Fiche descriptive Album pour Enfant Stephen Desberg Emilio Van Der Zuiden Fabien Alquier Bamboo Grand Angle 29 Septembre 2021 16€90
9782818978177 Chronique Aimer pour deux Le choix de Monique |
1941. Monique n’a pas vingt ans lorsqu’elle débarque dans le Paris occupé. Elle attire la lumière et se sait belle et désirée, bien décidée à vivre pleinement son insouciance jeunesse… Elle fait la connaissance de Francis, un homme rieur qui lui fait découvrir le Paris underground, le jazz et les fêtes nocturnes… Pour elle, il n’est qu’un bon ami. Mais elle sent qu’il attend plus d’elle et elle joue l’esquive… Mais un soir, après une nuit particulièrement éprouvante, elle finit par céder à ses tendres avances. Mais elle sait qu’elle ne l’aime pas et, comme lui a conseillé Gin, un pianiste noir homosexuel devenu son ami et confident, ne veut pas fermer la porte à l’amour lorsqu’il se présentera… Elle épousera pourtant Francis et ils auront ensemble une petite fille, Nicole… Mais comment aimer une petit fille non désirée qui nous empêche de vivre pleinement ? Un jour, Monique va croiser un soldat américain dont elle tombera amoureux. Entre l’amour et sa fille, Monique choisira l’amour… Au risque de le regretter, plus tard… le cruel dilemme d’une mère amoureuse Le scénariste du Scorpion, d’IR$ ou de Black Ops, Stephen Desberg nous entraîne dans un récit d’autant plus intimiste qu’il s’inspire de la vie de sa propre mère. Pour composer l’histoire, il a emprunté des éléments réels qu’il a mêlé à d’autres, imaginaires, pour accentuer la dramaturgie du récit. Le scénariste à succès retranscrit toute la complexité d’une époque troublée à travers la vie d’une jeune femme dont l’insouciance contraste avec force avec les tragiques évènements qu’elle va traverser et des différentes rencontres qu’elle fera dans un Paris subissant le joug de l’occupation.Parce que le sujet s’avère très personnel, Stephen Desberg fait montre d’une pudeur qui rend le récit plus touchant encore… Et qui nous permet de comprendre cette jeune femme qui, pour vivre son rêve, en arrive à abandonner sa fille, après avoir tenté tant bien que mal de décrypter ses sentiments, comprendre ses émotions et accorder ses choix avec ses aspirations… Le geste du père se sacrifiant pour que la femme qu’il a aimé, et qu’il aime sans doute encore, puisse s’accomplir en tant que mère est un magnifique acte d’amour… Construite par contraste, le personnage de Manon, femme en apparence libre et indépendante, nous montre une femme qui a fait le choix exactement inverse de celui de Monique et qui devra, elle aussi, en payer le prix fort… Avec subtilité, Emilio Van Der Zuiden met en musique la partition de Stephen Desberg avec ce trait dont l’élégance est soulignée par la colorisation soignée de Fabien Alquier. Son travail met en relief la fragilité et le manque d’assurance de Monique, traversée par des émotions bien souvent contradictoires. Les postures et les poses parfois théâtrales des différents protagonistes pourront un temps surprendre mais sont l’un des charmes de l’album. Aimer pour deux est un récit intimiste qui nous entraîne dan le Paris occupé des années 40 pour suivre les pérégrinations sentimentales d’une jeune femme éprise de liberté et qui va devoir choisir entre son rôle de mère et sa vie de femme. Connu pour ses scénarios à grand spectacle tel Black Ops ou le Scorpion, Stephen Desberg nous surprend en explorant un registre dans lequel on ne l’attendait peut-être pas. Et si son album est si poignant, c’est que pour composer son personnage principal, l’auteur s’est inspiré de la vie de sa mère qui fit cet étrange choix en apparence incompréhensible… Pourtant, au fil des pages, on apprend à comprendre Monique qui, après s’être laissé portée par les événements de la vie, décide de choisir quelle sera sa vie, avec tous les renoncements que cela comporte… Le dessin délicat Emilio Van Der Zuiden et les couleurs subtiles de Fabien Alquier mettent joliment en musique la partition subtile du scénariste, rendant l’album particulièrement touchant… Je n’avais parlé encore à personne de ce qui m’attendait… Francis, fou de joie à l’idée de m’épouser. Moi, étrangère à l’idée d’avoir un enfant et un avenir déjà tracé, déjà éteint.Monique
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