Après avoir caressé l’idée de prendre sa retraite, Arsène Lupin a repris du service et l’idée qu’un vieil alchimiste soit parvenu à percer le secret de la transmutation du plomb en or ne pouvait qu’attirer l’attention du gentlemen cambrioleur… D’autant que quelqu’un a eu l’outrecuidance d’usurper son identité !

C’est en endossant le rôle de Raoul d’Avenac, photographe, que Lupin allait mener l’enquête dans le très victorien manoir de Montessieux près de Tancarville… Après de mystérieuses disparitions, le commissaire Ganimard enquête sur les mystérieux évènements survenus au manoir et, pour avoir les coudées franches, il se fait passer pour Sherlock Holmes, ignorant que ce dernier le recherche depuis quatre années pour tuer celui qu’il considère comme son ennemi juré…

Alors que Lupin commence à démêler l’écheveau des mystères entourant le manoir et s’étonne de pouvoir retomber amoureux de Garance, la petite fille de l’alchimiste, Sherlock Holmes est en passe d’arriver sur les lieux, comptant bien confondre et tuer Lupin…


La confrontation entre le célèbre détective londonien et l’élégant gentleman cambrioleur ne date pas d’hier et Maurice Leblanc lui-même y avait déjà songé, même s’il avait dû modifier (peu subtilement il est vrai !) le nom du héros d’Arhur Conan Doyle en Herlock Sholmès pour des raisons de droits…

Mais ce n’est pas une adaptation que nous propose le talentueux Jérôme Félix mais bien un récit originel pour le moins audacieux… Et c’est peu dire que cette ultime confrontation entre ces deux héros emblématiques de la littérature feuilletonesque s’avère pour le moins captivante ! Le scénariste de l’Héritage du Diable ou de Jusqu’au dernier s’inscrit dans la droite ligne des récits de Maurice Leblanc, respectueux de l’univers comme du personnage sans que cela soit pour lui un carcan… Sa confrontation avec un Sherlock Holmes ravagé par la drogue et la dépression est absolument fascinante mais il ne m’appartient pas de lever le voile sur ce qui constitue le climax de l’album qui, non content de nous proposer une enquête pleine de surprises et de rebondissements, nous gratifie d’un twistaussi jubilatoire qu’inattendu… dont je ne vous révélerai rien, inutile d’insister…

Epuré et élégant, le dessin anguleux d’Alain Janolle, dessinateur de Nemesis ou de Fédération s’avère encore et toujours bougrement efficace, soulignant par des cadrages bien pensés l’aspect aventureux et rocambolesque de l’univers. Le travail sur la couverture est une fois encore remarquable, surtout que les deux tomes se complètent et se répondent de façon aussi pertinente qu’élégante…

Après son adaptation de l’Aiguille Creuse, Jérôme Félix se propose de nous raconter l’ultime confrontation entre Sherlock Holmes et Arsène Lupin, respectivement le plus grand détective et le plus grand monte-en-l’air de leur temps…

Plein d’audace et d’inventivité, son scénario s’articule autour de deux récits : le premier est une fascinante enquête policière pleine de charmes et de mystères qui nous entraîne un temps à la lisière séparant le réel du fantastique. La seconde est cette confrontation pleine de mordant et de charmes entre ces deux figures de la littérature du XIXe siècle. S’inscrivant pleinement dans l’univers rocambolesque et aventureux imaginé par Maurice Leblanc, le scénariste dépeint un Holmes empli de haine envers celui qu’il considère comme son ennemi juré… Mais les apparences sont bien souvent trompeuses…

Le dessin d’Alain Janolle porte avec élégance l’audacieux scénario de Jérôme Félix, posant le décor avec efficacité et animant des personnages particulièrement convaincant… Arsène Lupin contre Sherlock Holmes s’avère être un excellent dytique qui ravira les amateurs de ce héros fascinant et intemporel…

- Holmes ?
- Quatre ans à te chercher jour et nuit. Et voilà que je découvre que tu te fais passer pour moi, cici, à la Barre-y-va !
- Ganimard commençait à trouver Raoul d’Avenac un peu trop brillant et, et moi, je je déteste réduire mon intelligence. Du coup, j’ai dû improviser et c’est ton nom qui est venu en premier. Flatté j’espère ?
- J’ai tué ta femme et toi… Tu blagues ?!!
- L’envie de te faire payer ton crime me dévore l’âme à chaque instant… Mais Raymonde ne l’aurait pas voulu, alors j’occupe mon esprit à autre chose., dialogue entre Arsèn Lupin et Sherlock Holmes