Ils étaient sept. Un échalas écuyer qui ne peut enlever son heaume, une redoutable archère aux yeux bleus, un nain belliqueux, une jeune sorcière flamboyante (littéralement), un perroquet séducteur compulsif, un chat plat, et un fier destrier blanc… Sept trépassés, sept ex-people qui aspirent à revenir à la vie et retrouver leur statut et leur intégrité physique…

Ils espéraient se racheter en payant leur obole à Dieu… Mais des moines leur annoncent que l’or ainsi donné se doit d’avoir été gagné honnêtement, ce qui est loin d’être le cas de leur trésor…

Tout est à refaire ! Mais, alors qu’ils pensaient avoir l’éternité de la mort pour ce faire, voilà que la blessure de l’archère se rouvre et menacent de l’emporter à nouveau… Un sentiment d’urgence va pousser nos interlopes pèlerins à se mêler d’une croisade en Terre Sainte, semant une sacrée pagaille sur le champ de bataille…

Avec ce second opus, Stephen Desberg achève son récit iconoclaste baignant dans une atmosphère étrangement décalée évoquant parfois celle du Holy Grail des Monty Python. Dieu et ses archanges s’y invite d’ailleurs en guest-star pour une scène particulièrement déjantée où nos valeureux ex-people qui, étant mort, n’ont plus grand-chose à perdre, le mettent face à ses responsabilités…

Au fil des chapitres, les personnages continuent de dévoiler leur triste histoire et les circonstances de leur mort tragique tandis que l’écuyer et la belle archère se rapprochent inexorablement, l’amour rendant la blessure inguérissable dont souffre cette dernière plus dramatique encore… Chacun de ces courts récits est comme un petit conte à part entière où le scénariste s’amuse des usages, des croyances et de l’obscurantisme qu’on prête à cette époque médiévale… S’enchâssant dans le récit principal tout au long du diptyque, ces récit, rehaussé d’éléments fantastiques, confèrent à l’ensemble les atours du conte philosophique qui voit sept personnages aussi surprenants qu’azimutés unir leurs étranges talents (qui sont bien souvent des travers !) pour servir une juste cause : l’amour… Certaines séquences sont vraiment jubilatoire, telle celle où nos sept damnés discutent avec un prêtre de la nature du mal ou cette autre où ils plaident leur cause auprès du Très Haut…

Le dessin de Alexander Utkin est une petite merveille d’originalité. Son trait singulier déborde d’une énergie revigorante et confère à ses planche un dynamisme saisissant… L’apparence de chacun de ses personnages souligne son caractère bien trempé qui infuse les dialogues percutants que le scénariste semble avoir pris un plaisir certain à écrire. Les couleurs si particulières de l’artiste russe nimbent ses paysages d’une lumière somptueuses et irréelle qui sied parfaitement à cet improbable mais entraînant récit.

Un an et demi après la publication du premier opus, Stephen Desberg et Alexander Utkin concluent leur fascinant récit faussement médiéval aux allures de contes philosophique joyeusement déjanté…

On retrouve donc nos sept défunts qui furent des gens plus ou moins importants avant de trépasser dans de dramatiques et funestes circonstances. Ils se sont lancés dans une folle quête pour recouvrer leur vie d’avant… Mais cette dernière s’avère bien plus alambiquée qu’il n’y paraissait et, alors que l’une des leurs voit une blessure ancienne se rouvrir, un sentiment d’urgence va les pousser à se mêler à l’ultime croisade des chrétiens en Terre-Sainte, bouleversant quelque peu le cours de l’Histoire…

La délicieuse alchimie existant entre le fascinant dessin d’Alexander Utkin et la fable médiévale irrésistible et iconoclaste de Stephen Desberg est l’une des grandes forces de l’album.

- Cette notion d’honnêteté est tellement sélective, voir réductrice ! Et cux qui nous ont en quelque sorte tué ? Ils peuvnt jouir de leur mauvais argent comme ils l’entendent sans être punis ?
- C’est tellement injuste.
- Le point de vue petit-bourgeois de cette sémantique morale est tout à fait consternant.
- Je pense que nous devrions engager un prêtre. Quelqu’un qui nous aiderait à définir exactement le bien et le mal…- dialogue entre