Jean Nomane passé des vacances paisibles et sans nul doute bien méritées en Corse avec Karen et Mattei, ses collaborateurs et amis.

Dans le parc d’un manoir de la banlieue lyonnaise, un journaliste travaillant sous couverture est tué à coup de batte de baseball après une course poursuite. Le manoir servait de quartier général à la branche française de la Fratrie, une secte de chrétiens fondamentalistes qui serait la résurgence de la Famille Lumineuse fondée par le pasteur américain Jonathan Werner et qui fut interdite pour des scandales de pédophilie.

Mais, s’il travaillait officiellement pour France 2, le journaliste officiait en réalité pour le Triumvirat. Si le crime a été habilement maquillé en accident de la route, son portable émet toujours depuis le parc du manoir. La mission du Rectificateur est de le récupérer afin d’en consulter le contenu. Mais Jean Nomane n’est pas dupe : il sait qu’il devra faire le ménage pour ôter à la secte tout pouvoir de nuisance…

Il apparait bien vite que la Fratrie prépare un attentat d’envergure destiné à faire élire l’un des leurs à la magistrature suprême…

Didier Convard a trouvé le filon avec son Triangle Secret mêlant avec habilité ésotérisme, histoire, religion et sociétés secrètes… Et le fait est que la recette fonctionne à merveille, c’est d’ailleurs celle d’un certain Da Vinci Code… Pour la petite histoire, le best-seller de Dan Brown a été publié 3 ans après le premier tome du Triangle Secret…

Au vu de la place qu’occupe le personnage dans d’autres spin-off de la série, il était presque naturel que Jean Noname, le Rectificateur, devienne le héros d’une série à part entière. Par ses aptitudes physiques et la vivacité de son esprit, il n’est pas sans rappeler le célébrissime héros de Ian Fleming. La relation qu’il a nouée avec Mattei, asperger à la mémoire éidétique et Karen lui apporte un relief intéressant et permettent à l’auteur de signer des dialogues savoureusement décalés. Dans le même esprit, le personnage délicieusement ambigu d’Henri Woster, agent de mission, donne lieu à des scènes fort amusantes qui viennent contrebalancer la noirceur du récit.

Mais c’est surtout l’intrigue et ce complot touchant les plus hautes sphères de l’état qui rendent le récit si intéressant. Car c’est un retentissant attentat le Rectificateur et son équipe vont tenter d’empêcher et l’apparence des dirigeant de cette fiction fortement ancrée dans le réel ne sont pas sans évoquer un Ancien président de la République et son fidèle ministre désireux de lui succéder… Le récit choral impulse un rythme soutenu à l’ensemble et la tension est savamment orchestré jusqu’à un dénouement digne des meilleurs thrillers politiques. Je verrais bien une chaîne de streaming telle Netflix s’emparer de la matière foisonnante imaginée par Didier Convard pour signer une série à grand spectacle…

Le dessin de Denis Falque a, paradoxalement, les qualités de ses défauts. Ses personnages sont un brin figés mais son découpage nerveux et cinématographique et son travail sur les perspectives architecturales dynamisent l’ensemble de façon particulièrement convaincante. De leur côté, les couleurs d’Angélique Césano s’inscrivent dans la lignée des différentes séries dérivées du Triangle Secret…

Rectificando est un nouveau spin-off du tentaculaire Triangle Secret. Série amorcée à l’aube des années 2000, cette dernière est conçue comme une série TV à grand spectacle mêlant dans un subtil dosage action, histoire, ésotérisme et religion. Ce premier tome met en sourdine la composante ésotérisme, remplacée par une dimension politique savoureuse, et explore des thématiques contemporaines en estompant avec malice la frontière existante entre réalité et fiction…

Agent du Triumvirat, le Rectificateur est envoyé sur des missions particulièrement dangereuse pour rendre présentable des faits qui, s’ils étaient révélés au grand public, causerait une sacrée pagaille… Intervenant dans de plusieurs séries de Didier Convard, le fait qu’il devienne le personnage principal d’une série à part entière apparait comme une évidence.

Digne des fims de James Bond, ce premier opus s’avère particulièrement convainquant d’autant que Didier Convard parvient à donner une certaine ampleur à son histoire au fil des pages grâce à un récit choral savamment orchestré et mis en image de façon percutante par le dessin si caractéristique de Denis Falque.

- Le Grand Architecte a créé le Paradis et la Corse du même élan. Voilà ce que j’appelle des vacances divines.
- Ne te réjouis pas trop vite, Jean, tu viens de recevoir un message crypté.
- Sous la classification V-R-7… Ce qui signifie que le Triumvirat a besoin de tes services patron.
- Aïe… Nous voici chassés du Paradisdialogue entre Jean, Karen et Mattei