Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas de gaité de cœur que Jen est venue emménager à la campagne avec sa mère et son nouveau beau-père… Sa vie citadine et ses amies lui manquent cruellement… et s’occuper du poulailler ou tenir le stand au marché font partie des corvées qui accentuent son malaise et son mal-être…
Pour couronner le tout, elle hérite de deux « sœurs » dont une de son âge qui s’avère au moins aussi horripilante que l’est son beau-père…
Puisant dans son vécu, Lucy Knisley signe un roman graphique intimiste et touchant qui dépeint le portrait d’une jeune ado peinant à trouver sa place au sein de cette famille recomposée…
Si l’autrice américaine décrit avec une telle acuité les sentiments qui s’emparent de la jeune Jen, c’est qu’elle est partage avec elle bien des choses : une passion du dessin, la dyscalculie, l’obligation d’abandonner tout ce qui faisait sa vie newyorkaise pour suivre les rêves de retour à la terre de sa mère…
A l’instar d’un Gustave Flaubert, elle pourrait écrire « Jen, c’est moi »… et le récit n’en est que plus touchant… On s’identifie à cette jeune femme qui nous fait accoster aux rivages de l’enfance, nous rappelant combien le monde des grands peut-être étrange et déstabilisant, surtout lorsque leurs décisions pèsent sur notre quotidien… Evoluant subtilement au fil des pages, sa relation avec Andy je-sais-tout, sa « presque sœur », s’avère elle aussi joliment retranscrite et constitue l’un des charmes de ce roman graphique optimiste et revigorant…
Le trait faussement enfantin de la dessinatrice se trouve être d’une grande justesse quand il s’agit de retranscrire avec tendresse les émotions de la jeune Jen…
Entrecoupés du journal intime de Jen, souvent dessiné, l’histoire se lit avec un réel plaisir et, malgré sa pagination généreuse, on se laisse entraîner dans le quotidien de Jen et l’album se lit d’une seule traite…
La nouvelle vie de Jen nous entraîne avec tendresse et émotions dans le quotidien d’une jeune ado qui a perdu ses repères et va devoir apprendre à se reconstruire…
Fille de la ville, elle va devoir s’acclimater à la campagne, supporter les corvées de la ferme, son beau-père et ses « presque-sœurs »… Au fil des pages, elle va devoir apprendre à se reconstruire, à tisser de nouveaux liens et apprendre à connaître ces autres qui font désormais partie de sa vie… mais surtout, apprendre à se connaître, elle…
Le récit est d’autant plus touchant que l’autrice, Lucy Knisley, a puisé dans ses souvenirs d’enfance pour retranscrire avec justesse le ressenti de Jen. Un album optimiste et revigorant qui fait un bien fou en cette période étrange…