Dans ce jeu écrit à six mains et superbement édité par Matagot, les joueurs incarnent le prince d’un des quatre clans de l’Ours qui conseille depuis des lustres le roi… Le vieux monarque souhaite désigner parmi eux son successeur et chacun devra arpenter le royaume pour faire montre de sa connaissance et de sa sagesse…


Les amateurs de BD connaissent le nom de Jakub Rebelka comme étant celui de la superbe Cité des Chiens, somptueuse série de médiéval-fantasy scénarisée par Yohan Radomski… Son travail sur Wangdo s’avère particulièrement réussi et confère au jeu ce savoureux charme exotique que l’on devine dès la superbe illustration figurant sur la boîte…
Les plateaux individuels s’avèrent particulièrement élégants et le plateau principal tout à la fois élégant et lisible. L’iconographie des cartes Sceau se trouve être fort bien pensée alors que les figurines Ours (pardon, les Stèles !) sont fort sympathiques…

Si le livret de règles fait 8 pages, c’est qu’il se décline en deux langues : français et (selon toute probabilité) néerlandais… Et encore : une page revient sur la genèse du jeu et une présentation des auteurs et illustrateurs… La règle du jeu tient donc en 3 petites pages qui exposent les règles de façon claire et concise…

Contenu de la boîte: un plateau principal (modulable selon le nombre de joueur), 40 jetons connaissance (de 4 types différents), 1 jeton Ours Doré, 16 cartes Sceau, 84 figurines Ours (4 couleurs), 1 sac en tissu et, pour chacun des 4 joueurs : 1 plateau individuel (réversible pour s’adapter au nombre de joueurs)

Mise en place
La mise en place s’avère particulièrement aisée et ce dès la première partie : les jetons Connaissance sont placés aléatoirement sur le plateau. Les 4 jetons Ours sont remplacés par des Stèles piochées au hasard. 1 stèle de chaque couleur est placée sur chacune des 4 pistes Temple. Chaque joueur prend son plateau et pioche 3 stèles et l’un d’entre eux prend le jeton Ours doré désignant le premier joueur.

Déroulement
A son tour de jeu, le joueur va devoir choisir une action parmi les deux suivantes :

1Prendre des Stèles: choisir 2 stèles sur les temples ou piocher 3 stèles dans le sac.

2Gagner un jeton Connaisance en posant une stèle sur le jeton convoité. Pour ce faire, il faudra respecter les règles de pose (doit jouxter au moins une stèle et ne peut être posée à côté d’une stèle de même couleur) et s’acquitter du coût de pose (1 Stèle de la couleur de chaque stèle jouxtant la stèle posée) en plaçant des Stèles Ours sur les chemin Temple. Compléter un chemin offre un bonus d’une Stèle au joueur…

Le jeton Connaissance est posé sur le plateau individuel. Si c’est le second jeton de ce type, le joueur pourra piocher une carte Sceau qui permettra de modifier légèrement les règles du jeu ou de bénéficier d’une action additionnelle.

Fin de partie
Lorsqu’un joueur complète son plateau, il déclenche la fin de partie. On termine alors le tour en cours. Le joueur remportant la partie sera celui qui, parmi ceux à avoir complété son plateau, possède le plus de Sceaux Dragon (qui figurent sur ses jetons, ou sur les cartes Sceau). Il deviendra le prochain monarque…


J’avoue avoir beaucoup apprécié le petit texte où Grégoire Largey, Franck Crittin et Sébastien Pauchon reviennent, certes sommairement, sur la genèse du jeu… On y apprend notamment qu’il est né lorsque l’un des auteurs a évoqué la (fameuse) théorie des 4 couleurs qui stipulent que n’importe quelle carte découpée en zones connexes est remplissable avec uniquement 4 couleurs de telle sorte que toutes zones adjacentes soit de couleurs différentes… Théorème qui, pour la petite histoire divisa les scientifiques puisque la preuve a été apportée par un programme informatique explorant toutes les configurations possibles…

Mais rassurez-vous, nul besoin d’être mathématicien pour se lancer dans une partie de Wangdo ! C’est au contraire un jeu résolument familial, qui se complexifie subtilement alors que la partie s’approche de la fin puisque poser une Stèle pour récupérer un jeton convoité deviendra peu à peu plus coûteux alors que les différents réseaux de Stèles se rejoignent…

A chaque coup, le joueur devra choisir entre récupérer des Stèles (en les choisissant parmi celles disponibles sur les chemins des temples ou en faisant appel au hasard) ou s’emparer d’un jeton de Connaissance, si possible orné d’un Sceau Dragon pour faire la différence en cas d’éventuelle égalité… Il n’est pas inutile, de garder un œil sur les Stèles convoités par ses adversaires s’approchant trop de la victoire, histoire de veiller à leur mettre des Stèles dans les roues pour faire augmenter leur coût potentiel… ou de leur souffler des Stèles trop utiles sur les pistes des Temple, contraignant le joueur à faire appel au hasard…

La course aux cartes Sceau, offrant toutes de solides avantages, rythme les parties et donne de petites informations quant aux stèles convoitées par les joueurs, d’autant que celles en leur possession sont visibles de tous !
Lorsque s’approche la fin de partie, il n’est pas inutile d’avoir un confortable stock de Stèles pour ne pas trop perdre de temps à récupérer le bon Ours pour pouvoir s’emparer du jeton Connaissance manquant !

Le jeu reste plaisant quelle que soit la configuration mais s’avère fort logiquement plus exigeant et calculatoire à deux joueurs qu’à quatre. Le plateau modulable et les plateaux individuels réversibles permettant quant à eux de conserver la tension quelle que soit la configuration.

Le trio d’auteurs ayant signé l’excellent Ankh'or (Frank Crittin, Grégoire Largey et Sébastien Pauchon) se reforme pour créer un jeu destiné à devenir un futur classique du jeu familial…

Rapide à expliquer et à mettre en place, tendu quelle que soit sa configuration (même s’il est plus calculatoire à deux), doté d’un matériel sympathique élégamment habillé par Jakub Rebelka et offrant à chaque tour des choix savoureux, Wangdo est un jeu abstrait qui réunira autour d’une même table plusieurs générations de joueurs…



la beauté du matériel
la fluidité des parties
un excellent jeu d’initiation
les cartes Sceau qui brisent la routine



voir la victoire nous échapper pour un malheureux Sceau Dragon