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La Brute et le Divin
La Brute et le Divin



Fiche descriptive

Roman Graphique

Léonard Chemineau

Léonard Chemineau

Léonard Chemineau

Rue de Sèvres

22 novembre 2023


22€

9782810201068

Chronique
La Brute et le Divin
Prise de conscience

Eva, ingénieure dans une grande société, s'interroge sur le sens de son activité. Elle répond à une annonce concernant un poste sur une petite île déserte, perdue au milieu du Pacifique Sud.

Sur place, elle devra réparer une station météorologique et tester la vie en autarcie avec pour seul compagnon, sa chienne, Puce. Une fois arrivée, elle découvre un endroit à la beauté époustouflante. Son désir de nature est comblé, elle s'attelle à sa tâche et découvre une nature foisonnante et des fonds marins plein de vie. Sur l'île, en plus de ses travaux quotidiens, elle arpente son environnement et en explore tous les recoins.

Mais la vie en autonomie, sans aide, est-elle réellement possible ? Et un tel endroit, encore préservé, peut-il échapper à la convoitise de la société de consommation ? Va t-elle rester seule sur son île ? Jusqu'où Eva sera t-elle prête à aller pour défendre ses convictions, et sa propre vie ?
un chef d'oeuvre!


Prise de conscience
La Brute et le Divin, planche de l'album © Rue de Sèvres / ChemineauIngénieure brillante occupant un poste important au sein de son entreprise, Eva cherche à donner un sens à sa vie. Quand l’opportunité de travailler sur une petite île perdue au beau milieu du pacifique, à 4000 km du premier continent, elle n’hésite pas un instant : elle démissionne et part à l’autre bout du monde pour le compte du Ministère de la Transition Ecologique…

Sa mission : réparer et entretenir une station météo et tenter de vivre en autarcie en compagnie de Puce, sa chienne, et quelques poules… Là-bas, elle découvre un petit coin de paradis et une nature superbe et luxuriante, avec des fonds-marin tout juste époustouflants…

Mais les choses se gâtent rapidement : elle se blesse à la main, casse son téléphone et peine à faire pousser les plants de son potager, ses réserves d’eau et de nourriture s’épuisent et, pour couronner le tout, une violente tempête détruit en partie son installation… La Brute et le Divin, planche de l'album © Rue de Sèvres / ChemineauSauvé in extremis par l’équipage d’un navire d’exploration de la compagnie Alphamet, elle reprend ses activités…

Mais, peu à peu, elle comprend que la vie même sur cette petite île perdue est menacée par la présence de ses ingénieurs ne désirant qu’exploiter les ressources des fonds marins pour le compte de leur société prétendument écologique… Jusqu’où ira-t-elle pour vivre en accord avec ses convictions ?


la planète brûle et nous ne faisons rien…
Si Léonard Chemineau n’est pas un auteur prolifique, chacun de ses albums est un enchantement, qu’il en signe lui-même le scénario ou qu’il ne fasse que le dessiner… Il en va de même avec cet album dont le titre étrange et la couverture somptueuse attirent inévitablement…

L’auteur des amis de Pancho Villa, du Travailleur de la Nuit ou d’Edmond met en accord ses idées et son travail en ayant convaincu son éditeur de produire cet album avec un minimum d’impact sur l’environnement, ce qui ne fait que renforcer l’impact de son récit tout à la fois sublime et terrifiant, pessimiste et résolument optimiste…

La Brute et le Divin, planche de l'album © Rue de Sèvres / ChemineauL’épidémie de covid qui a frappé le monde a été pour beaucoup une prise de conscience, une réflexion en profondeur sur le sens de la vie et leur rôle au sein de la société… Remise en question de l’intérêt de leur travail, nécessité de renouer avec la nature et priorisation de ce qui a ou non de l’importance… Le personnage d’Eva semble être une sorte d’avatar féminin de l’auteur, lui-même ancien ingénieur spécialisée dans l’environnement et le développement durable… C’est dire s’il maîtrise son sujet… Son approche du récit s’en ressent, sa description d’un petit bout de terre préservé de la rapacité des hommes avant que l’industrie et le capitalisme, sous couvert d’écologie, ne viennent pour en épuiser les ressources, se souciant bien peu de l’environnement au regard des profits que pourraient engendrer l’exploitation de nouveaux gisements. La confrontation entre leurs aspirations et des idéaux d’Eva ne pouvaient que faire des étincelles… Jusqu’où doit-on aller pour défendre la vie ?

La Brute et le Divin, planche de l'album © Rue de Sèvres / ChemineauLa taille même de cet îlot perdu au milieu du pacifique n’est pas anecdotique : ses 1,7 hectares représentent la surface disponible par habitant si on ne veut pas épuiser les ressources de notre planète… Elle est aujourd’hui de 14,7 pour un habitant du Qatar, 12,8 pour un Luxembourgeois et de 4,6 pour un français… Cela donne à réfléchir sur « ce qu’il faut de terre à l’homme », pour reprendre un titre de Léon Tolstoï… Car au-delà même de l’histoire qui s’avère aussi passionnante qu’édifiante, c’est bien les questions qu’elle soulève qui en fait sa force, au-delà même du somptueux dessin qui nous donne à voir la fragile beauté du monde face aux tout puissants intérêts économiques, malgré le vernis écologique dont se parent sans vergogne ceux qui pillent la Terre, s’en s’accaparant les ressources et détruisant les écosystèmes… Sommes-nous vraiment impuissants face aux industries ou le nombre que nous sommes pourrait-il être un puissant levier pour changer les choses, quitte à se faire taxer d’écoterroristes par ceux qui nous gouvernent… Et quand on voit que la COP 28 s’st tenue à Dubaï et était présidé par un ponte de l’industrie pétrolière, on peut aisément comprendre que le changement ne dépend que de nous et de notre façon de nous engager au quotidien…

La Brute et le Divin, planche de l'album © Rue de Sèvres / ChemineauAvec la Brute et le Divin, Léonard Chemineau signe un album fascinant et salutaire qui aborde avec intelligence des problématiques écologique auxquels nous sommes confrontés à cause de notre mode vie et à la recherche outrancière du profit…

La crise du COVID a poussé Eva, brillante ingénieure, à remettre en question sa vie et à changer ses ordres de priorité. Après avoir démissionné et vendu une partie de ses biens, elle part en mission à l’autre bout du monde pour remettre en route une station météo sur une île perdue au milieu du pacifique… L’aspect paradisiaque et idyllique de l’île allait peu à peu s’estomper devant l’ampleur de sa tâche tandis que l’arrivé d’une équipe d’ingénieurs désirant exploiter les fonds-marins allait bouleverser son quotidien et son nouveau cadre de vie…

Porté par un dessin somptueux qui nous donne à voir la fragile beauté du monde, le scénario envoûtant et salutaire de l’album captive le lecteur et le pousse, tout comme Eva, à s’interroger sur son rapport au monde et à la nature, alors que la COP 28 se déroule sous l’égide d’un grand producteur de pétrole et où on taxe de terroriste les militants du climat…

La Brute et le Divin est un album puissant à lire et à faire lire au plus grand monde…


Un véritable aquarium, ma puce. Toutes les tailles de poissons ! On va se plaire ici, c’est exactement ce qu’on cherchait. Allez, maintenant… au boulot !Eva

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche n' est référencée comme inspi pour aucun jeux de rôle.