Après bien moults activités diverses et variées, l’acteur et humoriste Jean-Yves Lafesse investit le neuvième art pour un récit joyeusement déjanté mettant en scène une mamie n’ayant rien perdu de la punk attitude…

Depuis la mort de sa mère, Yann-Yann vit seule avec son père et sa grand-mère. Le premier se morfond en peignant inlassablement sa défunte épouse et la seconde n’a rien perdu de l’énergie de sa folle jeunesse…

Lorsqu’il apprend qu’il existe un lieu où l’on héberge les adultes pour les récompenser d’une longue vie de travail, Yann-Yann décide de s’introduire dans cette étrange bâtisse interdite aux enfants… Mais elle se fait vertement refouler par le gardien et son terrifiant molosse… N’étant pas du genre à accepter qu’on moleste son petit-fils, sa grand-mère décide de l’accompagner dans la maison de retraite…

Là, elle retrouve son amour de jeunesse, qui n’est autre que le père de son fils, qui végète tristement dans cet établissement dirigé par une harpie plus soucieuse de s’enrichir que du bien-être de ses résidents… Mais les apparences sont, aux Sapins comme ailleurs, particulièrement trompeuses…

Pour son premier album, Jean-Yves Lafesse nous invite à explorer son univers décalé et joyeusement foutraque et brosse un portrait peu reluisant des maisons de retraites… L’auteur n’y fait pas preuve d’une reconstitution minutieuse du quotidien de ces établissements mais les dépeint au vitriol, accentuant sans vergogne leurs aspects les plus glauques… Les Sapins (sic), appartenant comme il se doit à un fond de pension peu regardant, ne sont même pas un mouroir mais un goulag inhumain mené par la poigne de fer d’une directrice aussi hystérique que psychopathe prête à toutes les exactions pour accroître ses gains, vendant quasiment ses résidents en pièce détachée sur internet et réduisant les frais de fonctionnement à… zéro…

Si son scénario totalement azimuté s’avère particulièrement entraînant c’est qu’il est porté par une galerie de personnages improbables et déjantés, des dialogues particulièrement truculents et un comique burlesque au surréalisme parfaitement assumé… L’auteur a semble-t-il pris un réel plaisir à investir ce nouveau média, non sans avoir disséminé ça et là quelques éléments empruntés à ses créations passées (avez-vous par exemple remarqué que la mère de Yann-Yann portait comme patronyme Ledoux ? Ledoux… Ledoux… ça ne vous rappelle rien ?)…

Plein d’énergie et de spontanéité, le trait Alexis Chabert sert joliment ce récit débridé mettant en scène une mamie peu orthodoxe, puisque carrément punk, accentuant les analogies avec les enquêtes délirantes d’un certain Jack Palmer.

Avec l’humour corrosif et impertinent qui le caractérise, Jean-Yves Lafesse signe une pantalonnade totalement azimutée ayant pour cadre une maison de retraite organisée façon goulag… Mais l’établissement n’est qu’un MacGuffin déjanté lui permettant de brosser le portrait de personnages totalement loufdingues…

Le trait faussement spontané d’Alexis Chabert met joliment en image cette histoire burlesque ayant pour héroïne une mamie qui n’a rien renié de sa jeunesse punk dont on ne serait pas étonné qu’elle soit la lointaine cousine d’un des Vieux Fourneaux…

Ce premier album de Punk Mamy album corrosif et rafraîchissant dont on ne peut qu’espèrer une suite !

- hum, hum !
- La vieille ! Qu’est-ce que vous foutez là ? Si c’est pour vous excuser, j’en ai rien à foutre !
- Alors si je comprns bien, dans la rue vous écrasez les gens et ici vous les achevez…dialogue entre mamy punk et la directrice des Sapin