Après de brillantes études en psychologie, la jeune Harleen Quinzel pense que, soumis à un environnement trop hostile, le cerveau souffrirait d’une maladie mentale auto-immune qui détériorerait l’empathie et conduirait à des comportements anti-sociaux… Mais elle ne parvient pas à convaincre d’éventuels investisseurs qui pourraient financer ses recherche…
Pourtant, la fondation Wayne va soutenir son projet et lui permettre de travailler à l’Asile d’Arkham où sont enfermés les plus terrifiants criminels que Gotham ait connu… Le Directeur de l’Asile, le docteur Strange, ne croient pas du tout au bien fondé des recherches de la jeune femme, de même que l’honorable Procureur Dent qui trouve ses théories dangereuses… La jeune femme n’en n’a cure et commence ses entretiens, différant au maximum celui d’avec le Joker qu’elle a croisé une nuit et qui l’a épargné après avoir pointé son flingue sur elle…
Signé par l’impressionnant Stjepan Šejic
Harleen fait partie de ces albums qu’on ouvre avec un plaisir jubilatoire tant le pitch semble prometteur… Superbement composée, la couverture est loin de refreiner nos ardeurs : on y voit la jeune Harleen Quinzel couverte de sang mordillant ses lunettes de façon sensuelle, ses yeux rougis par des nuits trop courtes ne reflétant pas l’horreur mais une étrange fascination ressemblant à de l’amour…
S’ouvrant sur un cauchemar éminemment symbolique, l’histoire nous est contée par Harley Quinn elle-même qui revient sur sa décisive rencontre avec le Joker… Son personnage s’avère particulièrement bien écrit, avec ces longs récitatifs annonçant le revirement à venir et commentant les évènements avec un ton délicieusement distancié…
On découvre tout d’abord la jeune, brillante et ambitieuse étudiante à la réputation sulfureuse depuis que sa liaison avec l’un de ses professeurs a été révélée au grand jour… Son exposé fait devant d’éventuels mécènes s’avère désastreux et semble sonner le glas de ses ambitions… Le soir même, après avoir noyé ses illusions dans l’alcool, et qu’elle rentrait chez elle, dépitée, elle allait faire la rencontre qui allait, sans qu’elle le sache encore, bouleverser sa vie en croisant la route du Joker qui allait l’épargner et revenir la hanter, chaque nuit…
L’ennemi juré de Batman allait se montrer plus charismatique et séducteur que jamais pour gagner le cœur de la belle, jouant avec art la partition qu’elle souhaitait entendre pour la faire tomber dans ses filets… Le Joker joue avec la belle comme un chat avec une souris, à moins que leur relation ne soit plus complexe et qu’il avait d’emblée perçue la folie et la colère qui couvait sous son masque de princesse… Mais ce n’est que dans les contes de fée que la Bête se change en Prince Charmant pour les beaux yeux de la Belle… Et c’est elle qui succombera à ses charmes, basculant dans la folie meurtrière que l’on sait… Gotham est bien l’antichambre de l’Enfer…
Porté par ces deux figures du gotha criminel de Gotham, le scénario ciselé de Stjepan Šejic est mis en scène avec une rare efficacité. Chacune de ses planches fait montre d’une inventivité graphique saisissante et s’avère remarquablement bien composée. Empruntant au vocabulaire cinématographique, les cadrages sont savamment étudiés, renforçant avec art la dramaturgie de chaque scène. Racé et élégant, son trait expressif retranscrit avec justesse la violence des émotions assaillant les différents protagonistes de l’histoire alors que sa mise en couleur, jouant avec la lumière avec maestria, est tout juste somptueuse…
Harleen est l’une de ces délicieuses surprises qui révèlent le saisissant talent d’un auteur complet…
Stjepan Šejic se propose de nous raconter comment la jeune et ambitieuse Harleen Quinzel allait se laisser contaminer par la folie furieuse du Joker pour devenir l’irrésistible et inquiétante Harley Quinn. Chacun de ses personnages est composé avec soin méticuleux, les rendant tout à la fois profondément dérangeant et étrangement attachants… Le scénario solidement charpenté et en tous points jubilatoire est remarquablement mis en image par les crayons et les pinceaux numériques de l‘auteur dont les compositions inventives et percutantes et une mise en couleur somptueuse forcent l’admiration…
Remarquablement orchestré et somptueusement mis en scène, Harleen est l’un des comics les plus jubilatoires du moment… Un album incontournable, assurément !
J’étais heureuse de quitter l’institut. J’avais le sentiment de dire adieu aux conneries pour marcher vers un avenir radieux. Mais vous savez ce qui se passe quand on marche vers la lumière ? On ne voit pas l’ombre qui s’étale dans notre dos. Et les ombres ne m’intéressaient pas. Aveuglée par la lumière, j’ignorais mon futur. Tout ce que je savais, c’est que j’avais réussi.Harley Quinn