Après plusieurs mois à écumer les mers à bord de notre sloop, à aborder galions espagnoles, frégates anglaises ou caravelle hollandaise, il était grand temps de faire voile vers la Tortue. Mais avant de dépenser nos doublons et pièces de huit gagnées à la sueur de nos fronts et à la pointe de nos sabres dans les tavernes animés du port, il va falloir faire escale sur Black Skull Island pour y partager ce fameux butin… M’est avis que ça ne sera pas une mince affaire !


Magdalena Markowska n’en est pas à son premier jeu mais le fait est que son trait dynamique et élégant s’avère particulièrement expressif, comme le montre le couvercle de la boîte où on peut voir un vieux loup de mer borgne ouvrir un coffre gorgé d’or et de pierres précieuses sous le regard amusé d’un perroquet et un brin inquiétant d’un rocher en forme de crâne… Même le fond de la boîte est rehaussé d’une superbe illustration !
Chacune des cartes du jeu est du même acabit, et si les doublons sont jolis mais assez peu expressifs, les Personnages s’avèrent très réussis, tantôt inquiétants ou énigmatiques, tantôt joviaux, chaleureux et même attendrissants (si, si, parfois sous la peau burinée d’un pirate imposant se cache un vrai cœur d’artichaud) …

Résumant les capacités de chacun des personnages, les aides de jeux sont particulièrement utiles pour les premières parties, histoire de choisir son personnage en connaissance de cause !
Le seul bémol est une fois encore l’absence de thermoformage… Dans notre équipage, on aime bien ranger chaque élément à la place qui est sienne…

Le livret de règles (8 pages) s’avère particulièrement clair et bien écrit… Mais il faudra veiller à le lire après avoir jeté un coup d’œil aux capacités de chaque personnage histoire de ne pas être interloqué par le fait qu’on semble jouer toute la partie avec le même tandem de personnage ! Ce qui est bien évidemment (et fort heureusement !) faux…

Contenu de la boîte : 19 cartes Personnage, 72 cartes Butin réparties comme suit : 44 cartes Pièce et 28 cartes Trésor (de valeur 0,2,3 et 4 doublons) et, pour chacun des 9 joueurs, 2 cartes réversibles d’aide de jeu

Mise en place
La mise en place est à l’image du jeu : rapide et fluide… Le plus long consistant à écarter les cartes non utilisées en fonction du nombre de joueurs (c’est dire !)…
Les cartes Trésor sont mélangées et posées face cachée, les cartes Pièce sont forment une seconde pile face visible…
Chaque joueur reçoit 1 carte Pièce et 2 cartes Personnage (3 à 2 joueurs), la carte excédentaire étant placée face visible…

Déroulement
Chaque joueur choisit secrètement une des cartes de sa main.
Elles sont dévoilées simultanément et résolues dans l’ordre croissant.
A la fin de la manche, les joueurs récupèrent leur personnage et une nouvelle phase commence…

Fin de partie
Dès qu’un joueur a devant lui 7 cartes Butin, la partie s’achève immédiatement. Chacun révèle ses cartes butin et le joueur le plus riche devient le roi des pirates !


Dans la série des jeux apéros funs et dynamiques, Black Skull Island a tous les atours pour devenir un grand classique…

Inutile de revenir sur le formidable travail graphique de Magdalena Markowska dont les illustrations somptueuses et dynamiques confèrent une identité forte au jeu en faisant appel à l’imaginaire collectif…

Second point fort : les règles qui tiennent sur un timbre-poste… Rapidement expliquées, on peut sans ambages se lancer dans la première partie… Mais il n’est pas inutile de présenter rapidement l’équipage aux différents joueurs, histoire que tous aient un aperçu des capacités de chacun qui font tout le sel du jeu !

Troisième point fort : en jouant sur le nombre et la nature des personnages entrant dans la danse, le jeu s’avère captivant et tendu quelle que soit la configuration… et ce même à deux joueurs alors qu’au prime abord l’aménagement des règles nous avait paru artificiel… Pour info, il consiste à jouer à chaque tour 2 cartes parmi 3… Le jeu se fait même plus tactique tout en conservant sa saveur…

Chacune des parties s’avère délicieusement fun et tendue et le guessing et le double-guessing (le fait de savoir que l’adversaire sait que je sais qu’il sait qu’il va jouer ce personnage… et peut donc jouer l’autre carte… ou pas !) qui sont le cœur même du jeu s’avèrent particulièrement subtils et ludiquement savoureux.

Le partage de butin fait partie des grands moments de la vie de pirate et a inspiré Luigi Ferrini qui signe un jeu particulièrement sympathique et somptueusement illustré par la talentueuse Magdalena Markowska…

Mais si le jeu, simple d’abord avec des règles minimalistes proposant aux joueurs de choisir à chaque de jouer l’un des deux personnages de sa main, Black Skull Island s’avère être plein de malices et de subtilités… S’adaptant parfaitement au nombre de joueurs, ce petit bijou est le compagnon idéal des vacances !



la thématique accrocheuse et bien rendue
les règles minimalistes
les interactions à foison
le triple-guessing
ce délicieux goût de revenez-y



l’absence de thermoformage et bouteille de rhum

(*) citation de loki, vieux compagnon de route et de jeux