Alors que l’armée française est en débâcle et que la population est jetée sur les routes pour fuir l’avancée des allemands, Maklouf Benhamou et sa famille font route vers le château de Chambord à bord d’un camion. Originaire d’Algérie, passionné de culture et gardien au musée du Louvre, il a été chargé par Jacques Jaujard, conservateur du musée, de convoyer des chefs d’œuvre du Louvre pour les soustraire à la rapacité des nazis…

Alors qu’ils s’approchent, Benhamou et sa petite famille apprennent que le Général Pétain, fraîchement nommé vice-président du Conseil, vient de signer l’armistice avec les allemands. C’est donc dans une France occupée et bientôt coupée en deux par la ligne de démarcation que la famille va poursuivre sa route pour tenter de mettre les Rembrandt, Delacroix et autre de Vinci qu’ils transportent à l’abris…

Nombreux sont les récits qui nous raconte la guerre à hauteur d’une famille. Mais l’histoire du Héros du Louvre n’est pas ordinaire puisqu’elle s’inspire de faits réels et que le personnage principal n’est autre que le grand-père d’Élie Chouraqui, le fameux réalisateur, acteur et producteur… Son récit construit à partir des témoignages de sa famille s’inscrit ainsi dans la Grande Histoire tout en restant en marge des combats. Sans doute est-ce pour cela qu’on a l’impression d’entrer dans l’intimité d’une famille bousculée par la guerre…

Il faut dire que cet homme venu d’Algérie est devenu français de cœur, aimant la culture et les idées de ce pays d’adoption où tout semble possible… Il n’a pas conscience d’être un héros, malgré les risques bien réels qu’il court et fait courir à sa famille, tant il lui semble normal de rendre à la France une part de ce qu’elle lui a donné… La question de son engagement ne se pose même pas tant il est impensable pour lui de faire autrement… Son périple s’avère une fois encore particulièrement risqué car, en plus de devoir veiller au bon acheminement des œuvres dont il a la charge, Maklouf Benhamou et sa compagne vont avoir à gérer leur petite famille dans un pays en guerre, avec leur lot de péripéties, de drames et de larmes…

Assurant le dessin et la couleur, Letizia Depedri fait montre d’une certaine maîtrise graphique et narrative alors qu’elle signe avec ce Héros du Louvre sa toute première série. Son trait souple et généreux souligne avec force les émotions qui font que l’on s’attache tant à cette famille un peu fantasque. Certaines scènes sont particulièrement touchantes, telle celle, reprise sur la couverture, où monsieur Benhamou détruit le mur derrière lequel il avait caché certaines toiles pour ouvrir la caisse contenant le tableau où de Vinci a représenté Anne, Marie et Jésus jouant avec un mouton afin d’apaiser les maux de sa petite famille suite à un drame indicible et particulièrement cruel…

Second opus de la série, Le Jeu du silence nous jette sur les routes de France alors que l’Allemagne marche sur Paris et que Pétain s’apprête à signer l’armistice et la France à être partagée en deux par la ligne de démarcation.

Chargé par le conservateur du Louvre de mettre les plus beaux chefs d’œuvres du musée du Louvre à l’abri au Château de Chambord, Maklouf Benhamou a déjà fort à faire… Mais dans une France meurtrie par la guerre, il lui faudra en plus veiller sur sa petite famille…

Le dessin souple et généreux de Letizia Depedri met joliment en images ce récit plein d’humanité où Élie Chouraqui nous parle de son grand-père qui devint en héros alors même qu’il ne faisait pour lui que son devoir…

- C’est l’arrêt des combats, on n’a plus besoin de fuir. Je vais rentrer à Paris avec Maurice. Mes amis ont une voiture.
- Non.
- Quoi non ? Mais maman, si ! Je rentre s’il a besoin de moi, c’est mon mari.
- … Je suis là.
- Il est peut-être en danger et moi, alors que la guerre est finie, qu’il n’y a plus de raison d’avoir peur…
- Non ! Non… Ce n’est pas la fin, c’est le début. C’est maintenant que ça va être terrible. Les allemands… C’est une occupation, c’est…
- Mais tu as entendu Pétain ?
- Pétain est un vieux fou !dialogue entre Yvette et sa mère