18 janvier 2009. Barack Obama s’apprête à prêter serment et devenir le quarante-quatrième président des Etats-Unis. John Lewis se prépare à y assister… Que de chemin parcouru…
Alors que pour la première fois, un homme noir allait accéder aux plus hautes fonction, John Lewis se souvient de son parcours… de sa prise de conscience grâce aux sermons de Révérend Martin Luther King, des réunions organisées par le révérend James Lawson, de son engagement dans le Mouvement Américain des Droits Civiques, de l’usage de la non-violence pour entraîner une nécessaire prise de conscience et permettre à tout citoyen, blanc ou noir, de vivre dans la dignité aux Marches Civiques jusqu’à la loi du 6 août 1965 qui accordait enfin le droit de vote aux noirs, le tout ponctué par de brimades, d’insultes, de crachats, d’emprisonnement, de blessés et de morts.
Il est des albums dont la lecture s’avère indispensable. Wake ip America fait indéniablement partie de ceux-là…
Après avoir risqué sa vie pour défendre ses idées et la dignité des hommes noirs, John Lewis fait œuvre de pédagogie en proposant une bande-dessinée retraçant près d’un quart de siècle de lutte pour les droits civiques. Son témoignage s’avère particulièrement bouleversant et il est impossible de ne pas être admiratif devant le courage et l’abnégation de cet homme admirable et de tout ceux qui se laissèrent insulter et frapper parce qu’ils osaient revendiquer leurs droits et n’opposèrent à leur bourreau que leur amour et leur humanité.
Assisté de Andrew Aydin, John Lewis revient sur les grandes étapes de ce combat sans armes, ni haines ni violence, décrivant les grandes figures du mouvement, les différentes organisations, parfois opposées, qui fédérèrent et organisèrent les luttes ou les politiques qui en coulisse soutinrent leurs actions. La force du récit est de ne pas sombrer dans l’hagiographie de l’un ou l’autre des protagonistes mais simplement de préciser leur contribution à ce mouvement d’envergure, avec leurs zones d’ombres et leurs lumières, insistant sur les divergences de méthode ou sur les querelles d’égo qui ont parfois parasité le propos. A travers eux et les évènements auxquels ils ont pris part, les auteurs dressent le portrait tragique et saisissant de l’Amérique ségrégationniste en insistant sur la dimension politique et sur les tractations qui eurent lien en coulisse entre les différents protagonistes et qui finirent, après bien du sang et des larmes, aboutirent à l’égalité des droits.
Le dessin expressif de Nate Powell retranscrit avec force tant l’insoutenable tension de certaines séquences, la violence sourde des suprématistes blancs que l’espoir revigorant qui semble renaître alors que tout semblait perdu. Son découpage rend chaque scène particulièrement dynamique et nous entraîne au cœur du combat de John Lewis dont il nous fait partager avec force les convictions comme les doutes mais aussi et surtout sa foi inébranlable dans la justesse de son combat.
Dans Wake Up America, John Lewis, assisté par Andrew Aydin, nous raconte ses années de lutte, sans violence, au sein du Mouvement Américain des Droits Civiques.
De son éveil de conscience en découvrant Buffalo aux prêches de Martin Luther King ou de James Lawson, jusqu’au droit de vote qui fut l’aboutissement de son militantisme, à travers sa vie, c’est un quart de siècle d’engagement et de combat pour les droits et la dignité qui nous sont racontés avec force détails, de victoires revigorantes en revers cinglants, d’espoirs en désillusions et de tractations politiques en violentes représailles…
L’album fait œuvre de mémoire et nous brosse le portrait saisissant de l’Amérique ségrégationniste et des hommes et femmes qui ont œuvré à faire évoluer les lois et les consciences. Avec ce roman graphique, John Lewis fait œuvre de mémoire et passe le flambeau aux futures générations. Car si grâce à des hommes tels que lui les choses ont évolué, le meurtre de George Floyd rappelle que le chemin est encore long et semé d’embûches…
Nous voulions changer l’Amérique, en faire un pays différent, meilleur. Nous étions tellement nombreux à nous faire arrêter, qu’à mesure qu’ils nous conduisait vers la prison nous avons rempli absolument tous les paniers à salades de la police de NashvilleJohn Lewis
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