Avec l’assistance du vieil Olin, Indira espère pouvoir échapper avec son frère à la froide et implacable Dreams Factory. Difficile pour eux de savoir s’ils peuvent ou non faire confiance à Noah qui semble désireux de les aider à s’enfuir de cette fabrique de jouets merveilleux et féériques qui a les allures du bagne pour les enfants qui y ont le malheur d’y travailler…
Mais le temps des grands bouleversements semble venu et l’usine elle-même est en train de changer d’allégeance…
Replonger dans
Dreams Factory, c’est un peu explorer l’œuvre de Dickens revisitée à la sauce steampunk, façon la Cité des Enfants Perdus de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, comme le soulignait l’éditeur à la sortie du premier tome… D’ailleurs, force est de reconnaître que la B.O. du film, composée par l’impressionnant Angelo Badalamenti, s’avère idéale pour accompagner la lecture de ce diptyque envoûtant et sombrement poétique…
Le scénario concocté par Jérôme Hamon s’avère particulièrement aussi captivant que déroutant, avec cette délicieuse mise en abîme qui montre que l’histoire se répète, tragiquement, à l’infini… Les personnages auxquels le scénariste prête vie sont intrigants et complexes à souhait… La séquence d’introduction permet de mieux comprendre les tourments et les motivations d’Olin, qui rappelle étrangement à ceux d’Indira et de son jeune frère, Eliott… Et le tandem formé par Soham et Noah, inextricablement liés à l’usine, s’avère lui aussi tortueux à souhait… Sans l’usine, ils ne sont plus rien… Mais dans la Dreams Factory, que sont-ils sinon des prisonniers de cet étrange artefact ? Sans oublier Anton, en quête de rédemption, prêt à se sacrifier pour sauver les enfants qu’il a lui-même entraîné à travailler dans cette usine tentaculaire ?
Si ce second tome apporte son lot de réponses et de révélations, de nombreuses questions restent en suspens… à commencer par la nature de l’usine elle-même qui s’avère être un personnage à part entière, plus inquiétant encore que les autres…
Il fallait pour donner corps à ces personnages et à cette Dreams Factory un artiste particulièrement talentueux… Difficile de ne pas être subjugué par l’impressionnant talent de Suheb Zako… D’autant qu’il signe avec Dreams Factory sa toute première série ! Usant avec art des codes de l’anim japonaise, il nous livre des planches somptueuses sublimées par une colorisation lumineuse… Son trait retranscrit avec sensibilité les émotions exacerbées des différents protagonistes et la virtuosité dont il fait montre pour dynamiser les scènes d’action est tout juste bluffante…
Il suffit par ailleurs de contempler la couverture de l’album pour prendre la mesure du talent de ce dessinateur…
Comme il l’avait fait avec Nils, Emma et Capucine ou Green Class, Jérôme Hamon a une nouvelle fois su associer sa plume à un artiste au talent impressionnant…
Au vu des planches aussi somptueuses que lumineuses de l’album, il est difficile de croire que Suheb Zako signe avec Dreams Factory sa toute première série tant sa maîtrise des codes de la narration, des cadrages et du mouvement forcent l’admiration… Son dessin virtuose met en scène avec force les personnages tourmentés mus par des passions exacerbées créés par le scénariste et donne vie à cette tentaculaire Dreams Factory qui est loin d’avoir livré tous ses secrets...
Sous ses crayons et ses somptueuses couleurs, la lecture de l’album donne la furieuse impression de visionner une série d’animation au scénario captivant et au rythme haletant…
Est-ce qu’on n’est pas en train de faire une énorme bêtise ? ça nous fait combien ? Quarante-huit ? quarante-neuf ans ? Dehors, sans la magie de cet endroit, on serait vieux. Et tout l’argent du monde n’y changerait rien.Soham