Fiche descriptive Policier Makyo (adapté du roman de Nicolas Beuglet) Laval Ng Laval Ng Philéas 7 Septembre 2023 21€90
9782491467326 Chronique Le Cri Peur primale |
A l’appel du directeur de l’asile de Gaustad à quelques kilomètres d’Oslo, l'inspectrice Sarah Geringën et ses collègues viennent enquêter sur la mort étrange d’un patient qui se serait suicidé par strangulation… Mais en observant le corps retrouvé dans sa cellule, de nombreux éléments font tiquer l’inspectrice… Il y a tout d’abord ce chiffre, 488, gravé sur son front il y a vraisemblablement plusieurs années. Et son visage figé, un cri muet aux lèvres… Tout laisse à penser qu’il est mort de peur et des éléments semble indiquer que le corps a été déplacé. Comment et pourquoi cet homme dont on ignore jusqu’au nom est-il mort ? Mais lorsque Sarah Geringën met le directeur de l’asile face à ses contradictions, ce dernier préfère mettre le feu à son établissement avant de disparaître… Au fil de l’enquête, il apparait que d’étranges expériences ont été mené à Gaustad sur le patient 488… un dessin fascinant Avant même de découvrir ce polar oppressant, c’est d’abord le fascinant dessin de Laval Ng qui attire l’œil du chaland. Le dessinateur mauricien qui a fait ses premières armes sur le quatrième cycle de la Balade au Bout de Monde, captivante série au long cours scénarisée par un certain Pierre Makyo… Evoquant un film d’horreur, la couverture impressionne d’emblée… On y voit l’inspectrice Sarah Geringën au premier plan alors qu’on devine derrière elle la silhouette massive et imposante de l’asile et ce visage torturé et fantomatique entrain de pousser ce cri qu’on devine terrifiant et qui donne son nom à l’album… Changeant radicalement de technique et de style sur cet album, Laval Ng nous livre des planches somptueuses où la couleur fait partie prenante du dessin, posant avec art des ambiances inquiétantes voire carrément oppressante… Il s’en dégage quelque chose d’animal, de puissant et de profondément malsain… en parfait adéquation avec l’histoire…Car s’appuyant sur la science, l’intrigue nous entraîne dans les tréfonds de l’âme humeur à la recherche de la peur primordiale que des expériences contre nature qui ne sont qu’évoquées et dont on ne peut qu’imaginer l’horreur cherchent à faire remonter… Mais le personnage de l’enquêtrice contribue grandement à poser cette atmosphère si singulière qui plane sur l’album. Femme entière doté d’un caractère bien trempé, volontiers désagréable et froidement intimidante, elle ne répond presque jamais aux questions qu’on lui pose. Son passage dans les forces spéciales fait une combattante hors pair doté d’un sang-froid peu commun… Mais on sent que son attitude et sa volonté de ne tisser de liens affectifs avec personne est une manière de se protéger du monde qui l’entoure, comme si elle avait vécu un drame personnel qu’elle a enfoui sur une carapace d’apparente indifférence… dans le sillage des polars suédois Pierre Makyo s’est approprié le roman de Nicolas Beuglet pour en signer une adaptation à la fois fidèle et personnelle, nous entraînant dans un récit haletant et parfaitement maîtrisé même si la toute fin semble un brin abrupte… L’enquête est menée sur un rythme endiablé tant et si bien que, le mécanisme de page-turner fonctionnant plein tube, il est difficile de reposer le livre avant d’être arrivé à son terme. L’entrée dans la danse des services secrets américains, d’anciens agents russes, d’un ancien cobaye désireux de faire souffrir ceux qui lui ont infligé ces souffrances inimaginables annoncent un final apocalyptique dont personne ne devrait sortir totalement indemne… Et si l’action est au cœur de l’histoire avec des séquences à couper le souffle, elle se teinte aussi d’une pointe d’ésotérisme alors que les instigateurs de ces terribles recherches et de ces expériences inhumaines sont ramenés de force sur le devant de la scène… Difficile de ne pas songer à la trilogie Millenium de Stieg Larsson devant l’obstination de Sarah Geringën et du journalist français et la folie furieuse de certains protagonistes… Et puisqu’on parle de trilogie, on ne peut qu’espérer que Complot et L'Île du Diable qui forment, avec le Cri, la Trilogie Geringën feront eux aussi l’objet d’une adaptation…Le formidable travail de Laval Ng conjugué au savoir-faire de Pierre Makyo rendent cette adaptation du Cri, envoûtant thriller de Nicolas Beuglet, particulièrement efficace… Froidement professionnelle, l'inspectrice Sarah Geringën va enquêter sur le suicide d’un patient anonyme interné à l’asile de Gaustad et mettre à jour de sinistres expériences scientifiques amorcée il y a plusieurs décennies… On ne peut qu’être impressionné par le somptueux travail du dessinateur dont les compositions et les fascinantes couleurs posent avec art cette atmosphère oppressante, limite malsaine, qui baigne l’album… On ne peut qu’espérer que ce duo d’auteurs s’emparera des deux autres tomes de la Trilogie Geringën… - Où 488 était-il emmené chaque soir ? Qu’est-ce que vous lui faisiez subir ?
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