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Le tambour
Legio Patria Nostra



Fiche descriptive

Histoire

Legio Patria Nostra

Tome 1

Jean-Andre Yerles

Marc-Antoine Boidin

Marc-Antoine Boidin

Glénat

16 Octobre 2019


14€50

9782344030134

Chroniques

Le 30 avril 1863 au Mexique, 62 légionnaires de la 3e compagnie du 1er bataillon du Régiment Etranger sont piégés par 2 000 soldats mexicains dans une hacienda délabrée du village de Camaron sur la route de Vera Cruz. Sous une chaleur de plomb, sans boire ni manger, ces légionnaires repousseront les assauts des Mexicains pendant près de douze heures. Ils ont juré à leur Capitaine de ne pas se rendre. Ils tiendront parole, écrivant ainsi sans le savoir l'histoire de la Légion, Camerone, la défaite devenue une légende.

Sept ans plus tôt, à Lyon, Casimir, un gamin des rues, commet un meurtre en voulant protéger sa mère des violences de son souteneur. Contraint de fuir la ville, il entraine avec lui son meilleur ami Dino qui rêve d'un avenir meilleur. Mais échapper à son destin est un jeu dangereux, et c'est dans les griffes du Maure, un chef de bande tyrannique et pervers, qu'ils se trouveront pris au piège.

Un piège mortel dont Casimir devra s'échapper seul, trouvant refuge à Toulon où sa rencontre avec Evariste, un ancien soldat, dandy et joueur invétéré, l'amènera à s'enrôler sous un faux nom dans les rangs d'un corps d'armée à la réputation douteuse : la Légion Etrangère.
un excellent album!


Un premier tome mené tambour battant
Legio Patria Nostra, planche du tome 1 © Glénat / Boidin / YerlesCasimir Berthelot et son inséparable ami Dino Laï sont deux gamins des rues de Lyon qui perpétuent de menus larcins. Depuis qu’il a entendu un tambour lors d’un défilé de l’Empereur, Casimir rêve d’en jouer.

Il touche ce rêve du doigt quand, profitant de la crue du Rhône et de l’inondation de l’école de musique, il s’apprête à mettre la main sur l’un de ces précieux instruments ; mais survient une bande rivale qui l’humilie et l’en empêche. Deux ans plus tard, il a grandi et réagit cette fois en voyant sa mère se faire molester par son souteneur. Il tue ce dernier accidentellement et doit s’enfuir. Dino l’accompagne. C’est le début d’un long périple qui mènera Casimir jusqu’à Camerone au Mexique …


Une tragédie sous le second Empire
Cette série est prévue cinq « chapitres » comme l’inscrit Marc-Antoine Boidin à la fin de ce premier tome. On pourrait dire qu’il s’agit plutôt des cinq « actes » d’une tragédie. En effet, l’album débute par la fin : la célèbre bataille de Camerone au Mexique pendant laquelle 62 légionnaires affrontèrent plus de 2000 combattants mexicains et refusèrent de se rendre pour obéir au serment qu’ils avaient fait à leur officier, le capitaine Danjou. Or, cette issue tragique - accentuée par les tons orangés et pourpres de l’incipit qui rappellent le charnier et par les larmes de sang sur les visages en gros plans reprenant l’imagerie christique- va orienter notre lecture et montrer le déterminisme à l’œuvre dans la destinée du héros. Legio Patria Nostra, planche du tome 1 © Glénat / Boidin / YerlesD’ailleurs on remarquera souvent des gros plans sur des objets symboliques : Vierge dans sa niche, statue sans tête, doigt de pierre menaçant en gros plan, église inachevée comme si le salut n’avait plus sa place dans ce monde du second Empire. L’empathie envers le héros est accentuée également par l’utilisation d’une narration à la première personne dans les récitatifs : c’est Casimir qui endosse le rôle du chœur antique et raconte son histoire a posteriori : à chaque fois que le personnage émet un vœu ou un espoir dans les dialogues, le récitatif vient le contredire. Casimir apparaît ainsi comme le jouet du destin … A la manière d’une ouverture d’opéra, cette première scène va mettre en place un des éléments fondamentaux de la vie de Casimir : la confrontation à la violence.

La rupture de construction à la page suivante avec le flash-back de l’enfance et Dino va jouer le rôle de contrepoint en mettant en scène une amitié, de la légèreté, de la drôlerie aussi (Dino ne pense qu’à manger) en déployant également une palette de couleurs complémentaires dans les tons gris verts et de superbes cases panoramiques sur le vieux Lyon qui donnent une respiration en occupant la moitié de la page. On passe alors à des scènes classiquement dialoguées.

Legio Patria Nostra, planche du tome 1 © Glénat / Boidin / YerlesTout l’album est construit dans cette alternance de tons et de rythmes. Des passages presque immobiles et d’autres trépidants, des moments drôles et d’autres extrêmement violents et cette scansion est magnifiquement rendue par le découpage : dans les moments de calme et de bonheur on a des panoramiques sur les villes où se trouve le héros dans de grandes vignettes et des tons bleus ou au contraire dorés (chaleureux) ; dans les moments de tension on observe des cadrages resserrés quasi étouffants, un éclatement du gaufrier et une succession de cases étroites (à la fois verticales et horizontales )qui jouent sur le sens de lecture et se multiplient frénétiquement. Dans ces cases le rouge et le noir (menaçants) finissent par contaminer la page et pour créer de telles atmosphères, Marc Antoine Boidin joue une fois de plus en virtuose des lumières et des éclairages.

Un récit à la fois romanesque et historique
Mais cet acte 1 est aussi un acte d’exposition : il met petit à petit en présence tous les protagonistes du drame. On fait ainsi la rencontre de la belle Zélie aux yeux verts qui rêve de s’établir au-delà des mers en Algérie, du Maure méchant hyperbolique à la cruauté exacerbée ainsi que de ses sbires aux trognes pittoresques. Tous dignes de figurer dans un roman de Dickens (il y a des accents de « Oliver Twist» dans l’épisode marseillais) ou dans un roman-feuilleton par leur côté archétypal formidablement croqué par Boidin qui avait déjà travaillé sur ce genre romanesque en adaptant « Chéri-Bibi » de Gaston Leroux. On pourrait croire que le personnage d’Evariste Berg, le joueur beau-parleur et bretteur, fait partie de cette distribution fictive mais, en se documentant sur Camerone, l’on s’aperçoit qu’il a réellement existé et que le scénariste comme le dessinateur ont scrupuleusement respecté sa biographie et ses traits ! Il en est de même pour le capitaine Danjou dit « main de bois » ou encore pour les caporaux del Caretto et Louis Maine à la vie rocambolesque et pourtant réelle et aux états de service scrupuleusement exacts et savamment distillés dans des dialogues savoureux. Legio Patria Nostra, planche du tome 1 © Glénat / Boidin / YerlesLorsqu’on examine la liste des légionnaires de Camerone on y trouve aussi un tambour, Casimir Laï, le seul à ne pas avoir été fait prisonnier, et dont on ne connaît pas la date de mort ! Ce vécu énigmatique rattrape la fiction, laisse une aura de mystère et donne furieusement envie de lecteur de savoir ce que Jean -André Yerlès ont brodé autour de cette destinée et de connaître la suite des aventures de Casimir, de Zélie et des autres !

Dans le premier tome de cette série prévue en cinq volumes, Jean-André Yerlès et Marc-Antoine Boidin nous présentent le leur héros, le jeune Casimir Berthelot. Si l’album acquiert une dimension tragique grâce à sa scène d’ouverture et à l’emploi d’une narration à la première personne, il fait preuve d’une grande précision historique et n’en reste pas moins extrêmement divertissant en empruntant aux codes du roman-feuilleton et en mettant en place plusieurs intrigues et toute une galerie de personnages pittoresques. Un premier tome très complet au rythme haletant, aux cadrages et aux couleurs élaborés et aux dialogues ciselés. Une vraie réussite ! Vivement la suite

- Tu connais la musique ?
- Ben non, mais j’sais pas, je viens là seul le soir et je tape. Je m’imagine que des gens applaudissent. Y a eu une visite de l’empereur après l’inondation de Lyon et j’ai vu des soldats qui jouaient du tambour autour de lui. Ils avaient l’air d’avoir un pouvoir magique même Badinguet sur son cheval les écoutait en silence Zélie et Casimir, p.29

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Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.