Justin Kemppainen revisite le chef d’œuvre minimaliste de Seiji Kanai en l’accommodant à la mode Star Wars…
Règles et matériel
Une fois la jolie boîte éventrée, on trouve à l’intérieur un joli sac en velours carmin où n’apparait étrangement pas le nom du jeu mais juste le dessin du palais que les aficionado de l’univers de Star Wars reconnaîtront comme étant celui de l’implacable et cruel Jabba le Hutt… A l’intérieur, de sympathiques jetons très agréables à manipuler, des cartes personnages représentant des personnages emblématiques du
Retour du Jedi joliment mises en images par les talentueux Samuel R. Shimota et Jasmine Radue et de précieuses aides de jeu.
L’ensemble s’avère très sympathique et agit d’emblée comme une madeleine de Proust pour les amateurs de la saga… Très synthétique, la carte Aide de Jeu s’avère bien pensée si ce n’est qu’elle aurait pu reprendre l’iconographie des cartes indiquant par des ronds verts le nombre d’exemplaires de la dite carte existant dans le jeu. De même l’iconographie de chaque faction (Rebelles et Jabba le Hutt) aurait pu être de la même couleur dans le texte des cartes comme dans l’aide de jeu… On y aurait gagné en cohérence comme en lisibilité… Mais cela reste un petit détail puisqu’après une partie, on connaît parfaitement le nombre d’exemplaire de chacun des personnages et leur effet.
Le (petit) livret de règles (16 pages tout de même !) explique de façon claire les différents rouages de ce jeu minimaliste… Bref, on peut rapidement se lancer dans la première partie !
Contenu de la boîte : 19 cartes personnages répartis en deux factions, 4 cartes missions, 1 sac en tissu, 13 jetons victoire et, pour chacun des 6 joueurs, 6 cartes Référence (résumant les pouvoirs des différents personnages, leur valeur et le nombre d’exemplaire du même type)
Déroulement d’une partie
Mise en place
La mise en place du jeu est d’une complexité dingue : une carte Mission est dévoilée, les cartes Personnage sont joyeusement mélangées, l’une d’elles est retirée du jeu pour la manche et chaque joueur reçoit une carte Aide de Jeu ainsi qu’une carte personnage…
Déroulement
Je me dois de laisser la parole à maître Yoda qui souhaite ardemment expliquer le déroulement d’une manche…
A ton tour de jeu, piocher une carte tu dois (et se retrouve avec… passez-moi le boulier… 2 cartes en mains).
Une des deux cartes de ta main jouer devant toi tu dois. En appliquer les effets il faut.
Le joueur suivant jouer doit.
Fin de Manche
La manche s’achève si l’une des conditions suivante est remplie : tous les joueurs sauf 1 sont éliminés (le joueur restant remporte la manche) ou la pioche est épuisée et c’est alors le joueur encore en lice possédant la carte de plus haute valeur qui remporte la manche et marque 1 jeton de Victoire.
Fin de Partie
La partie s’achève quand un joueur possède le nombre de points de Victoire déterminé par le nombre de joueur. Ce dernier remporte bien évidemment la partie !
l’Avis de la Rédaction
Love Letter est sans doute le jeu qui a fait découvrir au grand public le
jeu minimaliste dont les japonais sont si friands. Décliné depuis en version
Lovecraft Letter (superbement illustré par Maître Vincent Dutrait),
Munchkin,
Batman,
le livre des 5 Anneaux,
le Hobbit,
Time Adventure,
Princess Princess (de . O'Neill) ou, plus récemment,
Marvel,
Marine joue à Love Letter,
Love Letter chez les Ch’tis et autre
Monopoly Love Letter… Bon, il est possible que ce soient glissés dans la liste quelques intrus… Mais pas tant que ça tant ce nano-jeu de cartes a inspiré des créateurs amateurs sur le net…
Le principe est tout à la fois
simple et fascinant : la seule action à effectuer à chaque tour est de prendre une carte, de choisir entre les deux que l’on possède laquelle on va jouer devant soi pour en appliquer l’effet. Le but est d’éliminer ses adversaires, car à la fin,
il ne peut en rester qu’un… (tiens, il n’y a pas encore de Love Letter Highlander ? Avis aux amateurs…).
Et ce mécanisme unique nous offre
un jeu de bluff et de déduction plein de malice qui a en outre l’avantage de pouvoir s’emporter partout pour jouer dans un train, sous la tente, sur un coin de table ou dans un bobsleigh… D’autant que
le packaging s’y prête, indubitablement !
L’
univers Star Wars est joliment exploité et les pouvoirs attribués à chacun des personnages, premiers rôles comme seconds blasters, s’avèrent cohérents et renforcent la thématique. L’idée des
deux factions s’avère aussi bougrement malin, certaines cartes ne pouvant s’attaquer qu’à la faction adverse, ouvrant à d’autres stratégies… Si Jabba le Hutt est encore en jeu, si on hésite entre deux cartes dont l’une est de la faction Rebelle, cela peut clairement faire pencher la balance !
Certains esprits chafouins pesteront contre l’
aspect éliminatoire du jeu… et il est vrai qu’il est horripilant de se faire boulotter par le Rancor en début de manche ou dézinguer par le sympathique Jabba ou l’infâme Luc Skywalker (mais qu’est-ce que je dis-moi ?)… Mais les manches étant somme tout assez rapides, on ne s’ennuie guère longtemps. De plus, comme au poker, il n’est pas inintéressant d’
observer les joueurs encore en lice pour tenter de les percer à jour et comprendre leur manière singulière de réfléchir…
Bien qu’en nombre réduit (4 à peine),
les cartes missions viennent faire souffler un
vent de fraîcheur revigorant sur les mécanismes de
Love Letter en modifiant les conditions de victoire lorsqu’une partie s’achève non pas faute de combattants mais sur une pioche épuisée… Ainsi si la mission Son Excellence (à juste titre chaudement recommandée par la règle pour découvrir le jeu) offre la victoire au joueur encore en lice possédant la carte la plus élevée dans la main. La Cour de Jabba l’accorde à celui totalisant le plus de points parmi les cartes jouées devant lui appartenant au clan des Hutt. La Mission de Sauvetage est donné au joueur totalisant le plus de force rebelle devant lui. Mon Genre Racaille accorde la victoire aux deux joueurs possédant respectivement la carte de plus forte Rebelle et Clan Hutt… Mine de rien, ça modifie la façon d’aborder la partie et
infléchit subtilement la façon de jouer de chacun…
Justin Kemppainen revisite le chef d’œuvre minimaliste de Seiji Kanai et le transpose dans l’univers de Star Wars, époque Retour du Jedi…
Les pouvoirs attribués aux personnages de la saga étant plutôt cohérents (mention spéciale à Han Solo), la thématique fonctionne plutôt bien et l’on retrouve toute la finesse et la malice du Love Letter original et les modifications apportées aux personnages, par ailleurs divisés en deux factions rivales, confèrent au jeu une saveur unique et subtilement différente de son romantique ancêtre…
Love Letter, le Palais de Jabba propose une excellente variation et la mécanique épurée concoctées par l’auteur japonais s’avère toujours aussi jubilatoire et ludiquement envoûtante !
On aime...
une thématique madeleine de Proust bien exploitée
l’aspect minimaliste
idéal pour voyager dans toute la galaxie
excellent à deux comme à plus
les parties funs et rapides
On n'aime pas...
l’aspect éliminatoire pourra en rebuter certain (mais ça ne dure guère longtemps !)