Venu à Saint-Elme pour retrouver Arno Cavaliéri, Franck Sangaré a échappé de peu à la mort après avoir été séquestré et torturé par le Derviche dans les sous-sols de l’usine d’eau minérale appartenant à Roland Sax qui tenait jusque-là la ville en coupe réglée… Rattrapé par une patrouille de police, Franck est conduit à l’hôpital pour y être soigné…

C’est là que Philippe, son frère, appelée par Madame Dombre, l’assistante de Franck, va le retrouver avant de l’en extraire pour le mettre à l’abris…

Mais la mort de Roland Saxe assassiné par le Derviche sur ordre de son oligarque de beau-père pour avoir refusé de signer le projet que cherchait à lui imposer a poussé Gregor Mazur à venir en personne assister à l’enterrement de son beau-fils… Pendant ce temps, Paco emmène Romane dans la cabane de son pote où s’est réfugié Katyé après son enlèvement…

Avec Saint-Elme, Serge Lehman et Frederik Peeters ont créé un polar jubilatoire et violent à la saveur unique qui nous entraîne dans une ville thermale imaginaire où semblent s’être donné rendez-vous les personnages les plus barrés qui soient… Ajoutez à cela une atmosphère oppressante et limite malsaine et des éléments à la lisière du fantastique et vous obtenez un petit chef d’œuvre d’ores et déjà incontournable…

Avec ce quatrième et, hélas, avant-dernier opus, les auteurs s’en donnent une fois encore à cœur joie, pour notre plus grand plaisir ! De l’illustration à la colorisation, la couverture accroche à nouveau indéniablement le regard, avec cet espèce de derviche karatéka virevoltant dans une tempête de neige, le regard mi-haineux, mi-halluciné, le tout dans des teintes violettes interlopes… La folie furieuse de ce fils de bonne famille devenu drogué, assassin et homme de main de l’inquiétant Gregor Mazur va transparaître dans chacune de ses apparitions… Il faut dire que le bougre semble plus ou moins incontrôlable et son combat façon MMA est un sidérant déchaînement de violence… Avec son visage parcheminé et ses yeux terrifiants, son patron s’avère bien flippant lui aussi tandis que le rejeton mâle de feu Roland Saxe se montre quant à lui fidèle à lui-même et donc particulièrement désespérant en étant aussi immature qu’irresponsable et incompétent… Le scénariste de la Brigade Chimérique prend une nouvelle fois le lecteur à contre-pied, les charismatique frères Sangaré étant étrangement en retrait dans cet avant-dernier opus… Il est vrai que l’un d’eux, passé bien près de la mort, a peu de chance d’être opérationnel avant longtemps… Quoique, rien n’est moins sûr… Quant à lui, le mystère entourant la jeune et innocente (hum… pas forcément) Katyé se densifie plus encore…

Le dessin fascinant de Frederik Peeters fait encore une fois merveille… De ses cadrages virtuoses à son découpage percutant en passant par ses couleurs hallucinés mais en tous points fascinantes, sans oublier son encrage épais mais subtils, son remarquable travail sur les regards qui en disent parfois plus longs que les dialogues pourtant ciselés du scénariste, le soin apporté aux détails et sa formidable capacité à sonoriser ses planches et à rendre l’improbable plausible font de cette série une fascinante expérience graphique et narrative…

Ce quatrième et avant-dernier opus de Saint-Elme s’avère tout aussi déroutant et envoûtant que les trois premiers…

Porté par une galerie de personnages joyeusement décalés, charismatiques et totalement barrés, qui font le charme de la série, une ville surprenante riche en évènements inexplicables, une mafia familiale qui tient la ville en coupe réglée, des héritiers peu à même de reprendre le flambeau, deux détectives aussi dissemblables que talentueux ayant frôlé la mort, une gamine entourée de mystères, un derviche sous acide, une invasion de grenouilles, une gamine enlevée liée à un étrange pictogramme… c’est peu dire que cette série s’avère singulière !

Ce polar improbable et iconoclaste s’avère des plus fascinant, avec cette trame parfaitement orchestrée signée par un Serge Lehman comme de coutume très inspiré et un Frederik Peeters dont le dessin puissant et expressif et la colorisation fascinante subliment l’histoire… A un tome de la fin, il nous tarde de voir comment les auteurs vont refermer chacun des nombreux arcs narratifs qui forment l’une des séries les plus enthousiasmante de ces dernières années…

- Papi, le projet n’est pas signé. Je pensais que Jansky te l’avais dit.
- Aucune importance. Les statuts de la société ont prévu tous les cas d figure. N cas de décès du PDG , un conseil restreint peut nommer un remplaçant.
- Un conseil restreint ?!
- Jansky, Stan, toi et moi… A nous quatre, on détient la majorité des part.
- Et on va nommer qui ?
- Toi ma grande !dialogue entre Gregor Mazur et sa petite fille