Conformément à la tradition draconiste, Herbert de Vaucanson est mandaté par son ami Marvin pour aller annoncer à Alberta, sa mère, ses fiançailles avec la belle Pirzuine…
Mais, après avoir ouvert la porte du domicile familial à coup de botte, force est de constater qu’elle semble absente… Arrive alors Gilberto (tiens, tiens), l’un des disciple de Marvin mère, qui pense avoir affaire à sa 112e épreuve… Marvin tente bien lui expliquer que non, mais on ne la fait pas à Gilberto… Ils sont rapidement arrêtés et ficelés par les dragons, persuadés que les deux compères sont les meurtriers d’Alberta…
De fil en aiguille, ils parviennent tant bien que mal à prouver leur innocence après s’être soumis au rituel de l’herbe de vérité… Charge à eux de trouver le véritable coupable avant l’arrivée prochaine de Marvin pour éviter que l’annonce des fiançailles ne dégénère en bain de sang… C’est alors que Marvin a la bonne idée de venir un peu en avance…
Se replonger dans Donjon (fut-il Pontrominet, Zenith, Antipode + ou pas, Parade, Monster, Crépuscule ou Bonus -voir à cet égard le précieux petit guide de cette tentaculaire série figurant en début d’album-) est toujours un moment savoureux qui agit comme une madeleine de Proust sur les rôlistes ayant erré et vécu de folles aventures donjonnesques… Et ce délicieux changement de paradigme qui nous entraîne de l’autre côté de l’écran pour suivre les aventures des sympathiques monstruosités peuplant les couloirs labyrinthiques d’un donjon était la cerise sur le gâteau…
S’inscrivant dans la sous-série Donjon Zénith,
En sa mémoire nous éloigne quelque peu physiquement du donjon où se déroulèrent bon nombre d’aventure de la série pour une aventure dépaysante et policière où notre brave Herbert va avoir fort à faire pour élucider le crime de la mère de son pote tout au dit pote que sa mère s’est fait trucider…
On retrouve avec plaisir Orlondow, futur grand manitou du Conseil des Shaman, et Gilberto en jeune padawan naïf et encore innocent de la vie… Pas encore junkie (mais ça ne saurait tarder) ni membre du prestigieux conseil des Shaman (ce sera pour plus tard), obsédé par les mille et une épreuves qu’il doit subir avant que de devenir un Shaman accompli, il s’avère irrésistible…
Tous deux vont devoir marcher sur des œufs pour ne pas se mettre à dos les dragonistes du cru… Et en matière de marcher sur des œufs, Herbert est du genre à faire des omelettes à tour de bras en se faisant des ennemis de chacun des potentiels suspects. Et quand ces suspects sont des dragonistes, l’idée est loin d’être pertinente…
L’ambiance général est quelque peu sombre et ténébreuse, crime sordide oblige, mais la tonalité reste un brin azimutée de par les dialogues déjantés et le caractère débridé de notre sympathique canard… Sa façon de détourner le pouvoir de l’Epée du Destin (l’un des 7 objets du destin qu’il collectera par ruse ou roublardise) est tout juste jubilatoire et évoquera bien des souvenirs aux rôlistes vétérans souvent passés maîtres es détournement d’objets magiques. L’album sera aussi l’occasion d’en apprendre davantage sur les us et coutumes des draconistes…
Boulet, qui a vaillamment repris le flambeau de Donjon Zenith à partir du tome 5, semble prendre un plaisir jubilatoire et communicatif à mettre en scène ces personnages iconoclastes d’inspiration donjonnesque.
Son trait dynamique s’avère follement expressif et accentue avec force le comique de situation que le duo de scénaristes maîtrise à la perfection.
Série unique et délicieuse madeleine de Proust pour les rôlistes biberonnés à Donjon & Dragon, chaque nouvel album de Donjon est un petit événement…
Avec leur humour décapant, leur truculent sens du comique de situation et leurs dialogues déjantés, Lewis Trondheim et Joann Sfar nous invitent dans un whodunit épique et burlesque qui nous approche un peu plus du crépuscule du Donjon… Mis en scène par le trait expressif et follement dynamique du talentueux Boulet, ce huitième opus ravira les amateurs de cette série tentaculaire et jubilatoire…
Deux choses sont sûres : on ne tue pas impunément la mère de Marvin… et Crépuscule is coming...
- Ça ne veut rien dire ce que tu as dit… On ne peut pas ressortir sa tête par sa propre tête.
- C’était une licence poétique.
- Vous n’auriez pas dû… Il va vous tuer.
- Peuh ! Je l’ai insulté, il ne pourra rien faire !
- Pas quand on insulte la personne chez elle. La taverne lui appartient.dialogue entre Marvin, Hubert et Orlondow