Un soir, la paisible Hadleyburg, ville autoproclamée la plus honnête d’Amérique, reçoit la visite d’un mystérieux visiteur désireux de laver l’affront qui lui a été fait par ses habitants qui, trop imbus d’eux même, ont bafoué les règles les plus élémentaires de l’hospitalité à son encontre…
Fermement décidé à faire voler en éclat la réputation de probité de la ville, il va trouver l’un des notables de la ville et prétend avoir reçu l’aide d’un honnête citoyen lorsqu’il était sans le sous. Devenu depuis riche, il affirme éhontément vouloir récompenser ce généreux donateur en lui offrant un sac contenant 40000 dollars et une enveloppe à ne pas ouvrir… Ne connaissant pas le nom de son bienfaiteur, l’enveloppe contient une phrase prononcée par ce dernier et qui l’identifiera aux yeux de tous… En attendant qu’il se fasse connaître, sac et enveloppe devront être confiées au révérend d’Hadleyburg.
Petit à petit, cette somme mirobolante aller faire tourner bien des têtes et allait mettre à l’épreuve l’honnêteté proverbiale et la tranquillité de cette paisible bourgade alors que bien des notables allaient peu à peu affirmer qu’ils étaient le mystérieux donateur…
Connu pour avoir signé le scénario d’œuvres aussi diverses que
l’œil du Diable (dessiné par Tirso) ou
Big Bill est mort (avec Walther Taborda), voilà que Wander Antunes, désormais seul à la barre, se propose d’adapter une nouvelle de Marc Twain publiée en 1899 et assez peu connue sous nos latitudes :
The Man That Corrupted Hadleyburg… Bien que l’auteur en conserve l’ossature, l’adaptation en est assez libre, l’artiste brésilien s’amusant à faire de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn, personnages emblématiques de l’œuvre du romancier américain, les témoins de cette fable burlesque qui brosse un portrait au vitriol des contemporains de Marc Twain.
L’histoire est donc celle d’une vengeance… Un homme, humilié par les habitants de Hadleyburg qui se prétendent honnête décide de se venger, à la façon d’un Monte Cristo… Alors qu’il aurait pu se contenter d’assassiner ceux qui l’avaient blessé ou réduire la ville en cendre, il préfère frapper là où ça fait mal, enlever aux habitants ce qui fonde leur existence et leur réputation et démontrer leur insupportable hypocrisie en pointant leur avidité et leur manque criant d’honnêteté…
Le trait épuré de l’artiste évoque les dessins de presse qui illustraient les journaux de la fin du XIXeme siècle, bien que ses compositions restent résolument modernes, des cadrages en passant par le découpage.
Wander Antunes ancre ainsi le récit dans son époque tout en modernisant la narration pour le rendre accessible à nos contemporains. Sobre et élégante et joliment maquettée, la couverture est quant à elle particulièrement réussie, donnant d’emblée furieusement envie au chaland de lire l’album…
Désormais seul aux commandes, Wander Antunes adapte avec L'homme qui corrompit Hadleyburg une nouvelle de Marc Twain plutôt méconnue sous nos latitudes…
Librement adapté du roman éponyme, l’auteur brésilien fait de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn les témoins amusés du drame humain qui se joue dans ce récit qui porte un regard cynique et désabusé mais oh combien lucide sur notre humanité…
Ce faisant, il rend un hommage appuyé à l’œuvre de l’écrivain américain que son dessin épuré, son encrage généreux et ses couleurs élégantes retranscrivent avec audace et justesse…
Toute une année passée à préparer ma vengeance… Par le feu ? Oui, j’y ai pensé ! J’aimerai tant marcher sur tes cendres ou te voir décimer par un fléau biblique. Mais serait-ce suffisant Hadleyburg ? Non, le feu ne suffirait pas ! Pas plus qu’une épidémie ou une inondation ! Ni le feu, ni la peste, ni même un déluge… Je salirai ton honneur et montrerai ta vanité !! Gare à toi, Hadleyburg l’étranger