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Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie
Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie des échecs



Fiche descriptive

Biographie

Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie des échecs

Wagner Willian

Julian Voloj

Les Arènes

Les Arènes BD

02 Septembre 2021


22€

9791037504647

Chronique
Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie
La diagonale du fou

À 14 ans, il devient le plus jeune champion d'échecs américain de tous les temps. À 15 ans, il est sacré plus jeune Grand Maître du jeu.

En 1972, en pleine guerre froide, il dispute contre le Soviétique Boris Spassky ce que certains appellent la partie du siècle. À peine âgé de 29 ans, Bobby Fischer met à mal la suprématie russe sur les échecs à l'issue d'un combat rocambolesque.

Alors qu'il est assis sur le toit du monde, il choisit, au lendemain de sa victoire contre Spassky, de mettre un terme à sa carrière. Son existence devient alors erratique : Vivant comme un quasi-fugitif.
un excellent album!


La diagonale du fou
Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie des échecs, planche de l'album © Les Arènes / Voloj / WillianBobby Fisher découvrit les échecs à six ans, presque par hasard, lorsque sa sœur acheta le jeu pour un dollar dans un magasin de jouet… Alors qu’il n’était qu’un jeu parmi d’autres, ce plateau de 8x8 cases est rapidement devenu une passion pour le jeune Bobby, voir une obsession.

A quatorze ans, il devient le meilleur joueur des USA avant de devenir le plus jeune Grand Maître d’échecs, puis champion du monde en 1972, en battant Boris Spassky, mettant du même coup fin à la suprématie russe qui régnait sur le monde des échecs depuis près d’un quart de siècle. Refusant de défendre son titre, il l’abandonna à Anatoli Karpov trois ans plus tard…

Il ne reviendra aux échecs qu’en 1992 pour disputer le match retour contre Spassky dans une Yougoslavie alors sous embargo… Menacé de poursuite dans son pays, il termina sa vie en exil et sombrera dans le complotisme, l’anti-américanisme et l’antisémitisme.



Je n’étais pas né lorsque Fisher remporta son unique titre mondial en 1972. Mais mon père, passionné d’échecs, m’avait longuement parlé de ce joueur extravagant et fantasque qui sombra peu à peu dans la folie après avoir atteint le sommet du monde échiquéen…

Splendeur et misère d’un génie des échecs
Le portrait que nous en livre Wagner Willian s’avère aussi contrasté que le fut le joueur d’échec.

Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie des échecs, planche de l'album © Les Arènes / Voloj / WillianCôté lumineux il était un joueur aussi précoce que brillant doté d’une force tactique peu commune et d’attaques fulgurantes. Comme le soulignera Kasparov, champion du monde d’échec entre les années 1985 et 2000, l’apport majeur de Fisher aux échecs est le professionnalisme. Avant lui, peu de pays, parmi lesquels l’URSS, permettaient aux joueurs d’échecs de vivre de leur art. Ses revendications, bien souvent extravagante, ont indéniablement pesé pour que les meilleurs joueurs d’échecs puissent gagner leur vie grâce au jeu des rois. De plus, son action a fait souffler un vent de modernité salutaire sur l’organisation des tournois d’échecs.
Pour la petite histoire, Fisher mena une réflexion de fond sur les échecs, développant une pendule, la cadence Fisher, bien connue des joueurs d’échec, qui ajoute du temps à chaque coup joué et le concept des Echecs Aléatoires Fisher qui propose une configuration initiale aléatoire, répondant à des règles précises, qui permet aux joueurs d’exprimer leur créativité plutôt que la mémorisation des différentes variantes…

Côté sombre, il y a cette folie qui semble tapie dans l’ombre dès l’aube des années 60 et des premiers tournois des candidats auquel il participe et la lente marche vers ce « match du siècle » qui l’opposa à Boris Spassky. Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie des échecs, planche de l'album © Les Arènes / Voloj / WillianQuel match ! Fisher failli être disqualifié pour avoir refusé de se rendre sur place avant d’avoir obtenu satisfaction de ses délirantes revendications financières ! Après avoir perdu sa première partie de façon surprenante, il déclare forfait pour la seconde, hypothéquant gravement sa victoire future alors que ses exigences hallucinantes frôlent dangereusement la paranoïa… Mais lorsqu’il se met à jouer, il déstabilise littéralement le champion du monde en titre et remporte la mise… Les auteurs de l’album parviennent à retranscrire la tension de la partie mais aussi la façon dont cet affrontement s’inscrit dans le cadre politique en pleine Guerre Froide. Sa victoire écrasante sera pourtant le début de sa fin. Sombrant peu à peu dans le complotisme et un antisémitisme primaire allant de pair avec une fascination pour le nazisme, il rejoint une secte et perd peu à peu pied. Sa retentissante partie contre Spassky en 1992 le fait un temps sortir de l’ombre, avant qu’il n’y retourne jusqu’à sa sortie abjecte où on entendit Bobby Fisher se réjouir des attentats du 11 septembre, jetant à la face du monde sa haine des Etats-Unis et des juifs…

Un portrait en clair-obscur saisissant
Le dessin de Julian Voloj est sobre mais efficace. Les décors s’estompent bien souvent derrière les personnages et son interprétation de Bobby Fisher s’avère particulièrement crédible, retranscrivant avec force la passion qui anime Fisher. Le choix du noir et blanc s’avère des plus pertinent, évoquant tant les pièces du jeu que l’ambivalence du personnage, joueur brillant mais personnage sulfureux et rapidement infréquentable. Laissant les pièces du jeu d’échec faire irruption et envahir ses planches, les compostions de l’artiste allemand rappelant montre comment le jeu devint rapidement une véritable obsession pour le champion américain tout en soulignant de façon subtile son basculement dans la folie paranoïaque.
Bobby Fischer, l'ascension et la chutte d'un génie des échecs, planche de l'album © Les Arènes / Voloj / Willian
S’il fut un joueur brillant dont les revendications, certes excessives, ont indéniablement contribué à professionnaliser le monde des échecs, Bobby Fisher fut un homme sulfureux qui sombra peu à peu dans une paranoïa aigüe…

Après avoir mis fin à près d’un quart de siècle de domination russe sur le monde des échecs, il refusa de défendre son titre qu’il perdit au profit d’Anatoli Karpov avant de sombrer dans le complotisme, l’antisémitisme et l’antiaméricanisme…

Avec ce biopic édifiant, Wagner Willian et Julian Voloj esquissent le saisissant portrait en clair-obscur de cet homme qui fut l’un des plus brillants joueurs d’échecs de tous les temps, montrant sa lente ascension et sa chute, vertigineuse et pathétique…


Je m’inquiète pour mon fils. Ce jeu tourne à l’idée fixe. Il ne fait plus ses devoirs, seuls les échecs l’intéressent.Regina Wender, mère de Bobb Fisher

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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