Aléa Drumman se réveille une fois de plus en sueur à cause d’un cauchemar récurent où elle revit la mort du célèbre Edward Teach, alias Barbe Noire, qui n’est autre que son géniteur. Elle souhaite tuer en duel Robert Maynar, l’officier anglais qui commandait le navire anglais lorsque son père a été tué…

Mais, imbibé d’alcool, l’homme n’est pas de taille à l’affronter… Il lui révèle néanmoins que Barbe Noir n’est pas mort lors de l’abordage comme on le prétendait… Certes, il l’a décapité au cours de l’affrontement et sa tête fut exposée dans le port d’Hampton pour servir d’avertissement aux pirates… Avant de disparaître… Elle serait aujourd’hui entre les mains de John Rackham…

Dès lors, Aléa n’a plus qu’un désir : se faire engager dans l’équipage de Rackham pour connaître, coûte que coûte, le fin mot de l’histoire… C’est donc déguisée en mouse et accompagnée de Maynar qu’elle embarque à bord du navire du célèbre pirate, bien décidée à retrouver la tête de son père auquel on prête un ténébreux pouvoir…

Barbe Noire fait partie de ces pirates qui firent couler beaucoup de sang et d’encre… Le voilà donc une fois encore au centre d’un récit aventureux et violent teinté d’une pointe de fantastique sombre et inquiétant… Mais, comme le suggère la couverture par ailleurs joliment composée, il abandonne la vedette à sa fille, femme libre et indépendante désireuse de faire la lumière sur la non-mort de son pirate de père…

C’est sur une idée originale de Siamh et Looky que Dobbs a tissé cette histoire de piraterie menée sur un rythme endiablé… Trop endiablé peut-être… Les séquences se suivent, maquant d’un je ne sais quoi pour entraîner pleinement le lecteur à la suite d’Aléa Drumman. Et il en va de même pour les personnages qui manquent d’un peu d’épaisseur pour s’incarner, comme si l’histoire se trouvait être un peu à l’étroit dans les deux tomes impartis… On appréciera néanmoins la façon dont le fantastique s’immisce dans le récit, par petites touches tout d’abord, avant que n’apparaisse le pacte très faustien passé entre le célèbre et redouté pirate et un démon sorti d’on ne sait quel enfer…

Le cahier graphique inclus dans l’album donne la pleine mesure du talent d’illustratrice de Siamh à travers des travaux de recherches de personnage pour le moins convaincants : crayonnés, encrage et couleurs s’y avère somptueux… mais l’on ne retrouve pas l’énergie qui s’en dégage dans les planches de l’album. Est-ce la couleur qui, manquant un peu de relief, semble aplatir le dessin ?

S’appuyant sur une idée de Siamh et Looky, Dobbs a tissé un récit d’aventure entraînant se déroulant peu après la mort de Barbe Noire et mettant en scène sa fille, désireuse de faire la lumière sur les étranges événements l’entourant…

Ce premier opus est mené sur un rythme haletant, enchaînant les séquences sur un rythme endiablé et distillant cette atmosphère fantastique qui est l’un des charmes de l’histoire. Pour l’heure, les personnages manquent encore un peu d’épaisseur pour susciter une pleine et entière adhésion… mais gageons que les auteurs nous réservent bien des surprises avec ce récit de piraterie fantastique d’inspiration faustienne.

- Vous avez tué mon père avant que je ne puisse le rencontrer ! Voilà votre crime, Maynard !
- Faux ! Ton père est toujours en vie !
- Quoi ? Quel est ce mensonge ?!
- Je ne mens jamais Aléa Drumman ! Et je m’engage à te faire le récit des événements dans leur intégralité.dialogue entre Aléa Drumman et Robert Maynard