Comme bien souvent entre deux affaires, le grand Sherlock Holmes se laisse aller à la dépression. Inquiet, son ami et assistant le Docteur Watson, décide d’écrire à la sœur du détective, Enola Holmes, pour demander son aide. Malgré la fraîcheur et le dynamisme d’Enola, rien n’y fait…

C’est alors que Mrs Hudson introduit une jeune fille désespérée d’avoir appris par l’époux de sa sœur jumelle qu’elle venait de décéder. Mais elle reste persuadée qu’il n’en est rien et souhaite qu’on enquête sur cette étrange affaire… Enola a tôt fait de repérer les lacunes dans la lettre laconique du mari et les prémisses de cette affaire sortent Sherlock de sa torpeur…

Le frère et la sœur vont enquêter de concert sur cette étrange disparition, Sherlock ne se dépareillant pas de sa mauvaise humeur proverbiale…

Cela faisait trois longues années que nous étions sans nouvelles d’Enola Holmes, petite sœur du célèbre détective née sous la plume de l’autrice américaine Nancy Springer. Mais il faut dire qu’on a attendu ce septième roman très longtemps aussi ! Secondée par Lucie Arnoux au dessin, la talentueuse Serena Blasco nous entraîne une nouvelle fois et pour notre plus grand plaisir dans le Londres victorien qui sert de cadre à ce récit…

Une fois encore, l’élégante composition de la couverture et la qualité de l’édition attire notre attention. Le dessin de Lucie Arnoux et ses lumineuses couleurs étant l’un des charmes de cette adaptation. On retrouve d’ailleurs avec plaisir dans l’album l’envoûtant travail graphique de l’autrice. Son trait généreux met en scène des personnages expressifs et attachant alors que la douceur des couleurs et la richesse des teintes illuminent chacune de ses planches dont la composition fait montre de créativité pour servir au mieux son récit…

L’enquête proprement dite est particulièrement intéressante et ce d’autant plus qu’elle dépeint une époque et plus précisément la condition de la femme dans ce Londres de la fin du XIXe siècle. Femme que l’on pouvait faire enfermer dans un asile sur simple courrier et qui ne jouissait pas des mêmes droits que les hommes, témoin l’épisode où Enola souhaite louer une calèche et où son interlocuteur la juge non seulement incapable de le faire mais estime de plus inconvenant pour une femme de voyager seule ! Bien qu’adoucie par un dessin lumineux, la description des asiles de l’époque s’avère quant à elle aussi glaçante qu’édifiante…

Mais ce qui fait le charme et l’originalité de ce septième opus des enquêtes d’Enola Holmes, c’est la relation de cette dernière avec son frère et leur approche très différente de leur métier de détective. Certes, l’observation et la déduction occupe chez l’une comme chez l’autre une place centrale, mais, alors qu’Enola privilégie le facteur humain, se laissant aller à ses émotions, Sherlock s’avère plus froid dans son approche cartésienne et scientifique, comme le souligne la jubilatoire séquence où Holmes frère et sœur livrent leur constatation sur les prétendues cendres de la supposée défunte…

Trois années après le sixième tome, Enola Holmes reprend du service pour enquêter avec son frère sur l’étrange disparition d’une jeune femme…

On retrouve avec plaisir le dessin et les couleurs lumineuses de Lucie Arnoux qui met en scène et en images cette nouvelle enquête passionnante et joliment adaptée par Serena Blasco qui esquisse le portrait d’une époque et met en lumière la place qu’occupait la femme dans la société victorienne.

Alors qu’une honorable adaptation des romans de Nancy Springer est actuellement diffusée sur Netflix, cette adaptation en bande-dessinée s’avère encore et toujours de grande qualité… et, qui plus est, superbement éditée !

- Euh… Je pense qu’il va falloir les analyser. Je vois de petits éclats d’os blancs qui pourraient bien être des vestiges d’os. Je vois aussi…
- Bon sang, Enola ! On dirait une diseuse de bonne aventure avec sa boule de cristal ! Donnez-moi ça !dialogue entre Enola et Sherlock Holmes