Alors que tout le monde s’apprête à fêter Noël avec leur famille et leurs amis, Ebenezer Scrooge, vieil usurier avare au cœur sec vivant dans une masure froide, triste et insalubre malgré sa fortune, vient de décliner vertement l’invitation de son neveu à fêter le réveillon en famille et d’être particulièrement désagréable avec son dévoué et fidèle employé, Bob Cratchit…

Alors qu’il s’apprêtait à passer Noël seul, comme à son habitude, le fantôme de Marley, son ancien associé, viens le mettre en garde : s’il ne change pas, il errera pour l’éternité à porter le poids de ses fautes. Trois esprits vont alors entraîner le vieil homme dans une folle et fantastique nuit où il sera le témoin de ses Noël passés, présents et à venir. Il prendra alors conscience du vieil homme solitaire et acariâtre qu’il est devenu au fil du temps…

Publié en décembre 1843 chez Chapman & Hall, Un Conte de Noël (A Christmas Carol en anglais) est le premier et sans doute le plus célèbre des contes de Charles Dickens, Ebenezer Scrooge comptant désormais comme la figure archétypale du vieil homme bougon et acariâtre qui allait être transformé par la magie de Noël… Ce n’est d’ailleurs pas la première fois, ni la dernière, que le conte est adapté en bande-dessinée : il l’a été en 2008 par le duo formé par Rodolphe et Estelle Meyrand et le sera sous peu par Jose Luis Munuera qui féminisera le personnage de Scrooge…

S’emparant de ce conte de Noël, Maxe L'Hermenier en conserve le découpage en cinq chapitres, un pour présenter l’apparition et la mise en garde de son ancien associé, trois pour les différentes époques : les Noëls heureux de sa jeunesse, les réveillons de son neveu et de Bob Cratchit où chacun va boire à sa santé, bien qu’il ne le mérite guère, sans oublier le Noël à venir ou, se voyant mort, il comprendra de l’impasse dans laquelle il s’est engagé durant toute ses années, oubliant de vivre par avarice et cupidité… Et un dernier chapitre, enfin, joyeux et lumineux, nous racontant la rédemption d’Ebenezer Scrooge…

Les dessins de l’album étant assuré par le fascinant Thomas Labourot, dessinateur des jubilatoires aventures arthuriennes d’Alienor Mandragore (sur un scénario de Séverine Gauthier), on pouvait légitimement s’attendre à un dessin somptueux distillant avec art cette magie et cette atmosphère fantastique qui baigne le conte originel… Et le fait est que ses planches sont de toutes beauté. Expressifs à souhait, chacun de ses personnages est campé avec soin, à commencer par Scrooge, tour à tour sombre, horripilant et détestable avant de devenir enthousiaste et enjoué, puis amer, désespéré et terrifié, avant que la magie de Noël ne réveille son âme endolorie… Inventif et généreux, le découpage de l’artiste s’avère particulièrement efficace et fluide, occupant parfois l’ensemble des deux pages pour de saisissants visuels de Londres sous la neige scintillant à l’éclairages des boutiques… Tout en légèreté, ses têtes de chapitre sont d’une rare élégance alors son trait délicat est sublimé par une mise en couleur fascinante qui participe à la féérie de l’ensemble… Du bien bel ouvrage en vérité !

S’attaquant à un classique des contes de Charles Dickens, Maxe L'Hermenier et Thomas Labourot en signe une formidable adaptation…

Le trait élégant du dessinateur d’Alienor Mandragore et ses somptueuses couleurs campent des personnages haut en couleurs, à commencer par ce vieux bougon d’Ebenezer Scrooge, trop occupé à s’enrichir et rabrouer ceux qui l’approche pour se rendre compte combien il est seul et triste… Mais, le soir du réveillon qu’il prévoyait de passer seul, comme à son habitude, les esprits des noëls passés, présent et à venir vont venir frapper à sa porte…

Un album fantastique et fascinant qui remet brillamment au goût du jour ce conte intemporel…

- Monsieur Scrooge ? Serait-il possible de mettre un peu de charbon dans l poële ? Il fait terriblement froid ?
- Si vous faites cela… Je vous renvoie sur le champ !
- Bin, bien… Monsieur Scrooge.dialogue entre Bob Cratchit et Ebenezer Scrooge