personnages. Avec l’art de la narration qu’on lui connaît, il les inscrit dans un background riche et foisonnant venant compléter et enrichir celui de l’univers des séries
Elfes,
Nains et maintenant
Mages qui s’enchevêtre de façon délicieusement inextricables…
Car si le synopsis évoque de grands classiques tels
les Sept Mercenaires de John Sturges ou
les Douze Salopards de Robert Aldrich, le talent du scénariste est qu’il parvient avec talent à faire vivre chacun des huit peaux vertes mercenaires en leur donnant un passé, un caractère, des motivations et un destin qui leur est propre. A l’aide de récitatifs ciselés, il leur permet de s’incarner et ne pas être de simples pions au service d’un récit mais des acteurs de chair et de sang qui vont vivre, souffrir et parfois mourir pour le respect d’une parole donnée… Picole, Tambour, Barbak, Gratteur, Plume, Crapaud, Grimmoire ou bien sûr Ayraakn, narrateur de l’histoire et chef de la petite bande de mercenaires, sont autant de personnages haut en couleur qui marqueront le lecteur et rendront le récit plus puissant encore…
Mené de main de maître par Ayraak, l’infiltration des mercenaires en territoire elfes est joliment orchestrée… Mais, une fois l’otage délivré, les choses vont aller de mal en pis car le fils du roi des gobelins de Dumn est un parfait connard qui toise ses sauveurs de haut et se moque bien d’attirer sur eux l’attention de ces elfes qui ont osé porté la main sur lui… De chasseurs, ils vont donc devenir proie de guerriers elfes désireux de laver l’affront… Mais la pire des menaces se tapie encore dans l’ombre, comme ils l’apprendront à leur dépends…
Jesús Hervàs Millàn, dessinateur d’
Androïdes ou de
Déluge, nous livre une partition graphique convaincante. Rehaussé par les couleurs crépusculaires de J. Nanjan, son trait nerveux s’avère particulièrement percutant. Il se dégage de la scène inaugurale de l’album, montrant la fureur bestiale se déchaînant sur un champ de bataille, une puissance peu commune qui fait montre du talent du dessinateur…
Avec Ayraak, Nicolas Jarry nous livre un récit plein de fureur et de sang mettant en scène une troupe de mercenaires Orcs en mission en territoire elfe pour délivrer le fils du roi des gobelins de Dumn, un crevard de première qui leur donnera bien du fil à retordre…
Porté par des récitatifs ciselés et des dialogues percutants qui permettent aux personnages de s’incarner, son récit truffé de références s’avère d’autant plus captivant qu’il est mis en scène par le trait puissant de Jesús Hervàs Millàn, sublimé par les couleurs crépusculaires de J. Nanjan.
Ce sixième tome d’Orcs & Gobelins continuent à faire souffler un vent de fraîcheur revigorant sur les Terres d’Arral que l’on arpente encore et toujours avec un réel plaisir…
On nous accuse d’être responsables de la plupart des conflits des Terres d’Arran… Pourtant ce sont les Nains et les Elfes qui ont forgé les premières lames, pas les Orcs !Ayraak