Certains ont pu découvrir l’écriture mordante de Donny Cates avec le jubilatoire
Redneck (dessiné par Lisandro Estherren et publié chez Delcourt)… Avec
Buzzkill, l’auteur associe sa plume à celle de Mark Reznicek pour signer un récit de super-héros délicieusement iconoclaste…
Ruben amorce une cure de désintoxication… Il a essayé de nombreux groupes de paroles et semble enfin avoir trouvé le bon… Il faut dire que Ruben consomme une quantité phénoménale de clopes, de drogues et d’alcool. Car Ruben est un super héros qui tire ses pouvoirs surnaturels des psychotropes… Pour lui combattre le crime c’est flirter avec le coma éthylique…
Lucide, Ruben comprend qu’il doit devenir sobre s’il ne veut pas y laisser sa santé… Mais commencer sa cure le privant de ses pouvoirs lorsqu’un grand méchant s’apprête à dévaster le coin n’est peut-être pas l’idée du siècle…
Bon nombre de supers héros tirent leurs pouvoirs d’expériences scientifiques qui ont dérapé, de leur origine extra-terrestre, de technologies avant-gardistes, de mutations ou de la magie… Rares sont ceux qui les tirent de la consommation d’alcool, même si certains, tels Jessica Jones ou Iron Man (avant que les productions Disney n’édulcore le personnage), sont quelque porté sur la bouteille…
Le personnage créé à quatre mains par Donny Cates et Mark Reznicek s’avère particulièrement tourmenté et par là même, tragiquement humain… A travers leur récit iconoclaste qui se joue des codes du genre, les scénaristes écornent avec un plaisir jubilatoire l’image des supers-héros en esquissant le portrait d’un personnage à la dérive fermement décidé à se sortir du marasme alcoolique dans lequel il se noie… mais qui va devoir mettre ses bonne résolution en sourdine pour se la mettre à l’envers et sauver la terre d’un immense et indicible péril…
Le dessin nerveux et anguleux de Geoff Shaw s’avère tout juste parfait pour retranscrire l’atmosphère originale qui baigne le récit alors que le pauvre Ruben (qui ne s’appelle nullement Ruben) s’enfonce de chapitres en chapitres un peu plus loin dans le grand n’importe quoi…
Il est presque dommage que BuzzKill soit un one-shot tant l’album s’avère original et iconoclaste dans son approche du super-héros.
Secondé par Geoff Shaw au dessin, Donny Cates et Mark Reznicek tordent avec jubilation les codes du genre pour mettre en scène un personnage cabossé par la vie qui fut en son temps un super héros avant de raccrocher son slip moulant pour ne pas succomber aux ravages de l’alcool. Car pour acquérir son invulnérabilité et ses capacité surhumaine, il doit consommer des quantités astronomiques d’alcool ou de drogues, avec les ravages que l’on imagine sur sa santé physique et sa vie affective…
Un récit d’(anti)super-héros audacieux qui met en scène des personnages désespérément et tragiquement humain…
Bonjour, je m’appelle Ruben et je suis un alcoolique. Enfin, c’est ce que je raconte à mon groupe. La vérité est un peu plus compliquée que ça. En réalité, je gagne des pouvoirs et des capacités surnaturels quand je bois et me drogue. Je suis, enfin j’étais, un héros.Ruben (ou pas)