Mai 68… Alors qu’étudiants et forces de l’ordre jouent à la guérilla urbaine dans les rues de Paris, la mère de Jean décide de quitter précipitamment la capitale pour le Beaujolais…
Portant une jambe de bois, elle est dotée d’une personnalité peu commune : ses sautes d’humeur sont coutumières et ses coups de gueule pour le moins impressionnants… Après avoir fouillé le sac et la chambre de sa mère et trouvé de faux papiers, un revolver et message sibyllin, san doute codé, Jean en est persuadé : sa mère est une espionne… Mais au service de qui ?
Un jour, le garçon découvre un imposant géant en train de vider le frigo familial. Lorsqu’il entend un bruit, craignant la réaction de sa mère si elle venait à le découvrir, Jean le cache sans réfléchir dans la cave de la maison… Il aura avec lui de nombreuses discussions lorsqu’il lui apportera les provisions subtilisées pour lui… Poursuivi par tout ce que la région compte d’uniforme, Herman lui contera son histoire et aidera Jean à faire la lumière sur le mystérieux passé de sa mère…
Le monde des adultes est, pour les enfants, empli de mystères insondables. Et avec une mère telle que celle de Jean, taiseuse, dotée d’une jambe de bois, capable de colères homériques et craignant la guerre civile tout en ayant une foi inébranlable en De Gaulle, en matière de mystères, il y a de quoi faire !
Pour leur premier album, Maby, au scénario, et Valentin Maréchal, au dessin, font montre d’un indéniable talent de conteur et de metteur en scène… La grande originalité de l’album réside tout d’abord dans ces personnages iconoclastes et interlopes… Il y a bien sûr tout d’abord cette mère hallucinante dont le caractère bien trempé sous-tend le récit… Sa clope toujours visée au bec, sa façon de conduire, pied au plancher, pour palier à son handicap, de faire la poussière du haut d’une échelle branlante, ses regards durs et soupçonneux, sa peur des hôpitaux et des médecins qui l’incitent à vouloir soigner la fracture de sa fille à grand renfort d’aspirine…
Mais les sœurs de Jean ne sont pas en reste, à commencer par Béné qui, avec sa mallette de petit chimiste, cherche à fabriquer de la nitroglycérine, sans que cela n'inquiète outre mesure sa mère… Et il y a cet étrange Herman au physique impressionnant mais qui apparaîtra bientôt aux yeux de Jean comme une sorte de héros, alors qu’il est recherché pour vol par les gendarmes des environs… Et Jean, bien sûr, un gamin curieux et attachant plein de vie et d’imagination que cette étrange aventure s’inscrivant dans la grande histoire va faire mûrir et grandir…
L’album est baigné d’une atmosphère tendre et irréelle, nous donnant à ressentir cette délicieuse et salutaire insouciance de l’enfance… Il faut dire que le dessin expressif de Valentin Maréchal, ancien étudiant de l’École supérieure des arts Saint-Luc, s’avère plein de vie et déborde d’énergie. Les personnages qu’il met en scène s’avèrent bien souvent irrésistibles et ses couleurs particulièrement douces distillent un sentiment diffus de nostalgie qui rend cet étrange récit d’aventure particulièrement touchant. Faussement sage et classique, son découpage s’avère au contraire particulièrement inventif, dynamisant le récit et faisant la part belle aux émotions…
Avec ce premier album, Maby et Valentin Maréchal font montre d’un indéniable talent de conteur pour l’un et d’une parfaite maîtrise graphique pour l’autre…
Fuyant la capitale et la guerre civile qui se profile, Jean, ses sœurs et sa mère débarquent dans le village de Couron en Bourgogne où ils possèdent une petite maison… En fouillant dans la chambre de sa mère, gaulliste cul de jatte au caractère bien trempé, le gamin trouve de faux papier, un pistolet et un message codé qui le persuade qu’elle est une espionne… C’est alors qu’un impressionnant géant poursuivit par les gendarmes va débarquer dans leur vie…
Débordant de vie et d’énergie, le dessin de Valentin Maréchal met en scène de façon particulièrement convaincante ce récit d’aventure iconoclaste plein de tendresse et de nostalgie concocté par Maby… Ce Garçon est un album particulièrement réussi dont nous vous recommandons chaudement la lecture…
- Réveille-toi Jean-Jean, c’est la guerre ! On fiche le camp !
- Où… Où ça ?
- En Beaujaulais.dialogue entre Jean et sa mère