Paris, 1492. Le cœur de la cité bat au rythme de la fête des fous. Le Mystère préparé par Pierre Gringoire est délaissé par le public au profit de l’élection du Pape des Fous que Quasimodo, le difforme sonneur de Notre-Dame, remporte haut la main… Une gitane prénommée Esméralda danse sur le parvis du vénérable édifice. Sa beauté et ses mouvements sensuels troublent plus qu’ils ne le devraient l’archidiacre de la cathédrale qui demande à Quasimodo de l’enlever…

La belle est sauvée par une escouade d’archers commandées par le Capitaine de la Garde, le noble et beau Phoebus de Châteaupers, dont la gitane tombe éperdument amoureuse. Le pauvre bossu est condamné à être fouetté sur la place de grève après un jugement aussi injuste qu’expéditif. Lui qui venait d’être élu Pape des Fous subit les projectiles et les quolibets de la foule… Seule Esmeralda aura pitié de lui et lui donnera l’eau qu’il réclamait…

Une gitane amoureuse d’un Capitaine indigne de cet amour, un archidiacre bouleversé par la diabolique beauté d’Esmeralda, un bossu touché par la sollicitude de cette dernière… Les acteurs sont en place, le drame peut se jouer…

Après s’être attaqué avec le brio que l’on sait à l’adaptation du Dracula de Bram Stoker et du Frankenstein de Mary Shelley, deux fascinants romans épistolaire, Georges Bess nous propose une envoûtante adaptation d’un monument de la littérature : Notre-Dame de Paris.

Lorsque Victor Hugo publia son Notre Dame de Paris, la vielle dame n’était plus qu’une ruine que certains songeaient à abattre au nom de la modernité et son roman attira l’attention sur la vieille cathédrale, tant et si bien que s’en suivit une prise de conscience qui aboutit, près de quinze ans plus tard, à une loi pour sauvegarder le vénérable édifice…

Le talentueux Georges Bess est parvenu à conserver l’ossature du fascinant édifice narratif et à lui redonner sa fraîcheur et sa modernité, en soulignant avec art cet humour incongru apporté par le personnage de Pierre Gringoire, poète raté et désargenté qui allait rejoindre la Cour des Miracles… et même épouser la belle Esmeralda ! Ses réparties décalées apportent une touche d’humour et de légèreté à ce sombre récit tandis que ce personnage iconoclaste vient bousculer un peu le triangle formé par l’arrogant Phoebus, le corrompu Frollo et son fils adoptif, l’innocent Quasimodo… triangle au centre duquel se trouve, bien malgré elle, la belle Esmeralda… Gringoire incarne l’Ecrivain archétypal, témoin de son temps, qui rapporte les faits dont il fut le témoin, tout comme Frollo incarne l’Eglise, Phoebus l’Armée et Quasimodo le bas peuple… Mais force est de reconnaître que le personnage principal de l’histoire reste bien évidemment Notre-Dame de Paris que l’artiste met en scène avec maestria qu’on lui connaît…

Le travail tout en contraste de l’auteur est une fois encore admirable et son trait nous immerge dans un Paris médiéval fantasmé tout à la fois sombre et tourmenté… Ses décors sont somptueux, qu’il s’agisse de l’interlope cours des miracles, des fastes de la demeure gothique des Gondelaurier, des ruelles crasseuses ou des ponts de la capitale, sans oublier la somptueuses et labyrinthique Notre-Dame… Son interprétation graphique des personnages confère toute sa force à l’histoire, avec ce Frollo qui se fait de plus en plus cruel et inquiétant au fil de l’album, sombrant peu à peu dans la folie alors qu’il est déchiré entre son amour pour Dieu et sa passion dévorante pour la bohémienne; la belle et naïve Esmeralda qui se consume d’amour pour Phoebus, militaire arrogant qui pense que tout lui est dû et qui ne la mérite pas; Quasimodo, tout à la fois répugnant, terrifiant et bouleversant; et Gringoire, ridicule et touchant, qui défend sans vergogne les libertés et les droits des opprimés… Sans oublier Djali, la chèvre savante sur qui le poète reportera son affection, puisque son Esmeralda lui préfère le beau Phoebus…

L’artiste nous propose des compositions somptueuses où la lumière semble affronter les ténèbres dans un ballet sensuel et inquiétant. Son découpage inventif est indéniablement l’une des grandes forces de l’album et les pages de garde des livres qui sont autant de chapitres s’avère particulièrement somptueuses…

Après son somptueux Dracula et son terrifiant Frankenstein, Georges Bess nous propose une formidable adaptation du Notre-Dame de Paris de Victor Hugo…

Ses planches fascinantes, tout en contraste, nous immergent dans le Paris médiéval du XVe siècle et mettent en scènes la formidable galerie de personnages imaginés par l’auteur des Misérables ou de Quatrevingt-treize et dont chacun incarne qui l’Eglise, qui l’Armée, qui le Peuple, qui la Justice et qui l’Ecrivain, témoin de son siècle… On retrouve l’inquiétant Frollo déchiré entre son amour pour Dieu et sa passion dévorante pour Esmeralda, la belle et naïve bohémienne dont le cœur appartint d’ores et déjà à Phoebus, beau Capitaine arrogant et coureur de jupons, sans oublier le pauvre Quasimodo, tout à la fois terrifiant et bouleversant ou Pierre Grégoire, poète désargenté qui rejoindra la fameuse Cour des Miracles.

Fidèle à l’œuvre originelle, Georges Bess signe une remarquable adaptation du grand œuvre de Victor Hugo et, évoquant la vision dantesque de du tragique incendie qui ravagea Notre-Dame en avril 2019, le combat livré par Quasimodo à la fin de l’histoire rend le final plus poignant encore…

La jeune danseuse paraissait grande, tant sa taille était fine et s'élançait avec hardiesse... Elle était brune, avec de grands yeux noirs, des yeux qui lançaient des éclairs... Telle une créature surnaturelle, elle voltigeait, suscitant l'émerveillement de tous...Le narrateur