Hellé Nice. Un nom étrangement inconnu du grand public alors même que la jeune femme, de son vrai nom Hélène Delangle, a marqué les années folles et l’histoire du sport automobile de son empreinte.

Née le 15 décembre 1900, elle servi de modèle au peintre René Carrère avant de devenir danseuse de cabaret puis, par un heureux concours de circonstance pilote automobile. En quelques années, elle allait battre le record de vitesse féminin, des records d’endurance par équipe et même rivaliser avec les meilleurs pilotes masculins sur de prestigieux circuits.

Calomniée par un concurrent éconduit après la seconde guerre mondiale, elle fut lâchée par ses sponsors et finit sa vie dans l’indifférence et la pauvreté à Nice, en 1984…

Libre et indépendante, Hellé Nice fait partie de ces personnages hors norme qui devrait voir leur nom figurer en bonne place dans les livres d’histoire. Et pourtant, malgré ses nombreux records, son nom a été effacé des mémoires du sport automobile… Est-ce du fait des ragots colportés par Chiron, un pilote trop entreprenant qu’elle avait éconduit ou parce qu’elle fut une femme qui plus est libre et indépendante ? Difficile de ne pas mettre son sort en parallèle de celui de la sulfureuse Violette Morris qui sombra elle aussi dans l’oubli malgré un palmarès impressionnant…. Il est par ailleurs étrange de penser que ce qui fut possible dans les années 30, voir des pilotes masculins et féminins disputer les même grands prix, semble relégué aux oubliettes de nos jours alors que rien ne semble empêcher une femme de conduire une Formule 1, sinon la peur des mâles de se faire damer le pion…

Féministe avant l’heure, femme courageuse qui prit de grands risques à une époque où la sécurité était encore trop souvent négligée dans le sport automobile, Hellé Nice a tout d’un personnage de roman et son destin tout à la fois tragique et romanesque méritait indéniablement qu’on lui consacre un album, ne serait-ce que pour la sortir de l’oubli ou elle est injustement tombée…

Inspiré par les courbes vertigineuses de la jeune femme et par celles des bolides, Bugatti en tête, Guiseppe Manunta nous livre une fois encore des planches d’une grande beauté. Eminemment sensuel, son trait nous plonge dans la France des Années 30 avec force détails et retranscrit avec force la passion de la vitesse qui animait la jeune femme, devenue sous ses crayons et ses pinceaux, héroïne de BD. Si les planches sont magnifiquement composées, rehaussées par des couleurs chatoyantes et lumineuses, l’artiste propose de superbes crayonnés aux teintes sépias pour les flashbacks qui viennent ponctuer son histoire. Cela permet de mieux apprécier ses talents de dessinateur.

Guiseppe Manunta nous propose une biographie dessinée de la pétillante Hellé Nice, femme libre et indépendante qui, après avoir servi de modèles aux artistes de l’époque devint danseuse de cabaret avant de devenir pilote automobile, de battre des records de vitesse ou d’endurance et de rivaliser sur les circuits avec les pilotes masculins…Mais, après avoir connu la gloire sur les circuits, elle mourut dans la misère après avoir été calomniée par un mâle éconduit et avoir été lâché par ses sponsors…

Le trait sensuel et les superbes couleurs de l’artiste italien immergent les lecteurs dans les foisonnantes et insouciantes années folles et mettent en scène une héroïne aux courbes aussi affriolantes que les bolides qu’elle conduit, rendant un vibrant hommage à son courage et à son talent…

- Qu’aimez-vous dans la conduite ?
- la solitude et avoir un but.dialogue entre Hell Nice et un journaliste