



Après une première saison saisissante, les amateurs de BD et de polars ne pouvaient qu’attendre avec impatience la seconde saison de
Nobody, formidable série signée par l’impressionnant Christian de Metter…
Italie. Novembre 1974. Gloria, petite fille d’un riche industriel est enlevée en plein jour, au cœur de Rome pour faire pression sur son père, juge menant une enquête sur les milieux terroristes… Les kidnappeurs ont expressément demandé aux parents de ne pas prévenir la police.
Mais Ornella, le garde du corps chargé de la protection de la gamine et abattue durant l’enlèvement, est une ancienne flic reconvertie dans la protection rapprochée… Chargés de l’enquête, ses anciens collègues vont traquer les ravisseurs, tant pour retrouver Gloria que pour venger la mort de leur collègue… Ils vont être épaulés par un négociateurs américain venu enseigner ses techniques aux policiers locaux… Mais l’un des inspecteurs semble tourmenté par un lourd secret…

Changement de décor… Après nous avoir captivé avec son huis-clos ciselé se déroulant dans une Amérique post 68, Christian De Metter nous entraîne dans l’Italie des Année de Plomb pour un polar nerveux et solidement charpenté.
Une fois encore, l’auteur impressionne par sa narration soignée qui nous immerge dès la première scène dans un récit sombre et inquiétant. Remarquablement construite, l’introduction happe le lecteur avec une redoutable efficacité pour l’abandonner, quelques planches plus loin, à un délicieux sentiment de frustration. S’amorce alors un long flashback venant préciser l’enchaînement des tragiques évènements ayant conduit cette jeune femme au cœur de cette sombre forêt, poursuivie par des individus masqués qui ne lui veulent manifestement pas du bien…
Le récit choral qui s’en suit, donc chaque ramification tend vers cette tragique poursuite, fait délicieusement monter la pression. En metteur en scène inventif et virtuose, l’auteur présente une galerie de personnage joliment écrits qu’il parvient à poser en quelques cases avec des attitudes savamment étudiés et des dialogues soigneusement travaillés… Tout en déroulant son histoire, il brosse un portrait saisissant de l’Italie des années 70 comme il l’avait fait pour l’Amérique dans la saison précédente. L’Italie des Années de Plomb devient ainsi le personnage principal de ce polar sombre et tourmenté…
Christian De Metter n’a pas son pareil pour poser avec maestria une atmosphère pesante à l’aide de ses crayons et ses pinceaux. Il compose des décors impressionnants qui donnent autant à voir qu’à ressentir, les baignant d’une lumière soigneusement travaillée qui accentue avec art la composante de polar noir qu’il explore avec un talent frôlant le génie.

Difficile de ne pas songer à l’ambiance distillée par
True Detective, chef d’œuvre signé Nic Pizzolatto réalisé par Cary Fukunaga tant on est submergé par une ambiance sombre et poisseuse qui poursuivra durablement le lecteur, une fois l’album refermé… Avec ses reflets métallisés, la couverture s’avère une fois encore très accrocheuse…
Premier tome d’une trilogie, L’Agneau entraîne le lecteur dans l’Italie des années de plomb dont il retranscrit l’ambiance oppressante de façon saisissante…
Avec une écriture ciselée, une structure narrative redoutablement efficace et une mise en scène virtuose, Christian De Metter happe le lecteur dès la première scène pour ne plus le lâcher qu’à la dernière page sur un cliffhanger délicieusement frustrant… Avec ce premier opus, il installe avec soin les différents protagonistes, personnages complexes et tourmentés qui semblent cacher de bien sombres secrets…
Cette seconde saison se place sous les meilleurs auspices et s’avère d’ores et déjà incontournable pour tout amateur de polar noir aux atmosphère poisseuses et oppressantes…
- Sordi, vous êtes au courant ?
- De quoi ?
- Il est sorti de prison aujourd’hui.
- …
- C’est quoi cette histoire ? Un type qu’il a arrêté ?
- C’est ça, oui. Un type qu’il a arrêté il y a vingt ans.
- Et… Une vengeance est possible ?
- Va savoir…
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