Avec
Kindomino Duel Bruno Cathala associe son imagination à celle de Ludovic Maublanc pour revisiter son
King Domino et en faire un jeu… sans dominos…
Règles et matériel
La petite boîte est joliment illustrée par le talentueux Cyril Bouquet qui nous laisse augurer que les mages auront leurs mots à dire dans ce duel dantesque qui oppose ces deux monarques désirant en mettre plein la vue à leur rival… A l’intérieur, point de domino mais 4 (gros) dés originaux joliment gravés de jolis blasons, un carnet et deux petits crayons pour dessiner notre royaume… A noter que la boîte n’est pas une bête boîte mais un élégant écrin à rabat aimanté du plus bel effet… Bref, il y a dans la boîte tout ce qu’il faut pour jouer et ça c’est, en plus d’être beau, très chouette…
Au chapitre des regrets, on aurait préféré trois ardoises effaçables avec les feutres qui vont bien : une pour chacun des deux royaumes et une pour le grimoire…
Particulièrement clair et bien écrit, le livret de règles (6 pages en accordéon) ne devrait poser aucun problème aux joueurs même occasionnels…
Contenu de la boîte : 4 dés originaux, 1 carnet de 100 feuilles, 2 crayons.
Déroulement d’une partie
Mise en place
La mise en place est terriblement complexe : chacun prend une feuille de Royaume et une feuille grimoire est placée entre les deux joueurs… Terrible on vous dit…
Déroulement
Le joueur dont c’est le tour lance subtilement les 4 dés… Il en sélectionne un, son adversaire en choisit deux, le dernier échouant au joueur actif…
Ces deux dés forment un domino qui devra être placé (en le dessinant) sur le Royaume avec un côté au moins jouxtant soit le château, soit un blason de même type (le « ? » étant un joker remplaçant n’importe quel blason)… Les croix figurant sur les dés doivent être notés sur le royal domaine… Une fois par partie, un joueur peut ajouter une croix à un des deux dés sélectionnés lors d’un tour…
Chaque dé sélectionné sur lequel ne figure nulle croix permet de noircir la case associée sur le grimoire…. Dès qu’un joueur a rempli une ligne, il peut bénéficier du sortilège associé, certains étant à effets immédiats, d’autres à effets différés…
Fin de partie
La partie prend fin à l’issue du tour où un joueur complète son domaine ou durant lequel aucun joueur n’a pu placer de nouveau domino…
On procède alors à un décompte : pour chaque domaine (zone constituée de blasons identiques contigus), on compte le nombre de blason qu’on multiplie par le nombre de croix… Le joueur totalisant le plus de points a bâti le plus joli des royaumes et remporte la partie…
l’Avis de la Rédaction
On l’écrit pour la dixième fois mais les Roll & Write ont décidemment le vent en poupe… Mais ce n’est pas pour nous déplaire tant chacun apporte son lot de nouveauté…
L’
originalité de
Kingdomino Duel (outre le fait de proposer un jeu de dominos sans domino
) est de proposer un matériel minimaliste : 4 dés (super agréables à manipuler), deux feuilles de Royaume et une de Grimoire…
La constitution des dominos (oui, en vrai il y en a, mais on les construit) est un
mécanisme de draft minimaliste simple et bougrement efficace où chaque choix est un renoncement… de ceux qui induisent ce
délicieux sentiment de frustration qui est la
marque des grands jeux…
Car il ne s’agit pas seulement de
développer son royaume et
constituant plusieurs domaines qu’on espère rendre lucratif grâce à ces fameuses croix qui remplacent les couronnes de
Kingdomino… Il faut aussi garder un œil sur ce
fameux Grimoire qui permet aux joueurs de se disputer 6 sortilèges tous plus intéressants les uns que les autres… Car chaque
sort est à usage unique et seul l’un des deux joueurs pourra le lancer ! Pour se faire, rien de plus simple : chaque dé sans croix sélectionné permet de noircir une case de la ligne associée (chaque ligne comprenant entre 3 et 5 cases selon les sortilèges)… Il faudra donc souvent choisir entre (bien) se positionner sur les pistes du grimoire ou rendre plus lucratif tel ou tel domaine de son royaume…
Détaillons en quelques mots chacun de ces sorts : deux sont à usage immédiat (ajouter une croix sur le blason de son choix ou sélectionner un blason pour lequel chaque domaine rapportera un bonus de 3 points), 4 à usage différé (placer un domino sans respecter les contraintes de pose, séparer les 2 dés pour remplir la carte, choisir en premier 2 dés ou changer la face d’un des dés)…
Les
esprits chagrins regarderont d’un mauvais œil les dés et le hasard qu’on leur associe… Pourtant, ils confèrent paradoxalement
une certaine forme de liberté puisque c’est l’association de deux dés qui va composer le « domino », laissant au joueur une certaine latitude. On sacrifie un brin de planification ce que l’on gagne en légèreté et en fluidité…
Retrouvant son complice Ludovic Maublanc (avec qui il a signé de petits bijoux ludiques tel que Mr Jack, Dice Town, Cyclade ou SOS Titanic, pour ne citer qu’eux), Bruno Cathala revisite son Kingdomino pour nous en livrer une version épurée où les dominos sont constitués par l’association de deux dés répartis selon un délicieux système de draft minimaliste…
Joliment présenté dans une boîte à rabat aimantée superbement illustrée par Cyril Bouquet, Kingdomino Duel est un jeu à deux nerveux et tendu facilement transportable et jouable sur un coin de table…
On aime...
le matériel et les règles minimalistes
l’équilibre entre les règles épurées et la profondeur du jeu
le concept de Kingdomino revisité avec brio et inventivité
la course aux sortilèges
les choix cornéliens
On n'aime pas...
des ardoises auraient avantageusement remplacé le carnet de feuilles