L’Entité Noire vaincue, Marvin Rouge et Zakûtu pouvaient espérer se la couler douce… Mais le destin semble en avoir décidé autrement…
De tristes inconnus s’en prennent par vague au jeune lapin aux dents longues qui a tôt fait de les réduire en charpie… Bien vite, il faut se rendre à l’évidence : ses défunts agresseurs sont possédés par une entité puissante et inconnue bien décidée à occire Marvin… Dans un éclair de clairvoyance, notre héros un brin vantard et bas de plafond se dit que seul Orlandow, Shaman des Dragons, est le seul à même de comprendre ce qui se trame…
L’Entité Noire n’est plus mais l’avenir de Terra Amata, récemment reformée, est plus incertain que jamais…
Alors que les fans de la série et de ses spin-off avaient versé une petite larme sur la dernière planche de
la Fin du Donjon (et du tome 110, esprit taquin des auteurs oblige), pensant qu’il s’agissait là de la dernière pierre de cet édifice scénaristique aussi fou qu’ambitieux (et tellement jouissif !!!), voilà que, prenant les millions (???) de lecteurs et lectrices à contre-pied (voir en backstab !), les sémillants Joann Sfar et Lewis Trondheim nous proposent la suite, remettant pour l’occasion en selle le désormais célèbre lapin rouge et de son amante occasionnelle et partenaire aventureuse, j’ai nommé Zakûtu, le tout avec un titre qui s’achève comme il se doit par une jolie rime en -on… Vous pouvez respirer, la phrase est désormais achevée…
Avec leur narration enlevée, les auteurs s’amusent à introduire un nouvel ennemi (un grand ancien pas tout à fait mort ni tout à fait endormi, évidement tentaculaire, clin d’œil à l’œuvre de HPL -pour les intimes- et à
Donjon Antipodes) qui semble bien décidé à trucider Marvin Rouge, sans qu’on sache d’emblée très bien pourquoi… La construction scénaristique de Donjon donne indéniablement le vertige et si on a parfois l’impression que les auteurs lâchent littéralement la bride à leur imagination foisonnante… on a sans doute pas tout à fait tort…
Mais les scénaristes jettent joyeusement des ponts entre les différents albums, construisant au fil des tomes et de leurs inspirations un édifice étrangement (et vertigineusement) cohérent…
On se laisse totalement embarquer dans cette nouvelle aventure aux accents apocalyptiques (Crépuscule oblige !) avec une première partie déroutante où Marvin Rouge trucide à tour de bras des hordes de possédés qui ne font rien qu’à l’attaquer tout en dialoguant de façon délicieusement décalée avec Zakûtu … Mais, par un récit alterné rythmant l’album, le récit prend peu à peu corps, invitant dans la danse le Roi Poussière pour un final ébouriffant qui pourrait bien être l’amorce d’un nouveau cycle… Miam !
Ce tome 112 marque le grand retour d’Obion dans l’univers azimuté de
Donjon… Dans un style subtilement différent de
Révolution (
Donjon Crépuscule tome 106, il faut suivre un peu !!!), le dessinateur met en image le récit joyeusement déjanté avec trait foutrement dynamique qui lorgne par moment du côté du manga… Obion semble clairement s’être éclaté à (re)mettre en scène ces personnages et leurs aventures épiques et échevelées…
Donjon revient là où ne l’attendait pas ! C’est vrai quoi ! A l’issue du tome précédent de la sous-série Donjon Crepuscule (l’une des nombreux tentacules narratifs de l’hydre scénaristique imaginée par Sfar et Trondheim) le Donjon n’était plus qu’un tas de ruine…
Et c’est dans une ambiance post-apocalyptico-heroico-erotico-tantrique-fantasy que l’on retrouve Marvin Rouge, Zakûtu, Orlandow et le Roi poussière qui vont devoir unir leurs forces pour mettre fin aux sombres agissements d’une entité démoniaques qui a envoyé des hordes de possédés trucider Marvin Rouge qui n’avait rien demandé…
Le dessin enlevé d’Obion porte joliment cette aventure inattendue qui jette des ponts avec d’autres séries de… la série… C’est quand même vachement difficile de parler de Donjon… Mais à lire, c’est de la balle !
- J’en peux plus…
- Viens, on essaie de dormir quelques heures avant que ça recommence Parce qu’on va devenir dinguesCitation_auteur]dialogue entre Marvin Rouge et Zakûtu