Grégoire Largey, Sébatien Pauchon et Franck Crittin nous entraînent dans l’Egypte antique pour un jeu de gestion où les joueurs s’efforceront de bâtir un empire commercial…


Habillée par le talentueux Gael Lannurien, la boîte s’avère fort belle… On y voit une égyptienne qu’on devine fortunée faire ses emplettes sur les étals d’un marché au bord du Nil… Le matériel s’avère très joli : des jetons fort agréables à manipuler ; un plateau des prix présentant un cartouche où vienne s’enchâsser des jetons qui viendront fixer les prix pour la partie en cours ; des tuiles de qualité et des bonus parfaitement raccord avec la thématique égyptienne…

On appréciera le thermoformage qui permet de ranger tout ce joli matériel de façon efficace même si les jetons prix (un brin petits mais, n’étant pas destinés à être manipulés, ils remplissent parfaitement leurs fonctions !) ont la fâcheuse tendance à se promener lorsque la boîte est rangée debout…

Le livret de règles (8 pages dont une présentant la joyeuse bande d’auteurs) s’avère particulièrement bien conçu : maquette claire et aérée, schémas explicatifs aux petits oignons et exemples bien sentis… On peut sans tarder se lancer et commencer à monter son fond de commerce !

Contenu de la boîte : 1 pièce en Métal désignant le premier joueur, 1 Plateau des Prix, 36 jetons (6 de chaque type), 55 Tuiles (où figure au dos leur couleur), 15 marqueurs de prix (3 de chacun type) et 12 jetons Bonus en forme de pyramide

Mise en place
La mise en place s’avère on ne peut plus simple : le plateau des prix est placé au centre de la table, les jetons prix placés aléatoirement dans les emplacements ad hoc. Les tuiles sont mélangées pour former 2 piles faces cachées. 6 sont dévoilées et placées le long du plateau des prix… Le concours du meilleur négociant peut commencer !

Déroulement
A son tour, le joueur doit choisir entre deux options :

1Prendre des Jetons: le joueur prend 3 jetons de son choix. A l’issue de son tour, il ne peut en avoir plus de 5 (il défausse au besoin les jetons excédentaires) et ne peut jamais avoir plus de 2 Ankh.

2Acheter une tuile: payer les ressources indiquées et poser la tuile dans son aire de jeu. S’il possédait déjà des tuiles, la tuile achetée doit être posée orthogonalement à une posée précédemment… Il est aussi possible de la poser au second niveau sur un carré de 4 tuiles à condition qu’au moins l’une d’entre soit de la couleur de la tuile posée… En ce cas le coût de la tuile est réduit d’une ressource (au choix de l’acheteur !).

Si le joueur constitue un groupe adjacent de 5 tuiles (de même couleur ou où figure 5 animaux identiques), il prend un jeton Bonus.

Lorsqu’il le souhaite (mais pas dans le tour où elle a été récoltée), un joueur peut dépenser 1 ankh (et même 2 s’il le veut !) pour effectuer une action spéciale : faire arriver de nouvelles tuiles (après avoir éliminé la tuile la plus à gauche et déplacé les tuiles vers la gauche) à partir d’une des 2 pioches ou déplacer une tuile libre (sans autre tuile dessus) pour la repositionner ailleurs (mais attention ! un tel déplacement peut éventuellement vous faire perdre un bonus si vous ne remplissez plus les conditions !)

Fin de partie
La partie s’achève à l’issue du tour où un joueur a posé sa treizième tuile… On procède alors à un décompte : chaque joueur totalise les points visibles dans son aire de jeu (tuile et bonus). S’ajoute à ce score 1 point par tranche de 3 jetons et 1 point par tuile constituant un groupe… Un groupe étant un ensemble d’au moins 2 tuiles présentant une caractéristique commune (animaux ou couleur)…

Le joueur totalisant le plus de point remporte la partie… Une éventuelle égalité est départagée par le joueur ayant posé le moins de tuiles puis par le joueur ayant le moins de jetons…


Les règles du jeu ne sont pas sans évoquer celles de Splendor, petit bijou ludique signé Marc André et édité par les Space Cowboy… La mécanique de base (prendre des jetons ou acheter) est en effet quasiment la même et la thématique y est tout aussi anecdotique : nous sommes ici aussi dans un jeu abstrait, superbement habillé, mais abstrait malgré tout… Pourtant, la comparaison s’arrête là il n’est pas question ici de créer un moteur bien huilé permettant d’acquérir des ressources coûteuses pour engranger un maximum de points…

Dans Ankh’or, les joueurs ne vont pas se contenter de collecter les fameux jetons pour acheter des tuiles ! Ils vont utiliser les tuiles acquises pour créer une structure qui sera, elle, une véritable machine à points… Car nature des tuiles achetées et la façon de les agencer sont bien évidemment les clefs de la victoire… Avec ce fameux jeton Ankh qui permet, outre de réagencer ses tuiles, de compléter le plateau de prix est un mécanisme ludique particulièrement malin qui ajoute une dimension tactique particulièrement savoureuse… L’utiliser au bon moment peut nous ouvrir de savoureuses possibilités d’achat (d’autant plus que le dos des tuiles en indique la couleur)… ou empêcher un joueur d’acheter une tuile convoitée en la supprimant ou en faisant glisser ladite tuile vers une case dont il ne possédera pas les ressources… On est tributaire du hasard de la pioche des tuiles mais un usage raisonné de l’Ankh permet de moduler ce hasard…

On apprécie particulièrement le setting des jetons prix qui offre à chaque partie des configurations subtilement différentes dont les joueurs devront tenir compte pour optimiser leurs actions. De quoi assurer une excellente durée de vie au jeu !

En l’état, le jeu est déjà particulièrement chouette… Mais, pour corser le tout et augmenter les champs des possibles, les auteurs ont concocté 3 tuiles spéciales présentes en un exemplaire dans chaque famille : des Désert (moins intéressante qu’un animal mais néanmoins utile pour former des groupes), un Scribe (permettant de rejouer un tour complet) et un Grenier (permettant de stocker un jeton de la couleur dessus, ce jeton n’étant bien évidemment pas comptabilisé dans la limite de 5…). Etrangement, Scribe et Grenier attisent bien des convoitises !

Si le jeu est indéniablement plus nerveux et calculatoire à 2 joueurs, il s’avère néanmoins particulièrement intéressant à 3 ou 4, l’ajustement portant sur le nombre de jetons s’avère à la fois simple et bougrement efficace…

Créé à trois cerveaux (ceux de Grégoire Largey, Sébatien Pauchon et Franck Crittin), Ankh’or est un Splendor-like savoureux qui emprunte à son grand frère ses mécanismes de base (collecte ou achat) pour donner naissance à un jeu aux saveurs ludiques très différentes…

Résolument abstrait, le jeu n’en reste pas moins joliment habillé par un Gael Lannurien comme de coutume très inspiré… Si ce jeu de gestion s’avère très intéressant à 3 ou 4 joueurs, constituant un excellent jeu familial, il se fait plus exigeant et plus nerveux à 2 joueurs…

S’il faut encore un argument pour vous convaincre : la première édition du jeu propose une pièce en métal pour désigner le premier joueur … Bref : si vous cherchez un très bon jeu excellent à deux (mais jouable à plus), n’hésitez pas, Ankh’or est fait pour vous !



le matériel élégant et agréable
les règles fluides et abordables
la construction du moteur à points
la savoureuse notion de timing lié à l’Ankh



Comment ça tu n’utilises pas ton Ankh pour regarnir le marché ???