Chirurgien brillant et chroniqueur radio plein d’esprit, Maurice dîne avec sa compagne et un couple d’amis dans un restaurant lorsqu’il est abordé dans les toilettes pour homme par une femme aux formes généreuses particulièrement entreprenante….
Lorsqu’elle lui annonce qu’elle n’est autre que la Mort et qu’elle désire devenir une célèbre humoriste, il a tôt fait de la prendre pour une folle et l’envoie balader sans vergogne… Mais il va bientôt déchanter et se rendre à l’évidence : elle dit vrai ! Et pour s’assurer son entière collaboration, elle lui refile un cancer…
La vie de Maurice va bientôt devenir un enfer…
Olivier Cotte est un auteur inclassable qui s’essaye à un nouveau genre à chaque nouvel album… Après nous avoir séduit par son jubilatoire
Ultime Défi de Sherlock Holmes et envoûté par le charme poétique de son
Lendemain du Monde voilà qu’il revient avec un conte fantastique déjanté où la mort se rêve en star de l’humour pour changer son image et se faire, enfin, apprécier des humains… Pour cela, elle semble prête à tout, y compris à harceler et pourrir la vie d’un jeune et brillant chirurgien, pour parvenir à ses fins.
Côtoyer la mort pousse les mortels que nous sommes à s’interroger sur le sens de la vie… Et si certains en font l’amère expérience au sens figuré, Maurice va la faire lui au sens propre… Alors que son monde s’écroule, il va bien malgré lui se remettre radicalement en question et porter un regard lucide sur son mode de vie, ses blagues souvent de mauvais goûts et ses histoires de cul qui sont autant de soupapes de sécurité pour faire face à un métier particulièrement éprouvant…
Si les dialogues percutants et délicieusement décalés et les situations particulièrement iconoclastes sont deux charmes de l’album, le dessin faussement spontané de Marti Viot (révélé par le
Policier qui Rit, adaptation d’un polar nordique signée par Roger Seiter) n’est pas en reste…
Son trait épuré et délicieusement caricatural accentue avec force le comique de chaque scène en exagérant les postures et les expressions de chacun des protagonistes, à commencer par Maurice qui semble se rapprocher de l’abîme à chaque nouvelle planche…
Memento Maurice est un conte cruel et délicieusement décalé signé par l’éclectique Olivier Cotte qui s’associe pour l’occasion avec un Martin Viot très inspiré…
Désireuse de se faire aimer des hommes qu’elle fauche depuis la nuit des temps, la Mort se rêve en vedette de l’humour… N’en ayant aucun, elle contraint un pauvre chirurgien doué et spirituel de le lui enseigner… Difficile de refuser quelque chose à la Mort ! Commence alors une lente et inexorable descente aux enfers pour cet homme à qui tout réussissait… jusque-là…
Porté par des dialogues délicieusement décalés, le scénario riche en rebondissements impromptus s’avère particulièrement divertissant et ravira à n’en pas douter les amateurs du jeu de rôles In Nomine Satanis / Magna Veritas par son côté joyeusement loufoque et totalement décalé…
Voilà : je viens de m’incarner pour comprendre la vie d’ici-bas et, surtout, être enfin aimée des humains. Dans ce dessein, j’ai l’intention de devenir une grande vedette de théâtre comique. Comme je n’ai aucun humour, vous allez me l’enseigner. Les gens m’adoreront, évidemment. Je ne vous demande rien de plus. Avouez que ce n’est pas grand-chose. la Mort
(*) en référence au Rencontre avec Joe Black de Martin Brest