1941. Alors que Gaston était son anniversaire en famille, sa tante Madeleine débarque avec un garçonnet qu’elle demande à sa famille de de cacher quelques temps. Son père, juif, a été arrêté et sa mère, une collègue de travail de Madeleine, l’a sans doute été peu après lui avoir confié l’enfant… Sur proposition de Gaston, il est décidé que le gamin serait confié à son oncle Joseph… Il faut dire que sa famille a la résistance dans le sang : son frère André a été récemment arrêté et transféré à la maison d’arrêt de Caen après avoir été torturé…
A l’école, une nouvelle venue, au fait de ses activités résistante semble s’intéresser de près à Gaston, provoquant la jalousie de la téméraire Elise… Le réseau de résistants en culotte courtes de Gaston semble prêt à tout pour délivrer André, alors qu’Elise soupçonne son propre père, maire du village, de collaborer avec l’ennemi…
Franck Dumanche et Nicolas Otéro poursuivent leur récit de guerre vu à hauteur d’ados engagés précocement dans la Résistance, d’abord par jeu… Mais la réalité s’impose peu à peu à eux alors que leur implication dans la guerre de l’ombre que les résistants locaux livrent à l’occupation se fait plus prégnante…
La bande de jeunes gravitant autour de Gaston s’avère particulièrement sympathique et les jeunes lecteurs n’auront aucun mal à s’identifier à l’un d’entre eux... Par bien des aspects, ils évoquent les
T.K.K.G de Stefan Wolf, le chien oscar en moins… Il y a Gaston, l’homme d’action; Bouboule, le garçon sympathique et un peu rondouillard; Edmond, l’intello du groupe, absent de cet opus, et la belle et rebelle Elise qui n’est pas insensible aux charmes de Gaston… Complété par un intéressant dossier venant préciser le contexte historique du récit, le scénario met en lumière cette période trouble où les français furent divisés entre résistance et collaboration, avec toutes les nuances possibles entre gris clair et gris foncé… Le récit reste assez léger mais aborde néanmoins des thématiques douloureuses, tel le sort réservé aux juifs par l’occupant… Au fil des tomes alors que cette bande de gamins s’affirme comme résistants, il apparait que le récit fictionnel s’appuie sur des personnages historiques, tels Joseph et Léontine Papillon, sa sœur, Madeleine Lacroix, jusqu’au petit Jacques Goldnadel qu’elle a contribué à sauver… Le récit n’en est que plus touchant…
Tirant vers l’épure, le trait de Nicolas Otéro s’avère particulièrement lisible, accentuant parfois de façon théâtrale les expressions des personnages qu’il met en scène dans des décors souvent minimaliste. Difficile toutefois de ne pas être surpris par les similitudes dans la composition de la couverture de ce quatrième opus et celle du cinquième tome de
la Guerre des Lulu qui raconte les aventures d’une bande de gamins à la lisière de la Grande Guerre… Hommage ou simple coïncidence ? Jugez par vous-même…
Les combattants de l’ombre poursuit une série jeunesse entraînante qui immerge le lecteur dans le contexte tourmenté de l’occupation… Le spectre de la guerre continue de s’étendre sur cette petite bourgade normande dont les habitants sont déchirés entre résistance et collaboration.
Gaston, Elise et François s’investissent à chaque tome davantage dans la résistance active, prenant part à des opérations qui pourraient leur coûter cher… Mélangeant récit fictionnel est personnages réels, ce quatrième opus immerge les jeunes lecteurs dans l’ambiance oppressante qui fut celle de l’occupation…
- Bona, alors ? Tu en as mis du temps !
- Je voulais être sûr que tu étais seul.
- Pourquoi tant de mystères ?
- Je sais que tu fais de la résistance.
- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu es folle ?
- Je le sais. Et moi aussi, je suis résistante... Du même réseau… que ton frère.
- Mon frère ? N’importe quoi ? Tu es trop jeune ?dialogue entre Gastin et Claudine