Pour Nao, son grand-père était un formidable compagnon de jeu et un conteur d’histoire hors pair. Et quand il meurt brutalement d’une crise cardiaque, le garçon se sent seul au monde et reproche à sa mère, Aiko, de ne pas être aussi triste que lui…

Le soir, elle lui explique qu’elle comprend son chagrin car il y a bien longtemps, lorsqu’elle avait son âge, elle a perdu sa sœur, Naora. La tristesse et la colère étaient alors entrés en elle et l’Ombre avait pris possession d’elle… Elle parle alors à son fils de ce voyage intérieur et de ce combat qu’elle a dû livrer à l’ombre pour accepter la tragique disparition de cette sœur tant aimée et apprendre à vivre avec son souvenir, en paix avec elle-même…

Parce qu’elle est inacceptable et intolérable, la mort est difficilement conceptualisable pour un jeune enfant qui se sent impuissant et prend conscience que ceux qu’il aime peuvent disparaître. A travers ce récit sensible et délicat, Elodie et Xavier Betaucourt nous invitent à un conte métaphorique traitant de la disparition, du deuil et de la résilience…

Le dessin d’Elodie Garcia, qui signe avec le Silence et l’Ombre un premier album particulièrement touchant, est une petite merveille de douceur et de sensibilité. Dès la couverture, elle nous entraîne dans son univers. La première planche est un moment d’insouciance poignant et de pur bonheur, retranscrit en trois cases à peine. La seconde bascule d’emblée dans le drame, non sans pudeur et retenue… L’incompréhension de Noa fait peine à voir et son ressenti nous entraîne avec plus de force encre dans le récit que va faire sa mère sur la façon dont elle avait affronté la perte de sa sœur alors qu’elle n’était qu’une enfant…

Dessin et histoire sont ainsi en parfaite osmose et le récit s’avère pour le moins bouleversant et suffisamment sibyllin pour que chacun puisse y projet ses angoisses et ses questionnements, laissant à tout un chacun le soin de s’approprier ce conte touchant et poétique. En plus d’être un récit sensible qui nous entraîne dans le monde intérieur d’un enfant, l’album pourra être un salutaire inducteur de parole pour de jeunes lecteurs qui ne parviennent pas à mettre des mots sur leurs maux…

Le dessin sensible et délicat d’Elodie Garcia est au diapason de ce récit écrit à quatre mains avec Xavier Bétaucourt à qui l’on doit notamment la Pyramide de Ponzi (avec Nathalie Ferlut) ou Four Ramones (avec Eric Cartier).

Conte allégorique traitant du deuil et de la résilience, le Silence de l’Ombre aborde avec finesse un sujet délicat. L’album pourra servir d’inducteur à la parole pour aider un enfant venant de perdre un proche à mettre en mots la douleur et la tristesse qui est sienne…

- Il faut que tu dormes maintenant.
- - J’ai pas envie.
- - Tu verras, demain ça ira mieux.
- - Qu’est ce que tu en sais ?
- - Moi aussi j’ai connu cette sensation où tout est glacé, noir.
- - Non, tu sais pas.
- - Je vais te raconter quelque chose. C’était il y a bien longtemps.dialogue entre Nao et sa maman