Si tout le monde connaît l’écrivain, le seul à avoir été récompensé deux fois du prix Goncourt, plus rare sont ceux qui savent qu’il fut nommé Compagnon de la Libération pour ses faits d’armes durant la seconde guerre mondiale…

Incorporé à l’armée de l’air en 1938, il est de ceux qui souhaitent continuer le combat en partant tout d’abord pour l’Afrique avant de rejoindre De Gaulle à Londres et de se distinguer au cours d’un raid aérien sur Saint-Omer pour bombarder des rampes de lancement de V1 allemands : blessé, il est parvenu à ramener son équipage saint et sauf en guidant le pilote rendu aveugle par des tirs de DCA ennemis…

Ce quatrième opus des Compagnons de la Libération ne nous raconte pas la vie romanesque de Romain Gary mais s’intéresse comme il se doit à son engagement dans les Forces Françaises Libres durant la Seconde Guerre Mondiale.

Agrégée d'histoire et professeur à l’université université de Toulouse-Le Mirail, Catherine Valenti nous raconte, non sans un certain humour, la drôle de guerre durant laquelle le futur écrivain chercha en vain les combats, mu par une volonté farouche de défendre son pays d’adoption, avec une passion et un courage qu’il doit peut-être à ses racines slaves… D’Alger au Maroc en passant par Casablanca, Romain Gary s’efforce de gagner les zones de combats pour briller aux yeux de sa mère qui place en lui tant d’espoirs et lui a tracé un ambitieux destin… Il finira par gagner Londres, deux jours après l’appel du 18 juin, sentant que c’est là que se jouera le destin de la France Libre… Il y croisera le général De Gaulle qu’il admira toute sa vie durant… C’est ce dernier qui le fit Compagnon de la Libération pour ses faits d’armes du 25 janvier 1944, avant de le faire Chevalier de la Légion d’Honneur.
Mais derrière l’uniforme du soldat de l’armée de l’air pointe déjà l’écrivain : il passe ses nuits à écrire, oubliant de recharger le poêle à bois ou de préparer le café pour ses compagnons d’armes à qui il lit les ébauches de ses premiers romans, parfois à des heures bien matinales…

Sobre et un brin rigide, le dessin de Claude Plumail n’en reste pas moins efficace et la couverture signée par le dessinateur esquisse un portrait saisissant et subtil du soldat et de l’écrivain en devenir qu’est Romain Gary…

Après Pierre Messmer, le Général Leclerc et Jean Moulin, ce nouveau tome des Compagnons de la Libération nous raconte la drôle de guerre de Romain Gary, personnage éminemment romanesque qui s’engagea dans les Forces Françaises Libres et devint un héros de guerre avant de devenir diplomate et l’écrivain insaisissable et flamboyant que l’on sait… le seul à avoir reçu deux fois le prestigieux Prix Goncourt !

Sous la plume de Catherine Valenti et les crayons de Claude Plumail, on le voit désirer ardemment servir son pays d’adoption et d’accomplir le destin rêvé par sa mère, arrivant toujours à contretemps sur le théâtre des opérations ou rédigeant ses premiers romans avant de gagner Londres et de se distinguer par des actions héroïques…

- Alors, Gary. Ça y est ! On va se battre pour de bon !
- J’espère bien Bimont… Depuis le temps que j’attends ça !
- Cette fois c’est sûr : on doit aide Leclerc à venir à bout des italiens en Lybie.
- Si tu le dis…dialogue entre Bimont et Gary