Sept ans se sont écoulés depuis les tragiques et rocambolesques évènements survenus à Dark Meat City. Vinz et Angelino mènent désormais une vie presque ordinaire dans le paisible quartier de Rios Rosas. Vinz travaille dans un restaurant et Angelino comme livreur en scooter (et toujours sans casque) dans un sushi-bar… Mais, le jour du Natsu Matsuri, fête japonaise célébrant le milieu de l’été, leur vie allait définitivement basculer…
Lino venait prendre livraison de sa prochaine commande, en profitant pour faire du gringue à Nana avec qui il a un énorme crush, lorsqu’une bande d’exités armés jusqu’aux dents et persuadés que le restaurant sert de plaque tournante à un trafic d’enfants entrent et massacrent tout le monde… Une fusillade dantesque s’engage alors et Lino descend un à un les assaillants jusqu’au supposé commanditaire qui se trouvait avec son garde du corps dans une berline garée non loin de là…
Devenu ennemi public n°1 alors même qu’il était en légitime défense, il n’a d’autre solution que d’acheter une épave roulante pour se faire la malle, entraînant, presque malgré lui, Vinz dans sa cavale à travers la Californie à la recherche de Willy dont ils sont sans nouvelles depuis près de 7 ans et dont il pense qu’il est le seul à même de les aider à disparaître…
A peu près au même moment, un satellite chinois censé servir de relais de communication entre la Terre et la face cachée de La lune est pulvérisé, confirmant aux autorités américaines que les Machos, dont l’existence a été prudemment passée sous silence, laissant libre champ aux complotistes de tous poils, se seraient repliés sur le satellite naturel…
Avec son premier album ( Mutafukaz premier du nom), Run s’est taillé un nom dans le monde de la BD. Après avoir décliné son univers sombre, violent, azimuté mais totalement sous contrôle dans divers spin-off, un film d’animation décapant et un savoureux reboot assaisonnée à la sauce western, voilà qu’il revient avec une suite jubilatoire et tout aussi déjantée que le précédent opus…
On retrouve donc nos deux héros malgré eux qui vont se replonger jusqu’au cou dans les emmerdres à cause d’une bande de tordus intoxiqués par les fake-news pullulant sur les réseaux sociaux et qui plus est possédant des armes de guerre chargées ras la gueule. Run n’a pas son pareil pour tisser une histoire truffée de scènes d’action d’anthologie, de dialogues irrésistibles et de situations improbables… Improbables ? Pas tout à fait… Car le scénariste prend comme de coutume son inspiration dans l’air du temps, brossant un portrait cynique mais tragiquement lucide de la face sombre de l’Amérique, s’interrogeant sur les fake-news et les théories du complot qui pullulent sur le net, alimentés par les crises qui se succèdent à un rythme désormais effréné…
Leurs retrouvailles avec Willie, leur encombrant ami qui a une fois de plus trouvé moyen de se fourrer dans de inextricables embrouilles, s’avère totalement barrée et donnent lieu à de savoureuses scènes burlesques… Lancés dans un road-movie à travers la Californie, Vinz et Lino ignorent qu’à une échelle qui les dépasse, le monde est en proie à des dangers bien plus grands… et tout laisse à penser qu’ils vont se retrouver au cœur du maelstrom !
Comment ne pas être impressionné par sa virtuosité graphique de l’auteur et par son indéniable sens du rythme ? La fusillade du sushi-bar est le mélange parfait entre violence sanguinolente, action débridée et humour féroce et décalé… Chaque plan est une petite merveille d’efficacité et sert remarquablement bien l’action alors que le subtil et audacieux mélange de styles, l’un très cartoonesque pour les deux héros involontaires et l’autre s’inscrivant dans une veine plus réaliste pour tout le reste, fonctionne une fois encore à merveille et rend l’album incroyablement fun et follement dynamique.
Après plusieurs spin-off se déroulant dans le même univers, un film d’animation et reboot à la sauce western, Mutafukaz (ou plutôt M.F.K, changement de pavillon éditorial oblige) est de retour pour une seconde saison toujours aussi fun et jubilatoire.
La vie ordinaire et presque paisible de Vinz et Angelino allait voler en éclat lorsqu’une bande de tordus biberonnées aux fake-news débarquent dans le sushi-bar où Lino travaille comme livreur pour mitrailler à tout va à coup de fusils d’assaut… Comme on s’en doute, Lino n’est pas du genre à se laisser buter sans réagir… Et lorsqu’il tombe sur un gun tout droit venu des cuisines, ça va défourailler sec ! Contraint de fuir les autorités qui ont fait de lui l’ennemi public numéro 1, Lino et Vinz vont sillonner la Californie à bord d’un camping-car délabré à la recherche de Willy, seul à même selon Lino à pouvoir les sortir de cette épineuse situation…
Le dessin dynamique et virtuose de Run sert avec une redoutable efficacité son récit irrésistible, rocambolesque et déjanté qui met en lumière les zones les plus sombres de l’Amérique et les travers de notre temps : fakenews, théories du complot, politiques extrémistes et autres mensonges d’état…
Si vous n’avez pas lu Mutafukaz, lancez-vous sans tarder dans M.F.K 2… Si vous l’avez lu, inutile de vous parler d’avantage : vous êtes déjà convaincu… Alors certes, cet album truffé de références, de réparties cinglantes, de fusillades débridées, de poursuites déjantées, de séquences azimutées, de fausses pubs et autres add-on savoureux est, comme le souligne l’auteur, à réserver à un public averti… Mais, franchement, quel putain de pied !
- Nan, t’es pas sérieux ! Tu comptes quand même pas chercher Willy pour trouver de l’aide ?
- Willy s’y connaît en disparition. Voilà sept ans qu’il s’est éclipsé, sans que personne ne l’ai jamais retrouvé !
- C’est surtout que personne ne l’a cherché… J’arrive pas à croire qu’on soit en train de parler de lui.
- C’est notre pote, non ?
- Avec des potes comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis.dialogue entre Vinz et Lino
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