Téhéran, 1953. Le monde a sombré dans la Guerre Froide. Lorsque le très populaire Premier Ministre iranien Mossadegh nationalise les puits de pétrole jusqu’alors exploités par la couronne britannique, il place l’Iran au centre la partie d’échecs qui opposent les grandes puissances.

Jean d’Arven, jeune ambassadeur en poste à Téhéran est fin connaisseur de la région. Il investit toute son énergie pour que la France ait son rôle à jouer dans cette partie du monde et, en coulisse, son ami Jacques se salit les mains pour faire servir au mieux les intérêts de son pays.

Mais tous deux ignorent que les Etats-Unis d’Amérique sont prêts à tout pour ne pas voir tomber l’Iran dans l’escarcelle du bloc communiste. Même à mandater la CIA pour financer un coup d’état intérieur contre un gouvernement démocratiquement élu…

Avec Iran, 1953, Tristan Roulot nous entraîne au cœur d’une époque complexe et dangereuse alors que le monde se déchirait entre les deux grandes puissances sur fond de guerre idéologique et économique.

Solidement documenté, son récit mêle personnages historiques et fictionnels de façon crédible et cohérente. Articulé autour d’un duo de personnages hauts en couleur que tout semble opposer mais qui sont unis par une solide amitié née dans leur jeunesse alors, qu’étudiants, ils préparaient tous deux le concours de Sciences-Po. Une amitié et sans doute bien plus… Mais ce n’était pas des choses que l’on avouait facilement à cette époque pas si lointaine. L’un est brillant, l’autre besogneux, mais tout deux ont à cœur de servir la France, ce qui ne sera pas chose aisée dans ce pays où différentes factions se battent pour le pouvoir et le contrôle du pétrole… Ce tandem à l’esprit désuètement chevaleresque, apporte une note d’humanité dans ce récit implacable où se joue le destin d’un peuple, sacrifié sur l’autel de l’économie et du profit.

Digne des meilleurs films d’espionnage, le scénario de Tristan Roulot s’avère rythmé par les différentes péripéties qui allait inéluctablement faire basculer le régime en place… Déjà vacillant, il est en passe de s’effondrer sous le travail de sape de la CIA qui ménage bien peu ses alliés français lorsque ses intérêts sont menacés. Et le jeu trouble du Shah d’Iran finira, on le sait, par se retourner contre lui et le contraindre à l’exil…

Le dessin réaliste de Christophe Simon colle parfaitement à ce récit historique, les couleurs d’Alexandre Carpentier lui apportant cette délicieuse touche désuète qui l’ancre dans son époque. Le dessinateur reconstitue avec minutie le Téhéran des années 50. Son travail sur les décors fourmillant de détails s’avère tout juste bluffant alors que sa mise en scène use avec pertinence du vocabulaire cinématographique pour mettre en scène des personnages particulièrement convaincants…

Premier tome d’une, nous l’espérons, longue série Iran, 1953 nous immerge dans le Téhéran des années 50, quelques semaines avant le coup d’état fomenté par la CIA et dont la tragique onde de choc est encore perceptible de nos jours.

Solidement documenté et complété par un captivant dossier, le scénario de Tristan Roulot retranscrit toute la complexité de l’époque alors que le pays devient l’enjeu d’une guerre de pouvoir et d’influence entre les deux grands blocs, une guerre dont le peuple iranien allait durablement faire les frais. Mêlant personnages historiques et fictionnels, son intrigue est construite autour de l’ambassadeur français dont l’attitude chevaleresque et le sens de l’honneur vont se heurter à la réalité, et de son acolyte, son chauffeur, secrétaire, homme de main et ami… et sans doute un peu plus…

Le dessin réaliste de Christophe Simon conjugué aux couleurs d’Alexandre Carpentier ancre quant à lui de façon crédible et cohérente ce récit complexe et alambiqué dans son époque…

Ce premier tome des Chroniques Diplomatiques s’avère passionnant et permet de comprendre ce qui s’est joué en Iran dans ces années 50…

Les Etats-Unis jouent un jeu dangereux. Faites ce qui est juste, mes amis. Empêchez le coup d’état. C’est votre devoir devant l’histoire.Roger, agent de la CIA