Fiche descriptive
16€90
Chronique | ![]() ![]() |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Car dans ce royaume, toute forme de joie est absolument proscrite chez le bas peuple. Seul le Roi Joyeux et sa cour ont le droit de rire, les autres étant contraint à vivre un quotidien morne et désespérant… Mais la princesse n’est que joie grâce à un oncle facétieux qui rit bien souvent à gorge déployée, provoquant la colère de son royal frère qui n’hésite pas à le bannir de la cour… Entretenant une correspondance secrète avec son oncle, elle brave tous les interdits et descend le retrouver au royaume d’en bas où elle croisera notre brave Hubert qui rêve de la rencontrer depuis son plus jeune âge… Mais la joyeuse écervelée est tombée dans un sombre traquenard aux allures de coups d’Etat… Une bien triste aventure en vérité… ![]() Un conte dystopique azimuté mais… bien plus profond qu’il n’y paraît… Nous sommes donc dans une société dystopique à la Orwell (dont nous fêtons l’anniversaire des soixante-dix ans du décès et donc son passage dans le domaine public, comme le suggère la profusion d’adaptation de 1984 en bande-dessinée) : les citoyens y sont épiés, surveillés et exécutés pour peu qu’ils se montrent déviants… Et la déviance est chose aisée dans ce petit royaume où il ne fait pas bon vivre puisque rire ou même esquisser l’ombre d’un demi-sourire est condamnable et bien souvent condamnés… A la tête de ce triste royaume, un roi dépressif qui se force à rire (puisque c’est son droit) et qui a exilé Fol Espoir, son aîné, qui aurait dû hériter du trône mais que son aptitude à rire à tout va a écarté du trône car on le soupçonnait de surjouer… L’un est au pouvoir, l’autre rêve de lui ravir et est prêt à tout pour cela, même à sacrifier sa nièce bien-aimante et un brin écervelée… Et, entre eux les frères ennemis (au final bien plus nuancés qu’il n’y paraît) : le pauvre Hubert 31-36 qui aime en secret la princesse qui ne lui rend pas bien mais peu lui importe, il sera un héros ou ne sera plus… Les aspects joyeusement barrés du récit évoque la jubilatoire et azimutée Nef des Fous de Turf mais aussi (et surtout) le petit bijou bien trop méconnu d’Olivier Guéret et Nicolas Vadot… ![]() Récitatifs et versification ancre résolument ce récit dans le conte même s’il aborde à pas feutrés et sans avoir l’air d’y toucher à un sujet plus grave et plus profond qu’il n’y paraît au prime abord… une patte graphique impressionnante… Côté dessin, Stephane Hirlemann, un nouveau venu dans le neuvième art… pour l’heure un illustre inconnu mais tout laisse à penser qu’il va faire parler de lui dans les années à venir… Il suffit de voir la couverture, littéralement et allégoriquement vertigineuse, pour se rendre compte du talent de ce dessinateur passé par la prestigieuse école Emile Cohl…Sublimé par la subtile palette de Véra Daviet, son dessin est une petite merveille d’expressivité, de poésie, de douce folie et de mélancolie qui retranscrit avec une saisissante acuité la tristesse et la morosité qui règne dans le monde d’en bas où le petit peuple est condamné à faire la gueule, à pleurer et à se lamenter sur son (il est vrai !) triste sort… Comme le souligne l’auteur, on retrouve dans son travail ce qui faisait le charme des Triplettes de Belleville, chef d’œuvre du film d’animation en général et de Sylvain Chomet en particulier… ![]() ![]() Porté par une narration originale tout en vers et en récitatifs, le récit de Stephane Louis est tout à la fois (ou tour à tour) drôle et tragique mais toujours azimuté et follement poétique… Bannissement, complots, histoire d’amour, trahison et révolution sont au menu de son scénario, superbement mis en image par l’impressionnant Stephane Hirlemann qui fait là une entrée remarquée dans le neuvième art… La chute du conte s’avère aussi vertigineuse que l’illustration de couverture… et incite clairement à relire l’album à la lumière de cette bouleversante révélation… Savoir, oui ! Savoir, c’est pouvoir, diraient certains ! Savoir, c’est pouvoir, certes, mais savoir, c’est avant tout avoir le pouvoir. Celui de diriger, torturer, trucider et bien rigoler. C’est le pouvoir des dits rois ! Mais il est un autre pouvoir de ceux dont on hérite. Celui de faire juste ce qui nous plaît, comme ça nous plaît. Ce pouvoir-là n’a cure des conséquences et fait toujours prendre des risques inconsidérés. A soit, et… aux autres !le (triste) narrateur
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