Berlin, 1939. Himmler envoie une mission archéologique de l'Ahnenerbe en Irak. C’est du moins la version officielle… Car l’expédition, dirigée par l’officier SS Friedrich Saxhäuser a pour mission officieuse de rallier les populations locales à l’Allemagne et jeter les bases du nouvel ordre mondial souhaité par Adolf Hitler…

Mais dans l’ancienne Mésopotamie, cet ancien héros de la première guerre mondiale fait une découverte ahurissante qui pourrait bien changer la face du monde et décider de l’issue de la guerre qui s‘annonce…

Si Stéphane Przybylski n’en était pas son premier roman, la publication du Le Château des Millions d'Années, premier tome de la Tétralogie des Origines avait été salué par la critique et plébiscité par les lecteurs… Le roman, creuset où se mêlaient et s’entremêlaient de nombreuses influences et inspirations nous entraînait dans les coulisses de l’histoire, sur les traces d’un officier allemand désabusé bougrement intéressant…

Le scénariste de Space Reich ou de Wunderwaffen a retrouvé dans le roman de Stéphane Przybylski des thématiques qu’il affectionne particulièrement : l’histoire, la science-fiction, le fantastique et le paranormal… Richard D. Nolane a su capter et retranscrire l’âme du roman, à commencer par le personnage de Friedrich Saxhäuser qui en est l’ossature… Ce héros de la première guerre mondiale a été mêlé à l’histoire de l’Allemagne, accompagnant la montée du nazisme en et participant notamment aux exactions de la Nuit des Longs Couteaux, le liant par le sang avec le régime… Mais les convictions de l’officier SS n’ont pas résisté à l’épreuve du temps et il porte désormais sur le nazisme regard aussi cynique que lucide qui pourraient bien sceller son destin… Sa mission en Irak va être une sorte de bouffée d’air qui l’éloigne pour un temps de l’atmosphère étouffante qui règne en Allemagne… Mais ce personnage, ancré dans son temps, va être confronté à des phénomènes surnaturels dépassant son entendement et faire des découvertes qui pourraient bien présider à l’issue de la guerre qui s’apprête à embraser le monde… Son sentiment diffus d’être constamment surveillé instaure d’emblée une ambiance oppressante et les évènements qui jalonnent sa mission en Irak font inexorablement glisser son récit vers le fantastique sur un mode X-Files assaisonné d’une pincée d’Indiana Jones, l’humour mordant du professeur Jones en moins…

Nolane retrouve Zeljko Vladetic qui l’avait rejoint pour le dixième tome de Wunderwaffen et travaillé avec lui sur La grande Guerre des Mondes qui mêlait l’œuvre de H.G. Wells à la première Guerre Mondiale… S’il sait se faire sensuel lors de scènes torrides entre Friedrich Saxhäuser et la pulpeuse Andrea von Der Goltz, le trait du dessinateur croate nous offre surtout de superbes visuels de l’Irak des années 30 alors que les couleurs de Facio soignent tout particulièrement la lumière et les effets spéciaux…

Truffé de références à Wagner, à commencer par le nom du héros, ce premier opus du Château des Millions d’Années nous entraîne dans les prémices de la seconde Guerre Mondiale dans le sillage de Friedrich Saxhäuser, officier SS considéré par les hauts dignitaires comme un homme de confiance alors même qu’il n’a que mépris pour la doctrine nazie…

Richard D. Nolane s’empare du roman à succès de Stéphane Przybylski qui mêlait histoire et science-fiction et parvient à en capter l’esprit que les crayons de Zeljko Vladetic retranscrivent avec efficacité.

Le lecteur se laissera entraîner par ce récit à grand spectacle qui évoque tant la série X-Files par son esprit que les Aventuriers de l’Arche Perdue par le contexte exploré…

- Andrea, tu bourres le mou aux musulmans du coin avec tes articles sans scrupules dans ce torchon d’Al Alim-Arabi ! Hitler n’a que faire de leurs aspirations d’indépendance !... Il veut les manipuler. Et tu sais comme moi que les thèses archéologiques de l'Ahnenerbe ne valent pas un clou…
- Je m’en moque ! L’ordre nouveau s’installe et je veux y avoir ma place. Et tu m’as encouragé à m’impliquer politiquement, non ?
- Pour mieux te séduire, je te l’ai dit. Une stupidité de plus à mon actif. J’aurais dû depuis longtemps prendre mes distances avec tout ça… Mais j’ai dîné avec le diable. Et la cuillère était trop courte.dialogue entre Friedrich Saxhäuser et Andrea von Der Goltz