Georges Angell, le grand-père de Francis n’est plus. Peu après l’enterrement, sa mère l’informe qu’elle souhaite vendre le Elder Books, la librairie ésotérique de son grand-père, chargée de tant souvenirs.

Alors que Francis est hanté par d’étranges rêves où lui apparait un énigmatique Roi en Jaune et qu’Antonia et Lily, nouvelle et ancienne amie de l’ado, s’interrogent sur Howard, l’ami de Francis qu’elles n’ont jamais vu, ce dernier s’efforce de redonner le sourire à Francis…

Une nuit, tous deux s’introduisent dans la librairie pour récupérer quelques-uns des plus précieux grimoires de son grand-père… Parmi d’autres livres anodins, ils trouvent un étrange grimoire, The King in Yellow… Mais voilà que deux acheteurs potentiels, membre de l’inquiétante Arkham Occult Society, débarquent dans la librairie, récupèrent le grimoire et défient Francis d’expliquer à sa mère qu’il s’est introduit par effraction dans la librairie pour y dérober les livres de son grand-père…

Les arpenteurs des Sentiers de l’Imaginaire savent combien le premier opus du Cercle de Providence qui revisitait l’œuvre inquiétante et tentaculaire d’H.P. Lovecraft en la remettant au goût du jounous avait positivement enthousiasmé par son audace iconoclaste… C’est donc avec impatience que nous attendions ce second opus pour voir comment les auteurs allaient poursuivre leur récit. Comme la couverture et le titre pouvait le laisser entendre, le grand Cthulhu, vaincu dans le tome précédent, abandonne la place à son demi-frère et rival, le Roi en Jaune, création de Robert W. Chambers revisitée par le Maître de Providence et intégré au Mythe de Cthulhu…

Dans ce second tome, la talentueuse Anne-Catherine Ott associe sa plume à celle de Sébastien Viozat pour tisser un récit particulièrement envoûtant… Il faut dire qu’en plus de s’appuyer sur l’œuvre tourmentée de Lovecraft, la série repose sur des personnages particulièrement attachants : Francis, Antonia et Howard, l’énigmatique ami de Francis qui pose bien des questions, tant et si bien que deux amies de Francis s’interroge sur son existence même… Est-il la création de l’esprit tourmenté de Francis ou existe-t-il réellement ? La réponse s’avèrera plus alambiquée que ces deux hypothèse et Howard, personnage aussi complexe qu’intéressant, s’avère être l’un des principaux ressorts dramatiques de ce second tome du Cercle de Providence… Truffé de références à l’œuvre de Lovecraft (du prénom de l’ami imaginaire -ou pas- de Francis en passant par le nom de son défunt grand-père emprunté au George Gammell Angell de la nouvelle l’Appel de Cthulhu…). En retranscrivant avec finesse ce climat si particulier qui règne dans les écrits horrifiques et tentaculaires de H.P. Lovecraft tout en modernisant radicalement l’intrigue, les deux auteurs font souffler un vent de fraîcheur (et de folie) revigorante sur le mythe

Anne-Catherine Ott fait une nouvelle fois montre de ses talents de dessinatrice. Son sens du cadrage rend le récit plus entraînant encore alors que ses digressions caricaturales lui permettent de camper des personnages particulièrement expressifs en mettant en scène avec efficience leurs différentes émotions. Ses scènes oniriques s’avèrent aussi fascinantes qu’immersive et son découpage ciselé nous offre un final impressionnant de maîtrise. La douceur des couleurs de Kathrine Avraam contraste subtilement avec ses jeux d’ombres et de lumières, rendant l’intrusion du fantastique plus inquiétante et déstabilisante encore… Reprenant le motif du cercle et composée comme une affiche de film, la couverture de l’album est une fois encore bougrement efficace et accroche d’emblée l’œil du chaland…

Après un premier tome particulièrement enthousiasmant, nous nous sommes replongés avec un réel plaisir dans la petite ville de Providence si chère aux joueurs de l’Appel de Cthulhu, jeu de rôle emblématique et fascinant publié par Chaosium à l’aube des années 80.

Alors que Sébastien Viozat est rejoint à l’écriture par Anne-Catherine Ott qui assure par ailleurs les élégants dessins de l’album, on retrouve un jeune Francis désireux d’empêcher la vente du Elder Books, la librairie ésotérique de son défunt grand-père… Mais d’étranges acheteurs semblent prêts à tout pour mettre la main sur the King in Yellow, un ouvrage dangereux et sulfureux grâce auquel le Roi en Jaune espère bien pouvoir reprendre le trône qui lui est dû…

Revigorante réécriture contemporaine du Mythe de Cthulhu de H.P. Lovecraft, ce second tome du Cercle de Providence rempli toutes les promesses du premier opus, bien que l’album s’achève sur une note délicieusement mélancolique… Alors oui, c’est une série pour ado, mais c’est réellement excellent même si vous avez passé la date de péremption …

- Là ! J’en étais sûr !
- Ah ouaip, le roi en jaune, je m’en souviens. Avec une couverture et une odeur pareille, ça cause forcémment de Cthulhu ou de ses potes. Howard… Comment tas pu trouver ce bouquin aussi vite ?
- Le flair, mon cher ! Lamour inné du livre ancien.dialogue entre Howard et Francis