Malcolm Max, dandy écossais initié par la loge « Custodes Lucis » et chasseur de dragons, vampires et autres créatures de la nuit forme un improbable duo avec Charisma Myskina, demi-vampire aussi belle qu’intelligente et impulsive…
Ensemble, ils vont tenter de mettre fin au projet Nigthfall qui verra un savant aigri lâcher sur Londres des humanoïdes mécaniques pour y semer la mort et la désolation… Mais cela ne se fera pas sans mal car deux peu perspicaces enquêteurs de Scotland Yard sont intimement persuadés que Malcolm Max et le Poète, un tueur sanguinaire qui a pour habitude de signer ses crimes par un texte en vers, ne sont qu’une seule et même personne… Pour corser le tout et faire de cette affaire un véritable et inextricable imbroglio, les fantômes des victimes du Poète ont laissé jusqu’à Minuit à Malcolm pour venger leur mort et empêcher Darkwoord, le Poète, de nuire, sans quoi il le feront passer de vie à trépas… ce qui ne l’enchante guère…
Pas sûr que le courageux enquêteur et son acolyte vampirique parviendront à mettre un terme aux sombres agissements de l’infâme Artful Leech, savant fou, dangereux sociopathe et, pour couronner le tout, misogyne, et de ses machines infernales et se sortir indemne de cette sombre et étrange aventure…
Avec ce troisième opus de
Malcolm Max se referme un premier cycle entraînant des aventures d’un chasseur de vampire et de son acolyte, une demi-vampire irrésistible et impulsive…
Peter Mennigen signe un scénario fascinant mêlant allégrement gothique, steampunk, vaudou, Frankenstein, Sherlock Holmes, Jack l’Eventreur, le tout teinté d’un humour jubilatoirement décalé distillé par des dialogues irrésistibles, iconoclastes et pince-sans-rire et de longs récitatifs qui ancrent le récit dans une veine littéraire. L’équilibre entre une trame scénaristique sombre et inquiétante et l’humour savoureux est tout juste parfait et est indéniablement l’un des grandes forces de cette série venue d’outre-Rhin.
L’improbable duo formé par Malcom Max et Charisma Myskina, respectivement chasseur de créatures de la nuit et demi-vampire, fonctionne à merveille et leurs attirances mutuelles, atténuées par une retenue toute britannique et des conventions qui jouent clairement contre eux, le rend plus savoureux encore. La plume nerveuse de Peter Mennigen tisse un récit choral riche et entraînant qui ne dépareillerait pas sur grand écran. L’alternance des séquences où Malcolm Max affronte Darkwoord tandis que Charisma Myskina lutte âprement avec le sinistre Artful Leech dans la Tour de Londres à quelques lieues de là fonctionne à merveille et rend leurs combats respectifs plus nerveux et épiques encore…
Le dessin de Ingo Römling est en parfaite osmose avec le scénario dynamique et foisonnant de son complice scénariste. Son trait semi-caricatural retranscrit bien la dichotomie de l’histoire, à la fois sombre et violente, et irrésistiblement drôle grâce à ses répliques savoureuses et ciselées. L’artiste allemand joue avec les codes du genre, conférant à ses personnages des poses délicieusement théâtrales pour souligner le comique de situation ou atténuer la violence d’une séquence, telle une esquive désinvolte pour échapper à une mort certaine ou l’attitude guindée de sa Majesté la Reine Victoria alors que le monde semble s’écrouler autour d’elle. Ce décalage apporte une note éminemment rafraichissante à l’ensemble, conférant à la série une coloration toute particulière.
Puisqu’on parle de couleur, soulignons que le travail de l’artiste, qui joue avec art des éclairages pour caractériser chaque séquence, est ici aussi de haute tenue, introduisant les éléments fantastiques avec finesse et efficacité… La profusion de dialogues délicieusement ampoulés en décalage avec l’action et de nombreux récitatifs oblige Ingo Römling à imaginer un découpage particulièrement fluide et dynamique… La double scène de combat épique mentionnée plus haut est mise en scène de façon incroyablement virevoltante, alternant les deux combats sur un rythme effréné sans que cela ne nuise aucunement à la fluidité de la lecture… du grand art !
Projet Nightfall clôture une somptueuse et jubilatoire trilogie à la confluence des genres, mêlant les ambiances de Sherlock Holmes, de Frankenstein, saupoudré de fantastique et de vaudou, le tout se déroulant dans une Londres délicieusement steampunk…
Confronté à l’imminence de la fin du monde provoquée par un dangereux sociopathe totalement fou et misogyne et créateur de monstres humanoïdes mécaniques, Malcolm Max et Charisma Myskina vont devoir affronter mille dangers pour sauver la Reine Victoria et l’Empire Britannique.
Le dessin semi-réaliste et les couleurs subtiles de Ingo Römling sont au diapason du scénario épique et romanesque de Peter Mennigen, le tout rehaussé de récitatifs ciselés et les dialogues subtilement décalés qui confèrent à cette série une coloration unique et jubilatoire…
On ne peut plus qu’espérer que les auteurs nous préparent une suite aux aventures de cet attachant et improbable tandem formé par cet enquêteur chasseur de vampire et son associée demi-vampire…
- Le garçon refuse de me parler des plans de Leech. Il ne me reste plus qu’une solution.
- Capituler ?
- Non, passer au plan B.
- Quel est ce plan B ? C’est vous très chère !dialogue entredialogue entre Malcolm Max et Charisma Myskina