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Une Révolution nommée Raspoutine
Une Révolution nommée Raspoutine



Fiche descriptive

Histoire

Hernán Migoya

Manolo Carot

Manolo Carot

Glénat

24x32

31 Mai 2023


15€50

9782344050132

Chronique
Une Révolution nommée Raspoutine
L’homme au-delà du mythe

Au cours de l'hiver 1916, dans une Russie en guerre, un homme étend de plus en plus son influence sur la famille royale : l'énigmatique Raspoutine. Homme de confiance de la tsarine Alexandra, celui que l'on surnomme le « Moine Fou » s'est déjà fait une réputation en raison de ses prétendus miracles et ses penchants dépravés. Il continue d'accueillir et de soigner les plus démunis dans sa résidence de Saint-Pétersbourg.

C'est au cours d'une de ces séances qu'il va recevoir une jeune fille, Alissa. La fillette, qui doute de ses pouvoirs surnaturels, connaît son influence et lui demande d'intervenir pour empêcher que son père ne soit déporté ! Intriguée par son intelligence fulgurante, Raspoutine fera tout pour l'aider. Mais pendant qu'il oeuvre à l'extérieur contre l'antisémitisme grandissant et la guerre qui affame la population, de sombres rumeurs circulent dans les couloirs du palais...

Raspoutine est devenu nuisible. L'aristocratie, mais aussi la droite ultranationaliste et l'Église orthodoxe veulent voir tomber ce fanatique idolâtré. Une conjuration menée par le prince Youssoupov se prépare !
un excellent album!


L’homme au-delà du mythe
Une Révolution nommée Raspoutine, planche de l'album © Glénat / Carot / MigoyaSaint-Petersburg, Automne 2016, Musée de l’Erotisme. Trois jeunes filles tombent en arrêt devant le bocal rempli de formol contenant le gigantesque phallus de Raspoutine… Ce nom n’évoque rien pour elle, ce qui ne manque pas de surprendre le gardien qui s’empresse de leur parler de cet homme qui a été une révolution à lui tout seul…

Avant la Révolution bolchévique, Raspoutine, surnommé le « Moine Fou », était un mystique haït tout autant qu’adulé. Pour avoir usé de ses pouvoirs pour soigner le jeune tsarévitch Alexis lors d’une crise d'hémophilie, il devint le protégé de la tsarine et avait ses entrées à la cour, provoquant soupçons et jalousies parmi les proches du Tsar… Considéré comme un saint par certains, comme un provocateur dépravé par d’autres, il s’applique à soulager les maux des plus pauvres…

Au cours d’une de ces séances, il va recevoir la visite d’Alissa, une intrigante gamine intelligente et impertinente qui doute de la réalité de ses pouvoirs surnaturels mais qui, percevant le bien en lui, lui demande d’user de son influence pour empêcher la déportation de son père…

Une Révolution nommée Raspoutine, planche de l'album © Glénat / Carot / MigoyaAlors que les bolcheviques ont tout intérêt à le laisser en vie de par le discrédit que son comportement fait peser sur le trône de Russie, l’aristocratie, les nationalistes et l’Eglise Orthodoxe veulent faire tomber ce fanatique idolâtré… Dans l’ombre, une conjuration menée par le prince Youssoupov prépare sa perte…


l’homme derrière la légende noire
Est-il un homme du peuple à la fois si célèbre et si méconnu que Raspoutine ? Âme d’année de la famille impériale de Russie ? Fou charismatique et mystique ? Moine priapique et débauché ? Hypnotiseur ? Manipulateur ? Prophète ? Guérisseur ? Charlatan ? Symbole de la déchéance morale de l’aristocratie russe ? Homme du peuple véritablement soucieux du sort des pauvres et des miséreux ? Tout cela à la fois ?

Sa légende noire a été écrite par ses détracteurs qui utilisèrent son image sulfureuse pour salir la Russie tsariste… mais le portrait qu’en dresse Hernán Migoya s’avère bien plus subtil et nuancé, nous donnant à voir l’homme derrière le mythe… la structure de son récit s’avère être audacieuse et pertinente : en l’amorçant dans le Musée de l’Erotisme de Saint-Petersburg, le scénariste pose les bases du personnages : oublié des jeunes générations, il a été réhabilité aux yeux de la population russe… Puis on remonte le temps et l’on retrouve ce personnage charismatique au regard pénétrant dans ses œuvres, attisant les haines ou suscitant l’admiration, sachant qu’il marchait inexorablement vers sa fin jusqu’à ce fameux assassinat, point d’orgue de l’album, qui fit couler plus encore d’encre que de sang, justifiant à lui seul la légende nimbant le personnage…

Une Révolution nommée Raspoutine, planche de l'album © Glénat / Carot / MigoyaPersonnage éminemment romanesque de son vivant, Raspoutine le fut plus encore dans sa mort qui sonna le glas de la Russie Tsariste, le massacre du Tsar et de sa famille à Ekaterinbourg ne suivant que de quelques mois l’assassinat de Raspoutine… Ce n’est pas étonnant qu’il ait inspiré dans de romanciers et de scénariste, à commencer par Hugo Pratt et son Raspoutine, dangereux et cruel compagnon d’aventure de Corto Maltese… Le personnage d’Alissa, gamine au caractère affirmé qui sait ce qu’elle veut renforce avec art la dramaturgie du récit, tissant un lien inattendu avec un auteur russe bien connu dont l’auteur suggère qu’il ait pu s’inspirer d’elle pour écrire son chef d’œuvre…

Ce récit fascinant nous immerge dans une Russie tsariste affaiblie par la guerre, rongée par la pauvreté et qu’une Révolution s’apprête à balayer… La superbe couverture retranscrit bien cette époque tumultueuse et agitée alors que des Révolutionnaires s’attaquent au pouvoir en place dans une scènes puissante dominée par la silhouette fantomatique d’un Raspoutine plus inquiétant que jamais. Il faut dire que le trop rare Manolo Carot est un artiste d’un talent fou… Témoin son sublime El Boxeador, fascinant album conceptuel réalisé avec l’impressionnant Rubén del Rincon, ou sa troublante et érotique Chute de Dante qui nous entraîne dans les affres de la création… Ses planches sont sublimées par ses aquarelles sombres et lumineuses qui esquissent un portrait subtil et nuancé d’un personnage aussi fascinant qu’énigmatique…

Une Révolution nommée Raspoutine, planche de l'album © Glénat / Carot / MigoyaLe scénariste de Pepe Carvalho s’empare du personnage de Raspoutine pour tisser un récit passionnant qui nous entraîne dans la Russie prérévolutionnaire alors que le régime tsariste vit ses dernières heures…

Adulé par certains pour le souci qu’il a de soulager les souffrances du peuple, exécré par d’autres qui jalouse l’influence qu’il exerce sur la famille impériale ou que ses frasques insupportent, Raspoutine se sait condamné… Dans l’ombre, alors que les révolutionnaires fourbissent leurs armes, un complot mené par le prince Youssoupov œuvre à sa perte…

Le trait élégant et les couleurs sombres et lumineuses de Manolo Carot servent remarquablement le récit de Hernán Migoya, scénario et dessins se complétant pour composer un portrait subtil et nuancé de Raspoutine, personnage sulfureux, fascinant, ambivalent et éminemment romanesque…


- Et toi, qui es-tu ?
- Qui que je sois, cela ne te regarde pas et n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est qui tu es, toi… Grigori Efimovitch, qu’on appelle Raspoutine, le Moine Fou ou encore le Christ en miniature. Un guérisseur qui pour moi, ou toute personne rationnelle, n’est rien d’autre qu’un charlatan, un escroc et un ivrogne doublé d’un coureur de jupons. Toutefois tu n’es pas sans qualité, chose étrange pour quelqu’un de ton espèce. Trois particulièrement m’intéressent…Un, tu n’as jamais tué personne, vertu insolite venant de quelqu’un ayant tant de pouvoir qu’il a les faveurs du Tsar. Deux, contrairement à ceux qui nous ont précipité dans l‘enfer de la Grande Guerre, toi, tu t’y opposes... Ce qui t’a valu la haine de la branche réactionnaire de la haute société, traditionnellement nationaliste et populiste. Trois, tu reçois chaque matin des dizaines d’habitants pour les aider dans leur peine sans rien attendre en retour… ou du moins en ce qui concerne les hommes. Tu fais même passer en premier les plus pauvres et défavorisés, juifs compris. Je dois t’avouer que c’est ce dernier point qui m’a poussé à m’adresser à toi.dialogue entre Raspoutine et Alissa
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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