Jeune inspectrice prometteuse, Karmela Krimm était promis à un brillant avenir dans la police de Marseille… Mais, suite à une opération ayant mal tourné, elle décide de porter le chapeau pour protéger son binôme qui n’est autre que sa sœur… Après avoir perdu sa place et ses illusions, elle s’est reconvertie en détective privée et navigue en eau trouble…

En ce jour d’hiver enneigé, Karmela a donné rendez-vous à sa filleule pour faire un bonhomme de neige… Alors qu’elle l’attend sur le Vieux Port, la détective est intriguée par un étrange ballet de drones, au dernier étage d’un immeuble cossu… En zoomant avec son appareil photo, elle comprend qu’un cambriolage est en train de se dérouler. Après avoir prévenu ses anciens collègues de la police, la détective ne peut résister à l’envie d’y jeter un œil…

Après avoir promptement assommé l’un des cambrioleurs, elle voit ses complices s’emparer d’une toile de maître et des objets de valeur se trouvant dans l’appartement et tombe sur le cadavre encore tiède du propriétaire… Rapidement repérée, elle parvient comme elle peut d’échapper à ses poursuivants armés… Mais elle n’est pas du genre à en rester là…

La police étant immobilisée par les intempéries, c’est elle qui va se charger de cette dangereuse enquête…

Après avoir crée avec Stéphane Oiry Maggy Garrisson, détective privé jubilatoirement politiquement incorrecte, le prolifique et éclectique Lewis Trondheim récidive avec Karmela Krimm, détective au féminin dont l’itinéraire n’est pas sans évoquer celui d’un certain Léo Loden (du tandem Arleston / Carrère) qui fut peut-être l’un de ses collègues avant de devenir l’un de ses concurrents… Mais, loin de l’humour potache et des situations rocambolesques de Loden, Karmela Krimm s’inscrit dans une veine sociale et réaliste.

La série repose sur un trio attachant formé par la détective, Manon, sa filleule sympathique et débrouillarde un brin envahissante et Tadj, diplômé en marketing reconverti en garde du corps pour délit de faciès. Leurs relations, retranscrites avec finesse par le truchement de dialogues ciselés et percutants, est indéniablement l’un des atouts de cette série policière entraînante qui nous plonge avec finesse dans les ruelles animées (et ici enneigées !) de la Cité Phocéenne, s’écartant des sentiers battus et des avenues balisées… Car si cette nouvelle enquête s’avère parfaitement ficelée et, à l’instar d’un Alain Dodier et de son Jerome K Jerome Bloche, elle est d’autant plus intéressante et immersive que les personnages s’avèrent travaillés et, par là-même, particulièrement crédibles. Alors que le premier tome montrait comment Tadj, le garde du corps d’origine Comorienne, et Karmela, détective aux origines multiples, ont appris à se connaître et à s’apprivoiser, le second continue de développer et étoffer ce fil rouge qui relie les albums entre eux tout en proposant, une fois encore une enquête auto-conclusive…

Après avoir signé les dessins de l’un des tomes du déjanté Infinity 8, Franck Biancarelli retrouve donc Lewis Trondheim pour mettre en image ce polar parfaitement calibré. Son trait réaliste colle aux ambiances urbaines de l’histoire alors que ses cadrages bougrement efficaces servent remarquablement bien le propos et que ses crayons expressifs parviennent à insuffler cette humanité nécessaire pour rendre crédible chacun des personnages qu’il met en scène, à commencer par Karmelia dont on devine des blessures anciennes.

Karmela Krimm est un polar social et réaliste captivant concocté par les éclectiques et talentueux Lewis Trondheim et Franck Biancarelli.

Dans ce second tome, alors que les forces de police sont immobilisées par les intempéries, Karmela, ex-flic reconvertie en détective privée, va, avec l’aide de sa filleule et de Tadj, garde du corps imposant mais sympathique, enquêter sur un cambriolage assorti d’un meurtre. Une bien étrange affaire qui trouvera sa conclusion à quelques encablures de Marseille.

Après un premier tome particulièrement convaincant placé sous le signe du bleu, nous retrouvons Karmela dans une Cité Phocéenne revêtue de son blanc manteau pour une nouvelle enquête solidement charpentée mettant en scène des personnages qui s’incarnent grâce au travail sensible du dessinateur et au dialogues percutants du scénariste…

- Bonjour, monsieur, pourriez-vous me prêter de la ficelle, s’il vous plaît ? Je dois…
- Non !
- C’est pour attacher un cambrioleur qui était…
- Ouais, ouais, je prête rien aux arabes, c’est clair ? On vous prête ça, vous prenez ça.
- (pointant un flingue sur le fleuriste) C’est plus fort que moi. Mon sang arabe me dit de te voler de la ficelle. En plus j’aurais pu voler ta caisse mais nous, les arabes, on est trop cons.dialogue entre Karmela et un fleuriste