Louis Ferrant est un jeune cadre d’entreprise qui a hérité et fait prospérer l’usine de son père… Hanté par un cauchemar récurant où il se voit emprisonné dans une geôle glauque, il vit mal sa séparation d’avec Camille qui ignore chacun de ses appels…
Pour oublier l’usine et ses déboires sentimentaux, il a pris l’habitude de courir en forêt, les écouteurs de son iPhone vissé à ses oreilles… Mais ce jour il croise la route d’un motard vêtu qui manque de le renverser… Pensant avoir affaire à un déséquilibré, il s’éloigne en courant… Mais le motard semble désireux de s’en prendre à lui…
Qui cherche à le tuer et pourquoi ?
L’album est une véritable claque graphique… Laval LG s’est surpassé avec cet album en nous livrant des planches de toutes beauté, oscillant entre le contemplatif et l’oppressant avec une aisance confondante…
La scène d’introduction qui voit le jeune Louis enfermé dans une prison sordide se battre avec ses codétenus est impressionnante de maîtrise, avec ces ombres inquiétantes projetées sur les murs et ces détails qui se révèlent peu à peu, comme si nos yeux s’habituaient progressivement à l’obscurité, renforçant l’atmosphère étouffante qui règne dans la geôle… Et puis viennent ces scènes se déroulant dans les sous-bois et ces ambiances automnales superbement rendues par le travail de colorisation tout juste époustouflant… On sent la nuit tombée alors que la tension est à son comble et que le héros semble perdre pied, ne pouvant comprendre ce qui lui arrive…
L’intensité de l’album réside dans la pertinence du choix des cadrages que l’artiste alterne avec maestria, donnant à voir autant qu’à ressentir le sentiment de peur panique qui étreint peu à peu le personnage principal du récit… Pour un peu, on percevrait même les mouvement de la caméra qui tourne autour du personnage pour mieux souligner sa solitude dans l’immensité de cette forêt, poursuivi par un mystérieux motard qui cherche à le tuer…
C’est dans un registre où on ne l’attendait pas qu’on retrouve Makyo, scénariste de la
Balade au bout du monde, de
Grimion gant de cuir ou du
Kabbaliste de Prague… L’ambiance qu’il distille avec art dans son récit n’est pas sans évoquer celle de
Duel, premier long métrage d’un certain Stephen Spielberg où un modeste employé de commerce se faisait prendre en chasse par un camion dont le chauffeur semblait fermement décidé à le tuer…
On retrouve dans l’album cette même tension et cette même incrédulité du héros face aux évènements… D’ailleurs, certaines séquences, telle celle du coup de fil à son ex-compagne, semble clairement faire écho au scénario du film…
Effet Miroir est une petite merveille de construction scénaristique et graphique…
Makyo, dans un registre où on ne l’attendait pas, et l’impressionnant Laval NG se livrent à un exercice de style saisissant dans une ambiance évoquant le Duel de Stephen Spielberg pour son ambiance oppressante et ses cadrages virtuoses… Mais là où le cinéaste, s’appuyant sur la nouvelle éponyme de Richard Matheson, ne donnait pas les clefs du récit, le scénariste de Ballade au bout du monde nous livre les tenants et les aboutissants de cette folle et suffocante poursuite en forêt…
Si la réputation de faiseur d’histoire de Makyo n’est plus à faire, Laval NG s’impose comme un artiste confondant de talent…